Saïda est loin et la machine est chère

Hauts-Plateaux mais bas instincts, des supporters allumés de Saïda déferlent sur le terrain pour attaquer à coups de couteau l'équipe de football algéroise invitée. Au niveau de l'accueil et de l'hospitalité, qualité autrefois remarquable dans ces zones semi-arides où les hommes ont une tête de pierre mais un c'ur de blé tendre, il y a certainement mieux. Des hospitalisations plus tard, quelques timides sanctions tombent comme si la violence faisait partie du jeu, et la vie dans cette lointaine contrée reprend son cours, tel un oued mort dans un lit sec. Jusqu'à avant-hier où, selon la presse, un camion transportant 5 tonnes de kif est arrêté à Saïda ; selon la gendarmerie, il se dirigeait vers le Sahel. Le Sahel ' La destination et la cargaison appellent plusieurs questions. Y a-t-il un rapport entre le football au couteau et la relaxation par la fumée '
Pourquoi Saïda aiderait-elle l'Azawad à s'approvisionner en drogues douces alors que les Touareg ont a priori plus besoin d'armes dures et lourdes ' La première lecture penche vers un genre de solidarité de conflits, Saïda aidant l'Azawad pour qu'à son tour, le prochain match à Saïda soit épaulé par les troupes du MNLA avec automitrailleuses et Toyota Station, pour passer à autre chose que les couteaux. Ou ne se décident, surarmés, d'envahir Alger et l'USMA. La seconde lecture, plus sérieuse, est que tout le monde fait à peu près n'importe quoi, les supporters, le ministère des Sports, la Ligue de football et les revendeurs de drogue. Car en réalité, c'est Alger qui devrait envoyer du kif à Saïda pour calmer ses allumés et Saïda envoyer des commandos de supporters dans l'Azawad pour libérer les otages algériens avec lesquels Alger avoue n'avoir plus aucun contact. Mais Alger a-t-elle un contact avec quelqu'un ' Saïda est loin et la machine est chère, chantait cheikha Rimitti, la fille de Saïda. Gao et Tombouctou aussi.