Algérie

Saïd Bouteflika, Toufik et Tartag en prison



Vingt-quatre heures après une large diffusion de l'information par les médias privés sur la foi de sources non identifiées, le procureur près le tribunal militaire a confirmé le mandat de dépôt contre Saïd Bouteflika et les généraux Mohamed Mediène, dit Toufik, et Athmane Tartag.L'information, portant arrestation du général à la retraite Mohamed Mediène, dit Toufik, et du général Bachir Tartag, respectivement anciens patrons du DRS et du DSS, ainsi que de Saïd Bouteflika, conseiller à la présidence de la République, a été largement relayée, samedi et dimanche, par la presse privée, tous supports confondus. Etrangement, les médias publics (APS, télévisions, radios et presse écrite, à l'exception d'El Moudjahid qui y a fait furtivement allusion dans son éditorial et au conditionnel) n'ont soufflé mot sur cette affaire. Hier matin, dans sa revue de presse, la radio Chaîne III a carrément fait l'impasse sur les articles traitant desdites arrestations, pourtant en une de tous les quotidiens privés. L'actualité est exclusivement alimentée par des sources non identifiées.
Ce qui a rendu sceptique l'opinion publique quant à la véracité des faits rapportés. Car l'arrestation de ces trois barons de l'ancien régime n'est pas une mince affaire et, assurément, pour le commun des citoyens, car il fallait le voir pour le croire.
Hier, vers 15h, la télévision publique a été mise à contribution pour donner la preuve en images. Les trois hommes sont montrés en train de monter les marches du tribunal militaire de Blida, accompagnés de près par des gardes. Il s'en est suivi un communiqué du procureur près de l'instance judiciaire, informant de la décision de leur placement en mandat de dépôt.
Il est certain que l'objectif principal de l'opération médiatique visait à couper court aux doutes qui s'exprimaient massivement sur les réseaux sociaux quant à la réalité des faits rapportés par la presse du jour. Le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, avait alerté, à trois reprises, depuis le 30 mars dernier, sur une conspiration contre l'institution militaire et le mouvement citoyen dont il avait clairement identifié les auteurs. Il a été conforté, dans ses accusations itératives, par l'ancien chef de l'Etat Liamine Zeroual et, dernièrement, par le général à la retraite Khaled Nezzar. Le 2 avril dernier, Zeroual a parlé d'une rencontre avec le général Toufik, à la demande de ce dernier qui lui a fait, au nom de Saïd Bouteflika, la proposition de conduire la période de transition. Khaled Nezzar, pour sa part, a fait état de deux discussions entre lui et Saïd Bouteflika qui, a-t-il révélé, a dévoilé son intention de provoquer les conditions d'un état d'exception afin de mater la révolte citoyenne.
Le 16 avril, le vice-ministre de la Défense nationale a adressé un dernier avertissement à ceux qu'il accusait de manipuler la rue. L'incarcération de Saïd Bouteflika intervient après le 11e vendredi de mobilisation populaire. Onze semaines durant, il était la cible préférée des manifestants qui réclamaient son arrestation, voyant en lui la "tête de la bande" ainsi désignée par Gaïd Salah, lui-même, le 2 avril, deux heures avant la démission de Bouteflika.
C'est au moment où l'opinion commençait à supputer sur une probable protection dont bénéficierait Saïd Bouteflika, qu'il est conduit au tribunal militaire de Blida, non pas seul, mais en compagnie de deux autres "gros poissons" du régime de Bouteflika, le chef de l'ex-DRS, Mohamed Mediène, et son successeur, depuis 2015, Bachir Tartag.
Souhila H.


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