Algérie

Sahara Occidental: Une deuxième table ronde, en mars prochain



? La table ronde convoquée mercredi et jeudi, à Genève, par l'ONU, pour trouver enfin un début de solution au conflit du Sahara Occidental a «permis de dresser le bilan de l'évolution de la situation, d'aborder des questions régionales et de discuter des prochaines étapes du processus politique concernant le Sahara Occidental», indique un communiqué, à l'issue de cette réunion, de M. Horst Köhler, envoyé personnel du SG des Nations unies pour ce territoire non autonome.La table s'est déroulée en présence des deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario. L'Algérie et la Mauritanie y ont participé en tant qu'observateurs. Selon ce communiqué, la table ronde a été marquée «par une atmosphère de franchise, d'engagement sérieux et de respect mutuel, et une profonde conviction, quant à la primauté de la coopération, comme meilleur moyen de relever les nombreux défis auxquels la région est confrontée.» Le principe d'une autre réunion ou d'une deuxième table ronde, qui sera convoquée par l'envoyé personnel de M. Antonio Guterres pour le Sahara Occidental, en mars 2019, a été retenu. La table ronde de Genève est la première, depuis six ans, après l'interruption, en 2012, des rounds de discussions de Manhasset, dans la banlieue de New York, sous les auspices de l'ex envoyé personnel du SG de l'ONU, M. Christopher Ross. C'est la résolution 2440 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a appelé, le 31 octobre dernier, les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, à reprendre les négociations «sans pré-conditions et de bonne foi», en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Le Conseil de sécurité de l'ONU, avec la résolution prorogeant le mandat de la Mission des Nations unies, pour l'organisation du référendum au Sahara Occidental (MINURSO) de 6 mois, avait souligné l'importance, pour les deux parties en conflit, de «s'engager à nouveau à faire avancer le processus politique, dans la perspective d'une cinquième série de négociations». Pour les deux parties au conflit comme pour les pays voisins et la Communauté internationale, il était important que les discussions reprennent, avec une volonté réelle de dégager le processus de décolonisation au Sahara Occidental, de l'impasse dans laquelle l'avait mise le royaume du Maroc, en imposant sa solution, celle dite de la 3ème voie ou l'octroi de l'autonomie, à ce territoire mais sous administration marocaine. Une proposition faite, au début des années 2000 et rappelées par Rabat, lors des discussions du processus de Manhasset. Une solution parmi deux autres, un référendum d'autodétermination et l'intégration pure et simple au Maroc, et que le Front Polisario n'a pas rejeté mais apposé sa vision des choses, en demandant qu'il y ait la tenue d'un référendum d'autodétermination, avec une question aux électeurs sahraouis sur la 3ème voie revendiquée par le Maroc. Ce que Rabat avait refusé, sachant que les Sahraouis ne se prononceront jamais pour une autonomie déguisée sous la domination du Maroc. Les discussions en sont restées ainsi à ce niveau depuis les années 2000, même si la France avait chaudement appuyé la proposition marocaine, et évacué toute idée d'indépendance au Sahara Occidental.
Les observateurs n'attendaient, certes, pas de miracle de cette table ronde de Genève, mais à tout le moins une décrispation des discussions et une meilleure volonté du Maroc de coopérer avec la Communauté internationale et l'envoyé personnel de l'ONU pour déghettoïser le dernier dossier de décolonisation en Afrique. Car l'objectif principal de l'ONU est de parvenir à un accord sur la nécessité de poursuivre les discussions et de parvenir à une solution consensuelle pour la tenue de ce référendum d'autodétermination sur le Sahara Occidental que Rabat a toujours sabordé, en proposant notamment un corps électoral non reconnu par les Sahraouis. Jeudi à l'issue de cette table ronde, M. Köhker a déclaré qu' «une solution pacifique» au conflit dans le Sahara Occidental est «possible».
Maroc, le double langage, toujours
Chargé du dossier depuis 2017, l'ex-président allemand Horst Köhler a, également, confirmé qu'il entendait organiser une nouvelle réunion, sur le même format, au 1er trimestre 2019.
«D'après nos discussions, il est clair, pour moi, que personne ne gagne à maintenir le statu quo», a ajouté l'ex-président allemand. En outre, il a estimé que la réunion à Genève s'est tenue dans «une atmosphère d'engagement sérieux et de respect mutuel.» A l'issue de cette table ronde, les délégués sahraouis ont réaffirmé leur volonté de poursuivre les discussions avec le Maroc, dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui prévoient l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. «Nous sommes venus avec un esprit constructif.»
Ce qui est demandé au Maroc, c'est de dépasser cette situation et de travailler, avec nous, dans le cadre des efforts de l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Horst Köhler, et des résolutions du Conseil de Sécurité pour une solution juste dans l'attente de la création d'un climat favorable pour instaurer un climat de confiance entre les deux parties», a expliqué le chef de la délégation sahraouie, Khatri Eddouh. Quant au Maroc, et comparativement aux précédentes rencontres avec le Front Polisario, il a montré, cette fois-ci, un certain engagement qui ne doit pas, cependant, tromper sur ses véritables intentions, à rester à la table des discussions, annonçant qu'il participera à la prochaine table ronde annoncée par Horst Köhler. Dans une déclaration de presse à l'issue de cette rencontre, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a annoncé que le Maroc est favorable à une participation au prochain round des négociations sur la question du Sahara Occidental. Le ministre marocain a, en outre, souhaité que la prochaine table ronde «soit bien préparée.» «Le Maroc s'attend à ce qu'elle capitalise, sur cette atmosphère constructive, pour aller vers l'expression d'une volonté politique réelle de la part des autres parties en vue d'une solution», précise le chef de la diplomatie marocaine. Mais, une source autorisée marocaine, citée par des sites électroniques, explique que Rabat «considère que l'atmosphère sereine n'est pas suffisante pour la relance du processus onusien pour aboutir à une solution, pragmatique, réaliste et durable. Aussi, le Maroc espère que la 2ème table ronde connaîtra l'engagement de toutes les parties pour une discussion profonde sur la solution politique.» En clair, le Maroc compte capitaliser ce nouveau processus onusien pour imposer sa solution au conflit du Sahara Occidental, celle de la 3ème voie.
L'Algérie a, de son côté, assuré l'envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara Occidental, de son «engagement, en sa qualité de pays voisin, à contribuer au bon déroulement de la table ronde de Genève, pour relancer le processus de négociations entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario.» Le chef de la diplomatie algérienne Abdelkader Messahel avait assuré, lors d'un entretien, mercredi à Genève, avec M. Horst Köhler, du soutien de l'Algérie à ses efforts pour parvenir à un règlement du conflit du Sahara Occidental «conformément à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des Nations unies.»


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