C'est la plus grosse prise effectuée depuis que l'exploitation du corail est officiellement suspendue dans le secteur d'El Kala. Les saisies de corail brut à El Kala, qu'elles soient le fait de la police, de la gendarmerie, des douanes ou des gardes-côtes, se suivent et se ressemblent depuis octobre 2000 au rythme de une à deux par mois.
Les prises dépassaient rarement les 5 kg. Cette fois-ci, les enquêteurs de la gendarmerie d'El Kala ont découvert 132 kg lors d'une perquisition dans un domicile dans le lotissement des Crêtes. Ils y ont également découvert la somme de 45 000 euros. Ce qui prouve les liens entre le pillage du corail et les réseaux interlopes qui opèrent dans la région. Deux personnes ont été arrêtées le 21 janvier dernier et présentées mercredi 24 devant le procureur qui en a écroué une et placé l'autre sous contrôle judiciaire. Notre source, digne de foi, nous indique encore que la personne placée sous mandat de dépôt est un récidiviste arrêté pour le même délit il y a un an jour pour jour. On l'avait trouvé en possession de 38 kg de corail brut planqués dans son domicile. Il a retrouvé la liberté après son jugement en appel à Annaba, ce qui explique, c'est de notoriété publique, l'issue définitive pour les affaires de corail où sont impliqués « les grossistes ».Toujours selon notre source, le montant total de la saisie, y compris l'embarcation qui a servi à la récolte, s'élève à 16 millions de dinars. On est un peu surpris par cette prise, parce qu'elle est relativement plus importante mais, en fait, elle ne représente rien comparée aux quantités qui sont pêchées chaque jour et qui, à leur tour, ne sont qu'une infime partie de ce qui est arraché aux rochers et définitivement perdu dans les fonds.A El Kala, on dit que tout le monde « s'est mis au corail ». Et ce n'est pas tout à fait faux, puisqu'on n'hésite plus à exhiber ostensiblement la richesse que procure cette activité. Une barque avec hors bord, un bout de rail, quelques rets, un GPS et le tour est joué. Ça rapporte gros, vite et finalement sans grand risque si on reste discret, si on respecte les règles du milieu, et si on ne bouscule pas les autres en n'ayant pas trop d'appétit. Contrairement à l'idée répandue, il n'y a pas que de jeunes dés'uvrés qui s'adonnent au pillage. Le corail étant assimilé, par l'absence totale de l'Etat, au beylek, des gens un peu plus âgés et fortunés, parmi lesquels on compte quelques femmes, ont flairé le filon. Agissant dans l'ombre, ils financent « l'équipement » aux jeunes moyennant une ristourne régalienne. Pour les professionnels de la pêche, qui se plaignent de la destruction des récifs qui sont les habitats des espèces qu'ils pêchent et de plus en plus rares, disent-ils, tout ceci - le pillage, la drogue et l'alcool - ne serait pas arrivé si le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques avait pris le soin de réfléchir soigneusement aux conséquences du retrait systématique des concessionnaires qui auraient pu continuer à assurer une forme de gardiennage à moindre frais pour l'Etat. « C'est presque normal que les gens se jettent sur une richesse qui a été laissée sans propriétaire, on les a pratiquement invités à le faire. »
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Posté Le : 29/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Slim Sadki
Source : www.elwatan.com