Algérie

Sahara occidental Un congrès qui embarrasse Rabat



L'issue des travaux du 12ème congrès du Front Polisario, entamés vendredi dernier à Tifariti, dans les territoires sahraouis libérés, sera sans nul doute cruciale pour l'avenir de la question sahraouie. Le secrétaire général du Front et président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a présenté aux quelque 1.725 délégués son rapport sur les derniers développements politiques et diplomatiques intervenus depuis le dernier congrès de 2003. En fait, il doit présenter la situation actuelle de manière claire et précise pour permettre aux délégués de choisir entre la poursuite des négociations de Manhasset avec Rabat, ou la reprise des armes. Le choix sera cornélien pour les Sahraouis qui restent, cependant, farouchement favorables aux deux options, autant celle militaire que «diplomatique» qui leur ouvrirait la voie vers le processus référendaire que le Maroc, reconnu puissance occupante par les instances internationales et particulièrement les Nations unies, tente depuis le cessez-le-feu de 1991 de repousser par tous les moyens. A Tifariti, à quelques jets de pierre du mur de défense marocain construit pour couper le territoire sahraoui en deux, les délégués du Polisario doivent se prononcer sur cette question à un moment où la partie marocaine multiplie son offensive diplomatique, à quelques semaines de la reprise des négociations de Manhasset, pour faire passer son fameux projet d'autonomie au Sahara occidental. Cette campagne médiatico-diplomatique de Rabat intervient en fait, au beau milieu du 12ème congrès du Polisario qui a, du reste, passablement «fait grincer des dents» les officiels dans la capitale marocaine. Tayeb Fassi Fihri, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères et l'un des dépositaires du dossier sahraoui avec certains fidèles serviteurs du «Makhzen», a estimé que le Polisario, en tenant son congrès, «tente de compromettre les négociations» de Manhasset. Fassi Fihri, un des proches du monarque marocain, reste l'une des pièces maîtresses de la stratégie marocaine pour le plan d'autonomie au Sahara occidental. Autour de lui, il y a également le président du parlement marocain, Mustapha Mansouri, chef de file, par ailleurs, de l'une des plus importantes mouvances politiques du royaume, le rassemblement national des indépendants (RNI) qui souligne dans un entretien à un quotidien local que le 12ème congrès du Polisario «n'est que de la surenchère, un simulacre». A Rabat, on craint beaucoup plus les résultats de ce congrès qui devrait d'abord entériner la poursuite des négociations de Manhasset, ensuite reconduire l'actuel secrétaire général et renouveler la composante de ses 41 membres, et enfin, préconiser le durcissement de la position sahraouie face aux tergiversations du Maroc à accepter un véritable référendum sur l'avenir du territoire, plutôt que ces «pseudo-groupes» sahraouis qui se seraient désolidarisés de la direction actuelle du Polisario. Le troisième round des négociations de Manhasset, sous l'égide de l'ONU, a été fixé au 7 janvier prochain, une échéance que les Sahraouis doivent, par ailleurs, préparer lors de ce congrès et qui doit se terminer, très probablement mardi prochain, par la reconduite de l'actuel secrétariat général du front et de nouveaux objectifs, tant politiques que diplomatiques, et probablement militaires si les délégués le décideront. C'est, en fait, cette éventualité qui embarrasse le plus à Rabat qui ne voudrait pas voir son fameux plan d'autonomie pour le Sahara occidental, soutenu par la France et à demi-mot par Washington, «tomber à l'eau».


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