Peu avant que ne retentit la cloche de l'école
primaire, un petit collecteur-ramasseur de pain
rassis, probablement inspiré par la bande-annonce d'un western du siècle
dernier, tirait à longues aspirations sur le mégot de cigarette trouvé par
terre encore fumant, à la cadence de son ânon mal bâté. L'insouciant enfant
atteignait à peine la hauteur de sa bête et s'amusait déjà à vicier ses poumons,
le mégot collé à la lèvre inférieure, un Lucky Luck
de son temps. « Leurré par l'ignorance », dira un malade en quête de soins et
attendant l'ouverture de la polyclinique jouxtant l'établissement scolaire, en
ce matin du 31 mai.
D'autres patients, pour la plupart des
insuffisants respiratoires victimes du tabac, s'agglutinent devant cette
structure de proximité. Aspirant profondément l'essence au bout incandescent, le
petit se donnait une contenance qui contrastait avec sa frêle corpulence, surmontée
d'une tête nue « aussi grosse que sa bêtise de fumeur précoce en quête
d'émancipation », dira un vieillard secoué par des toussotements saccadés dus à
une poitrine éprouvée par une consommation excessive de tabac. «Le petit ignore
les méfaits de la cigarette, de surcroît déjà consumée par un consommateur au
bout de ses peines pneumologiques sans doute», ajoute le sexagénaire, qui ne se
prive pas de héler le leurré pour le mettre en garde contre la cigarette. «L'enfance
ne doit en aucun cas s'exposer au tabac et hypothéquer son avenir», poursuivra-t-il.
Mais le fumeur ignore les conseils de son aîné. «Il me semble que nos bronches
ressemblent aux canaux usés de l'assainissement», explique le grand au berné. Indifférent
à la schématisation alarmante, il se précipite sur une cigarette jetée par
dépit par un adolescent ayant écouté la voie de la sagesse et de la prévention.
«Mon fils, le tabac tue», répète-t-il à l'insouciant. Au centre-ville, l'établissement
public de santé de proximité organise des portes ouvertes sur les dangers du
tabagisme, alors que les SMA initient une conférence sur le thème, animée par
des psychologues de la DAS.
La journée sans tabac et la journée de
l'enfance procurent des occasions à notre jeunesse pour se ressourcer aux
vertus d'un corps sain et s'éloigner des vices d'un esprit taré par l'un des
fléaux qui la guette au quotidien.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Kherbache
Source : www.lequotidien-oran.com