L’annexe du musée Kotama de Jijel a accueilli, lundi, l’écrivain Saïb Khatibi, dans le cadre du Café littéraire organisé mensuellement par l’Espace culturel Ménia. Saïd Khatibi, qui vit depuis des années en Bosnie-Herzégovine, est venu présenter son livre Hatab Sarajevo (Le bois de Sarajevo) paru aux éditions El Ikhtilef, mais aussi à celles de Difaf, à Beyrouth.
L’auteur a fait la présentation avant d’ouvrir un riche débat avec les présents. Les faits se déroulent à Sarajevo la martyre, qui fut aussi le théâtre de l’étincelle à l’origine de la Première Guerre mondiale, avec l’assassinat du prince François Ferdinand d’Autriche et son épouse.
Une guerre qui a vu la participation de djihadistes algériens pendant que l’Algérie elle-même allait sombrer dans la sienne. Par contre, pour cette dernière, indiquera-t-il lors du débat, «on ne s’est même pas entendus encore sur sa qualification : noire, rouge, civile… ?»
Il parlera de cette solidarité avec les Bosniaques, «aidés et soutenus par les Turcs» pour le seul fait qu’ils sont musulmans. Il affirmera qu’on «s’est solidarisé avec les Bosniaques en dénonçant une guerre de Croisades, etc., Mais les musulmans en Bosnie ont commis des massacres qu’un être humain ne peut qualifier.
Quel est cet islam qui autorise ces atrocités ?», semblait-il interroger. Si les Algériens se sont intéressés à la guerre de Bosnie, par contre, dira-t-il, ils n’ont pas vu son islam tolérant, où l’homme et la femme prient ensemble dans la mosquée.
Il révélera que les aides alimentaires envoyées par les Turcs, qui ont soutenu cette guerre contre les Serbes, portaient une inscription appelant à ne pas les distribuer aux non-musulmans ! Les personnages de ce roman sont principalement un journaliste algérien et une Bosniaque qui s’établit en Slovénie pour réaliser son rêve dans le théâtre. C’est la rencontre de deux drames, de deux vécus, mais aussi les affres de deux guerres.
L’auteur a commencé sa quête avec la découverte de la chronologie des événements en Bosnie-Herzégovine et la liste des victimes et leurs origines, dont bien sûr des Algériens. «C’est le contraire qu’on trouve», et de regretter qu’on ait «les noms et l’identité des émirs, des terroristes, mais pas celles des victimes – mis à part quelques-unes – qui restent méconnues».
Par contre, dans son livre, il dira avoir plutôt parlé des victimes, alors que le terroriste est maintenu dans l’anonymat. Il regrettera que cette histoire contemporaine de notre pays ne soit pas encore écrite, alors qu’ailleurs des dizaines de livres ont été consacrés à cette période.
Saïd Khatibi, qui a eu à travailler comme journaliste, sacralise la liberté, source de toutes les bonnes choses, et estime que travailler dans la presse est comme un entraînement pour l’écriture, la compréhension et le tri.
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Posté Le : 30/12/2018
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : FODIL S.