Hammam Rabi menacé de disparition
Classée source thermale d’intérêt national et protégée par décret exécutif N°67/69 du 19 février 2007, la paradisiaque station de Hammam Rabi, à 20km de Saïda sur la route d’Oran, risque de disparaître parce que ses eaux curatives sont pompées illicitement et en toute impunité par les agriculteurs des exploitations riveraines.
Pourtant, la zone de la nappe thermale est supposée être protégée par la même loi qui stipule dans son art.16, «l’institution autour des sources thermales, déclarées d’intérêt national, d’un périmètre sanitaire de protection, à l’intérieur duquel est interdite ou réglementée toute activité susceptible de porter atteinte à la conservation qualitative des eaux». Tout comme dans son art.18, il est stipulé que «tout sondage ou fort travail souterrain ne peut être pratiqué, dans les périmètres de protection d’une source déclarée d’intérêt public, que sur autorisation express des services compétents». En l’absence d’un contrôle rigoureux des services compétents, les fellahs riverains ont procédé sans autorisation à 4 forages, dans le périmètre interdit, pour irriguer leurs cultures maraîchères. Ces forages ont eu un impact négatif sur le débit de la source principale alimentant la station thermale de Hammam Rabi. Son débit est passé, nous dit-on, de 6L/S à 2L/S, d’où la menace caractérisée sur son activité thermale.
Le pillage s’est traduit négativement sur l’activité économique de la station et sur son rendement, passé de 12 heures à 08 heures/jour et parfois moins. Ce qui fait dire aux gestionnaires de la station et aux représentants des travailleurs: «Nous ne pouvons plus satisfaire notre clientèle à cause du faible débit de la source. Dans ce cas, si aucune décision ferme n’est prise pour faire face à cette situation alarmante, le tarissement de la source nous obligera à fermer nos portes. Du coup, ce sont 70 employés qui seront mis sur le pavé, sans oublier l’impact socio-économique de cette station pour toute la région, où plusieurs activités commerciales sont créées autour d’elle.»
Gérée depuis le 02 mars 2003 par l’EGT Tlemcen, qui aura consenti d’énormes moyens financiers à sa rénovation, à sa réhabilitation et à son équipement, la station thermale de Hammam Rabi s’est taillée une réputation nationale de lieu privilégié pour le repos, la détente et la remise en forme, que lui accordent volontiers son site accueillant dans un micro-climat tempéré. Son taux de médicalisation fait d’elle l’une des stations les plus enviées à travers le territoire national, car elle est fréquentée par des centaines de milliers de visiteurs et autres curistes annuellement. On rappelle déjà qu’en 1990, la source s’était complètement tarie, obligeant ainsi la station à fermer ses portes. Il aura fallu l’intervention énergique des autorités locales, pour procéder à la fermeture des forages sus-évoqués. Malheureusement, nous avons constaté sur le terrain, que les fellahs continuent de pomper l’eau minérale parce que ces forages n’ont pas été colmatés définitivement. Les responsables de l’Hydraulique y ont juste posé des dalles en béton, choses que les fellahs n’ont aucune peine à enlever pour pomper l’eau et les remettre en place, sitôt l’usage terminé. De même que l’EGTT a engagé de gros investissements pour la mise à niveau de cette station, si cette situation perdure, les nouvelles infrastructures ne pourront jamais voir le jour, en raison des pertes de revenus, engendrées par le manque d’eau». L’enquête menée sur le terrain, a permis de nous éclairer sur le fond de cet épineux problème. En effet, les quelques fellahs qui opèrent encore dans la périmètre, n’ont jamais obtenu d’autorisation de fonçage de puits. Ce qui est confirmé par les responsables de l’Hydraulique de Saïda, qui précisent: «Dans les années 90, un arrêt du wali interdisait tout fonçage dans un rayon de 100km autour de la station. Ceux qui ont réalisé ces forages n’ont en vérité qu’une autorisation de fonçage de puits ne dépassant guère les 15 mètres de profondeur. Or, ces derniers ont détourné cette dérogation à leur avantage, en procédant à des forages.»
Toujours est-il qu’actuellement, la station thermale ne tourne plus qu’à 40% de ses capacités réelles et accueille 350 curistes/jour, soit 3 fois moins que par le passé. Les grosses pertes de revenus générées ainsi empêchent l’entreprise de prodiguer ses soins à de nouveaux curistes. En attendant, si aucune décision n’est prise à temps par les autorités de la wilaya de Saïda, c’est tout ce site magique, qui va disparaître et avec lui une station thermale de réputation séculaire, qui a largement dépassé nos frontières.
Â
B. Soufi
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/04/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com