Algérie

Said Boucetta publie son premier roman «Les sept fantômes de Hassina»


Publié le 25.10.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Aomar MOHELLEBI

Le lecteur est vite happé par ce premier roman de Said Boucetta. Le personnage principal, Hassina, a un profil exceptionnel et étrange. C'est une femme pleine de mystères. Elle est à la fois femme et symbole. Au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture de ce roman, on découvre un destin des plus tragiques, celui d'une femme aux prises avec une multitude de fantômes. D'où le titre du livre: «Les sept fantômes de Hassina», paru aux éditions «Haya». Écrit avec un style maîtrisé et fluide, ce roman se lit d'une traite même s'il est déconseillé de le faire. Car il s'agit d'un livre qu'il faut savoir déguster. Il y a des pages où le lecteur est invité à la réflexion.
La nostalgie aussi. Mais aussi l'analyse à la fois politique, psychologique et philosophique. Finalement, le meilleur conseil à donner concernant le roman de Said Boucetta, c'est d'effectuer une première lecture d'une traite et de s'attaquer à une deuxième lecture pour mieux saisir tous les messages que contient le livre et en appréhender la portée.

Un livre à réflexion

Mais aussi afin de pouvoir apprécier les qualités narratrices de l'auteur dont le parcours journalistique remonte à des décennies. Né le 23 février 1965, à Alger, Said Boucetta est journaliste de métier, il a exercé dans de nombreuses rédactions, dont l'hebdomadaire Détective et le quotidien Ouest Tribune, deux titres d'Oran qui figurent parmi les doyens de la presse nationale. C'est dire que c'est à cette ville qu'il doit son entrée dans le monde du journalisme, donc de l'écriture. Il a vécu une dizaine d'années à Oran et y a appris tout ce qu'il sait du métier de journaliste et de la vie. Il y a fondé sa famille. Il considère que l'édition de son premier roman à Oran est un signe et une sorte de retour aux sources. Il occupe actuellement le poste de directeur de la rédaction au quotidien L'Expression. Sans doute, la grande expérience journalistique de Said Boucetta a été pour beaucoup dans la rédaction de ce premier roman. Mais elle n'explique pas tout. Car entre son écriture journalistique et celle de ce roman, il y a quand même une grande différence. Said Boucetta a su franchir le cap et ne pas tomber dans le piège d'écrire un roman avec le style journalistique qu'il affectionne tant. Même quand il s'est agi d'aborder des sujets proches de l'actualité, comme le Hirak, l'auteur a su hisser son style d'écriture et d'éviter d'être rattrapé consciemment ou inconsciemment par le style journalistique.
La densité de la trame des «Sept fantômes de Hassina» est également à relever.

Une mosaïque où le suspense règne

Said Boucetta ne fait que raconter une ou des histoires. Mais son livre est une sorte de mosaïque où le lecteur ne risque pas de se perdre en dépit de la richesse de la trame, de l'intrigue et du suspense qui tient en haleine jusqu'à l'ultime page. Said Boucetta est parvenu en outre à planter plusieurs décors pour ainsi visiter et revisiter plusieurs étapes importantes, voire décisives de l'histoire de l'Algérie, en effectuant des allers-retours, notamment de la guerre d'indépendance au Hirak, sans, bien entendu, occulter une page dramatique de notre histoire récente, celle de la tragédie nationale des années 90. Il s'agit donc du roman de l'Algérie, et Hassina, tout comme Nedjma de Kateb Yacine, est à la fois la synthèse des femmes algériennes, mais aussi l'Algérie.

Le livre de Boucetta est le roman d'une femme damnée mais qui a décidé de ne pas se laisser faire. Bien qu'issue d'une famille damnée, Hassina est décidée de prendre son destin en main, de s'affranchir, se rebeller, de se battre, à sa manière, pour ne pas sombrer à l'instar de tous les autres membres de sa famille.
Le Hirak arrive à point nommé et elle saisit au vol cette opportunité inespérée pour échapper à un destin maudit également, qui la guettait depuis toujours. Malgré tous ses efforts, Hassina reste une femme hantée, par le sort, mais surtout par ses frères et son père, devenus des ombres furtives mais lancinantes qui ne cessent de la harceler.

Le destin de Hassina est-il à ce point fatal ou bien y aura-t-il, au fil des pages, des épisodes annonciateurs d'un quelconque dénouement heureux?

Aomar MOHELLEBI

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