Algérie

Sahel : une guerre sur fond de lutte d'intérêts économiques Economie : les autres articles


Sahel : une guerre sur fond de lutte d'intérêts économiques Economie : les autres articles
Bien que le risque ait été évoqué dés la fin des années 90 par certains politologues, le Sahel est devenu depuis peu le théâtre d'une violente lutte d'intérêts économiques dont les véritables protagonistes ne sont pas les pays frontaliers, mais certaines grandes puissances qui cherchent à consolider leurs positions dominantes en faisant notamment main basse sur les richesses naturelles, le marché potentiel et les positions stratégiques d'une région presque aussi vaste que l'Europe. Après un statu quo de plusieurs années ayant en réalité servi à créer, par islamistes interposés, les conditions d'une intervention armée, l'action militaire a fini par prendre de façon subite et brutale le dessus sur l'action diplomatique.
La convoitise des Etats-Unis, la France et la Chine sur cette région a, en réalité, été mise en relief par de nombreux observateurs il y a déjà une vingtaine d'année, dés lors que cette vaste zone constituée de plusieurs pays souverains (Niger, Mali, Mauritanie, Tchad, Sahara occidental) fut désignée, non sans arrières pensées, sous terme globalisant de « Sahel », comme si cet immense territoire sept fois plus grand que la France et regorgeant de matières premières stratégiques, ne constituait qu'un seul et unique pays.
Leur main mise sur cette région est d'autant plus plausible qu'aucune résistance sérieuse ne peut leur être opposée au vu de l'état d'extrême pauvreté et de fragilité militaire dans lequel se trouvent actuellement tous les pays du Sahel sans exception. Seule l'Algérie, en tant que pays riverain entretenant des relations séculaires tout particulièrement avec le Mali, le Niger et la Mauritanie, pourrait constituer un obstacle à ces convoitises en faisant jouer sa relative puissance militaire, mais aussi et surtout, ses soutiens internationaux, parmi lesquels, la Russie et la Chine ne sont pas les moindres.
Pour justifier l'occupation d'un pays ou d'une région convoitée, la stratégie utilisée depuis la guerre en Afghanistan n'a pas changé. Ce sont à chaque fois des islamistes des mouvances wahhabite ou salafiste contrôlées comme on le sait par des pays acquis aux thèses américaines (Arabie Saoudite et certains pays du Golfe) qui seront chargés de justifier les interventions armées « officiellement » destinées à mettre fin aux exactions et autres atteintes aux droits de l'Homme soigneusement médiatisées pour légitimer des initiatives militaires libératrices contre des hordes islamistes.
Certains politicologues expliquent l'émergence de groupes djihadistes dans les pays du Sahel pourtant peu accommodants avec l'islam radical, par les financements saoudiens et qataris, à la faveur desquels, ont été construites de très nombreuses mosquées et écoles coraniques, confiées à des imams ayant généralement effectués de longs séjours dans les établissements d'endoctrinement wahhabites. Les orientations religieuses radicales qu'ils y prodigueront à leur retour auront un fort retentissement, notamment, chez les jeunes chômeurs qui se considèrent comme les victimes expiatoires de la mauvaise gouvernance de leurs pays.
Même si la France est de par son statut d'ancienne puissance coloniale et des intérêts qu'elle doit défendre dans la région (exploitation d'uranium au Niger notamment), sa toute récente intervention au Nord Mali qui met fin à un long statu quo sur la partition du Sahel, s'est faite selon cette même logique. On se souvient qu'avant l'envoi des troupes sur le terrain, tout un battage médiatique autour de la destruction de mausolées historiques et d'applications cruelles de la Charia, rappelant étrangement celui qui avait été effectué plusieurs années auparavant en Afghanistan avec, notamment la destruction des statues géantes de Bagram, les exactions et les trafics courants (drogues, armes etc.) auxquels s'adonnaient ouvertement les talibans.
Comme en Afghanistan, en Irak, en Somalie et aujourd'hui au Mali, c'est sur fonds de problèmes sécuritaires créés de toutes pièces ou encouragés à prendre de l'ampleur (l'installation progressive des factions islamistes est connue des français et des américains depuis au minimum dix années) que la bataille pour la conquête des richesses naturelles du Sahel vient de s'ouvrir avec l'intervention armée française au Mali et l'attaque de la base gazière algérienne de Ain Amenas qui n'a pas encore livrée tous ses secrets, mais qui a certainement été commanditée pour légitimer des velléités d'affaiblissement de la plus importante partie opposée à l'intervention militaire qu'est l'Algérie.
Les richesses naturelles que recèlent le Sahel et certains pays limitrophes seraient fabuleuses si on se réfère aux premiers états des lieux de la région déjà disponibles sur certains sites internet. Aux gisements d'hydrocarbures et d'uranium déjà disponibles s'ajoutent le fer, le cuivre, le phosphate, le cobalt et toute la panoplie de « terres rares » indispensables à l'industrie de l'électronique et de l'informatique.
Autre sérieux motif de convoitise, le Sahel et sa périphérie (le Maghreb) sont également appelés à constituer un débouché commercial considérable pour les pays industrialisés. Il faut en effet savoir qu'à l'horizon 2050 le Niger, le Mali, le Tchad et la Mauritanie compteront à eux seuls pas moins de 160 millions d'habitants. Si on ajoute ceux des pays maghrébins limitrophes la population totale atteindra allégrement 300 à 320 millions d'âmes. Une situation à laquelle les pays industrialisés et émergents doivent, dores et déjà, tenir compte pour assurer l'écoulement de leurs produits notamment en cette période de crise économique mondiale.
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