Algérie

Sahel et antiterrorisme: La Mauritanie se radicalise



La Mauritanie a désapprouvé le choix de la capitale malienne pour abriter le prochain sommet sécuritaire sahélo-saharien, décidé récemment à Alger par les ministres des Affaires étrangères de sept pays de la région, selon un communiqué officiel.

 Le communiqué de la réunion ministérielle des pays de la région sahélo-saharienne, remis à la presse le 16 mars dernier au soir, prévoit dans son dernier point que se tienne «dans les meilleurs délais à Bamako la conférence des Chefs d'Etat sur la paix, la sécurité et le développement…».

 A Alger, les diplomates mauritaniens n'ont rien laissé transparaître de leur opposition au choix de Bamako qu'ils avaient exposé, en fait, lors du huis clos de la rencontre ministérielle du groupe des 7. Très tard dans la nuit, quelques bribes d'information sur ce désaccord avaient filtré, mais il était impossible de les confirmer auprès de sources crédibles.

 Finalement, la nouvelle est tombée hier de Nouakchott. Peut-être, n'a-t-on pas voulu perturber le consensus qui s'était dégagé, mardi dernier, sur l'essentiel du communiqué en 16 points de cette réunion ministérielle des pays de la région sahélo-saharienne. D'autant plus que, sans que personne ne le remette en cause, les chefs de la lutte antiterroriste et ensuite les chefs d'état-major militaires de l'Algérie, du Burkina Faso, de la Libye, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad vont se rencontrer dans les toutes prochaines semaines pour affiner leurs stratégies.

 Il faut dire que durant leur huis clos d'Alger, les «7» se sont parlés avec «franchise» mais en évitant de se heurter et d'aller au clash. Toutefois, la récusation de Bamako par la Mauritanie n'est pas vraiment une surprise. Le ministre malien des Affaires étrangères a évité tout contact avec la presse à Alger.

 On se serait, en effet, attendu à quelques explications sur la situation au nord Mali et les intentions maliennes après la gestion très controversée de la libération de l'otage français par les autorités de Bamako. Aux yeux de quelques pays du Sahel, le Mali n'a pas une position antiterroriste convaincante. Il est même perçu comme «le maillon faible» de cette zone désormais très stratégique. On se serait également attendu à ce que le ministre malien profite de son passage à Alger pour dire quelles sont les intentions de son gouvernement vis-à-vis de l'accord d'Alger de juillet 2006 sur la question des Touaregs. Bamako fait la sourde oreille aux propositions des Touaregs de rétablir la paix et la sécurité tout en combattant les terroristes qui sévissent dans le nord Mali.

 Les silences officiels maliens font dire à des experts occidentaux que le Mali du président Amadou Toumani Touré préférerait une alliance avec l'Europe et/ou les Etats-Unis qu'avec ses voisins immédiats. Selon ces sources, la délégation malienne est venue à Alger avec instruction de «ne rien signer». D'ailleurs, fait-on remarquer, le communiqué rendu public après la réunion d'Alger ne l'est pas.

 Le secrétaire du comité populaire libyen des Relations extérieures, Moussa Mohamed Abdel Salam Koussa, a de son côté salué, jeudi dernier à Nouakchott, «la fermeté» des autorités mauritaniennes face au terrorisme. «Les autorités mauritaniennes maîtrisent parfaitement la donne sécuritaire grâce à la fermeté du président Mohamed Ould Abdel Aziz vis-à-vis des groupuscules intégristes terroristes», a-t-il déclaré à sa sortie d'une audience avec le chef de l'Etat mauritanien.

 Avec la presse, le ministre libyen n'a pas évoqué la tenue du sommet des chefs d'Etat du Sahel, reporté d'ailleurs, à plusieurs reprises. La rencontre des chefs de la lutte antiterroriste et ensuite celle des chefs d'état-major militaires du groupe des 7 pays, prévues dans les toutes prochaines semaines devraient préparer à la tenue de ce sommet sur la paix, la sécurité et le développement dans la région sahélo-saharienne. Dans cette attente qui perdure, Bruxelles et Washington sont en embuscade.




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