Algérie

Saïed veut amender la Constitution en Tunisie



Selon le conseiller du président tunisien, Walid Hajjem, Kaïs Saïed veut passer du régime parlementaire au régime présidentiel, suscitant la polémique dans une Tunisie qui attend toujours la formation d'un nouveau gouvernement et le dégel de l'activité du Parlement.Le président tunisien, Kaïs Saïed, a fait part de son intention d'amender l'actuelle Constitution tunisienne, lors d'une sortie inopinée sur l'avenue Habib-Bourguiba samedi. Dans une déclaration à la télévision tunisienne Wataniya et la chaîne d'information émiratie Sky News Arabia, M. Saïed a affirmé : "Je respecte pleinement la Constitution, mais des amendements peuvent être apportés au texte." Saïed estime que "les Constitutions ne sont pas éternelles et que des amendements peuvent y être opérés pour répondre aux aspirations du peuple tunisien, car la souveraineté est pour le peuple".
Selon le conseiller du président tunisien, Walid Hajjem, Kaïs Saïed veut passer du régime parlementaire au régime présidentiel, suscitant la polémique dans une Tunisie qui attend toujours la formation d'un nouveau gouvernement et le dégel de l'activité du Parlement. Le président a promis la formation prochaine d'un nouveau gouvernement - en remplacement de celui de Hichem Mechichi qu'il a limogé - et a procédé à la suspension du Parlement dirigé par le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi, après des mois de blocage politique dans le pays.
Réagissant à cette annonce, des députés tunisiens, des militants associatifs et des membres de la société civile ont lancé une pétition dans laquelle ils s'opposent au projet du président Saïed, a rapporté la presse tunisienne, réaffirmant leur attachement à la Constitution de 2014, issue de la Révolution de 2010/2011 et ayant conduit à la chute de l'ancien régime de Zine al-Abidine Ben Ali. Cette pétition dénonce ce que ses initiateurs qualifient de "poursuite du coup d'Etat" contre la légitimité populaire, rapporte encore la presse locale. Ennahdha a aussi dénoncé la suspension de l'actuelle Constitution, dans un communiqué rendu public samedi soir.
D'autres partis politiques ont appelé, chacun de son côté, le président de la République à renoncer à sa politique et à organiser des élections législatives anticipées dans les meilleurs délais, dans une Tunisie en double crise économique et sanitaire. La puissante centrale syndicale, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a appelé, elle aussi, à la tenue de nouvelles législatives pour sortir le pays de l'impasse. Le parti Al-Djoumhouri a appelé, pour sa part, Kaïes Saïed, à mette fin à l'état d'exception qui a paralysé les institutions du pays depuis plus de cinquante jours. Théoricien du droit et enseignant, Kaïs Saïed se présente depuis son élection surprise à une ample majorité fin 2019 comme l'interprète ultime de la Constitution.
Il s'est appuyé sur son article 80 qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de "péril imminent" à la sécurité nationale, pour justifier les décisions prises il y a plus d'un mois et demi. Nombre de Tunisiens les ont accueillies avec enthousiasme car, exaspérés par leur classe politique, ils attendent des actes forts contre la corruption et l'impunité dans un pays en graves difficultés sociales et économiques. Mais opposants, partis politiques, magistrats et avocats ont dit craindre une "dérive autoritaire".

Lyès Menacer


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