Algérie

Saïd Haddouche : «Nos joueurs sont conquérants»



Saïd Haddouche : «Nos joueurs sont conquérants»
«Voir l'EN s'orienter vers l'avant, c'est très positif»
D'habitude très critique sur la manière de jouer des Verts, Saïd Haddouche se dit ravi du nouveau visage présenté par l'équipe d'Algérie sous la conduite de Vahid Halilhodzic. «Un entraîneur qui sait ce qu'il fait», dit-il pour le défendre. Adepte de l'intelligence collective, comme il aime à définir le football moderne, l'expert algérien incite dans cet échange qu'il nous accordé, hier au téléphone, l'EN à baser son jeu sur une ossature issue d'un ou deux clubs, comme cela se fait dans les sélections européennes. Les analyses généreuses de Haddouche sont toujours pertinentes et passionnantes. Voici des extraits à savourer sans modération.
«Voir l'EN s'orienter vers l'avant, c'est très positif»
«Nous avons vu notre Equipe nationale très conquérante dès le début du match et cela est très intéressant pour le futur. Cela signifie qu'on a confiance en nous-mêmes et dans le staff technique. Si on arrive à jouer en Afrique en conquérants, en compétiteurs, c'est déjà un bon signe. Nos joueurs ont montré de la générosité et de l'enthousiasme. L'EN a gardé cette mentalité de battant et une volonté de défendre le maillot. C'est ce qu'on attend de tous nos joueurs. Ils ont tous mouillé le maillot et personne ne peut en douter. Le staff technique a mis en place une politique, une philosophie et une orientation très offensives qui fait que les joueurs sortent et se présentent en phase finale des actions. Ils se créent beaucoup d'occasions. C'est ce qui me pousse à rester positif quant au futur. En tout cas, j'en suis très content.»
«On n'a pas eu un bon dosage d'énergie»
«Certes, il y a eu cette défaite, mais cela s'explique par le fait que les joueurs ne se connaissent pas encore assez. Il leur faudra encore du temps et du travail pour corriger les problèmes de coordination. L'adversaire possède des joueurs qui se connaissent mieux, avec beaucoup plus d'expérience. On n'a pas eu un bon dosage d'énergie, mais ces paramètres vont se mettre en place avec le temps. L'EN n'existait pas il y a un an et aujourd'hui, on peut dire qu'elle est bien là. Toutes les équipes nationales en Europe sont basées sur des effectifs composés d'éléments qui se connaissent entre eux. La Russie par exemple, c'est cinq ou six joueurs du Zenit, l'Allemagne, c'est huit joueurs du Bayern, l'Espagne, c'est huit du Barça et ainsi de suite pour les autres. Aujourd'hui, la construction d'un collectif demande du temps et comme les sélectionneurs n'en ont pas assez, on se base sur une ossature émanant d'un ou deux clubs.»
«A nouvelle génération, nouveau football»
«Si l'on compare l'équipe de Vahid Halilhodzic avec celle d'avant, je dirais que celle d'aujourd'hui possède des qualités techniques et mentales en plus d'une nouvelle fraîcheur. Il y a aussi un staff qui met beaucoup de discipline, qui balise et oriente aussi. On le sent vraiment, car l'équipe montre un autre visage. C'est très prometteur pour le futur. A nouvelle génération, nouveau football. Ajoutez à cela un très bon état d'esprit. On sent que l'équipe était bien en place, que les techniciens ont introduit une nouvelle philosophie. Aujourd'hui, le jeu a changé ; il a évolué et les équipes nationales européennes ne sont pas sûres de construire avec les meilleurs joueurs. Au contraire, ils partent avec une ossature d'un club. Ils sont devenus beaucoup plus humbles, on va dire, en faisant confiance aux joueurs d'un même club, comme le fait si bien la Russie.»
«Aujourd'hui, nos attaquants ne sont plus isolés comme avant»
«Si je dis que l'équipe algérienne a évolué, c'est parce qu'elle ne réfléchit pas comme avant. Elle ne reste pas statique ; elle ne pense pas. Aujourd'hui, on se projette plus vers l'avant et nos attaquants ne sont plus isolés. Par exemple, Slimani ou Djebbour, sur les deux matchs, n'ont pas été esseulés. Ils étaient à chaque fois accompagnés par Boudebouz, Feghouli, Kadir, Soudani ou un autre élément. Vous voyez, donc, que c'est comme ça qu'on arrive à poser des problèmes à la défense adverse. Cela n'est possible qu'avec la vivacité et les déplacements en permanence. Avant, il n'y avait qu'un seul attaquant et on disait qu'il était endormi. Aujourd'hui, Djebbour ne montre plus le même visage, parce qu'il n'est plus isolé. Mieux encore, j'ai même vu Lacen prendre part aux attaques et Guedioura porter le danger par des frappes lointaines. Même la possession de la balle est meilleure. La gestion de l'espace va encore s'améliorer avec le temps.»
«Aujourd'hui, les Verts jouent carrément
dans le camp adverse !»
«Si la défense algérienne a pu paraître un peu fébrile par rapport à celle d'avant, c'est parce que dans celle qui a joué le Mondial, il y avait Halliche, Yahia et Bougherra dans l'axe. Aujourd'hui, Bougherra joue avec Bouzid et Medjani qu'il n'a pas trop fréquentés ces dernières années. C'est, donc, normal que ça change. Un joueur quand il n'est pas dans des conditions optimales, quand il revient de blessure aussi, ça change aussi. On doit laisser cette équipe se construire et ne pas la détruire. Moi, qui suis d'habitude pessimiste, parce que je suis exigent avec notre Equipe nationale, je peux vous assurer que je ne retiens que du positif de l'actuelle EN. Je suis très optimiste même. Elle s'est nettement améliorée. Aujourd'hui, nous sommes carrément dans le camp adverse.»
«Seul Halilhodzic peut expliquer les changements qu'il a effectués»
«Je préfère respecter les choix du sélectionneur et ne pas donner mon avis sur les changements qu'il a opérés face au Mali. C'est lui qui est aux côtés de ses joueurs, c'est donc lui qui est le mieux renseigné sur l'état de chacun de ses éléments. Il a fait des tests physiques et mentaux et il sait parfaitement ce qu'il fait. Moi, je me baserai sur un seul critère pour parler de ses choix alors que lui, il détient l'ensemble des renseignements sur ses joueurs. Je risque de passer à côté et j'aurais l'air idiot. C'est plus par respect pour Halilhodzic. Il connaît la capacité de chaque joueur à tenir ou pas les 90 minutes du match. Et puis, n'oubliez pas qu'il y a des joueurs qui n'ont jamais joué en Afrique. Mais ils ne sont partis avec des petits bras, puisqu'ils ont été conquérants et cela les honore tout comme le football algérien.»
«L'EN aurait été meilleure si son ossature venait de la JSK et l'ESS»
«Cela fait des années que je le dis, mais les gens croyaient que je les critiquais. Moi, je tire chapeau au staff actuel d'avoir su comment faire jouer les locaux avec ceux qui viennent de l'étranger. Mais cela aurait été bien mieux si l'ossature de l'EN venait, par exemple, de la JSK et de l'ESS, qui jouent les grandes compétitions internationales. Je suis sûr que l'équipe aurait été beaucoup plus collective que celle qu'on a aujourd'hui. Même si les joueurs actuels sont mieux préparés. Aujourd'hui, c'est le collectif qui donne les bons résultats.»
Propos recueillis par
Nacym Djender




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)