«J'aime Fatima comme j'aime le pain.» C'est écrit sur un mur de briques rouges grossièrement bétonné. Rien n'indique que l'endroit se trouve en Algérie mais, allez savoir pourquoi, on le devine. Mieux, on le sait, naturellement, spontanément... évidemment. Sans doute parce qu'il n'y a qu'en Algérie qu'on fait des murs comme ça. Et d'autres murs encore qui inspirent tout sauf l'amour. Les murs qu'on squatte en les calant du dos pour «ne pas qu'ils tombent». Les murs entre la parole et les mots, les murs entre les yeux et le regard, les murs entre le regard et l'horizon, les murs entre les filles et les garçons. Qui c'est qui a écrit ça à la peinture noire, avec les lettres d'école à l'ancienne que personne n'utilise plus, que plus aucune main ne sait dessiner ' Et puis ce c?ur traversé par une flèche qu'on croyait désuet, anachronique, dérisoire ou puérile selon les inspirations. On le croyait mort de vieillesse et désintégré mais il arrive qu'il revienne. «Déconne pas, Manu, tu vas pas te couper les veines»... Renaud a vieilli, il a même «embrassé un flic». Mais «j'aime Fatima comme j'aime le pain», écrit sur un mur de briques rouges comme on n'en élève qu'en Algérie, c'est toujours touchant. Celui qui a écrit ça ne connaît pas - ou connaît trop, allez savoir - le poème de Darwich chanté par Khalifé «je t'aime comme aiment les caravanes une oasis d'herbe et d'eau, je t'aime comme aime le pauvre la galette...». Parce que dans le poème, les pauvres aiment aussi. Les bêtes aussi, paraît-il. Qui est Fatima ' On ne sait pas mais on sait qu'il y a quelqu'un qui l'aime comme il aime le pain. Qui c'est, celui-là ' On ne sait pas, on ne le saura jamais. Les amoureux retournent vers les endroits de la première fois, pas sur les lieux de leurs aveux pour mémoire. Hier, c'était la Saint Valentin. En amour comme ailleurs, il n'y a pas que les murs dans la vie, ma s?ur, il n'y a pas que des briques rouges de l'encre noire et du street art avant l'heure. Hier, c'était la Saint Valentin. Il y avait des filles qui n'ont pas demandé la lune et pour cause, elles ont seulement demandé qu'on leur épargne l'horreur des roses en plastique. Il y en a qui voulaient un restaurant mais il n'y a pas de restaurant. Il y a eu des hommes à déployer des trésors d'imagination pour émouvoir leurs compagnes. Il y a eu des filles un peu trop sceptiques et des garçons franchement nuls. Hier, c'était la Saint Valentin et contrairement à ce qu'on pourrait croire, il y a de l'amour dans le ciel. Il y a toujours de l'amour, malgré le doute et quelques raisons de désespérer. Il y en a mille autres d'y croire. Vous savez pourquoi ' Hocine, alias Sidi Bémol, vous répond : il n'y a rien de mieux que l'amour !S. L.
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Posté Le : 15/02/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com