Algérie

Sahara Occidental: Les Marocains regrettent Bush



Les données du conflit au Sahara Occidental semblent avoir substantiellement changé avec l'arrivée des démocrates à la Maison-Blanche. Et, encore plus, avec l'intronisation du premier président «noir» des Etats-Unis. Barack Obama a ainsi donné une autre tournure aux efforts de l'ONU pour la mise en place d'un consensus global, ouvrant la voie vers un référendum d'autodétermination dans ce territoire occupé depuis 1975 par le Maroc.

 Sa récente lettre au souverain marocain, qui n'a pas reçu l'envoyé spécial du SG de l'ONU pour le Sahara Occidental, le diplomate C. Ross, n'a pas cautionné les thèses de Rabat sur «la marocanité du Sahara Occidental». Ce revirement dans la position des Etats-Unis envers la question sahraouie est devenu tangible ces derniers jours pour nombre de spécialistes de ce dossier. Dans une contribution sur ce dossier publiée par le quotidien espagnol El Pais, un journaliste marocain, Abou Bakr Jamai, estime qu'avec «le départ de l'ancien président américain, George Bush, de la Maison-Blanche, le Maroc a perdu un soutien important concernant le Sahara occidental». L'article, publié à l'occasion du 10e anniversaire de l'intronisation de Mohammed VI au trône «alaouite», souligne que le gouvernement d'Obama ne prend pas très au sérieux la proposition marocaine «d'accorder l'autonomie au Sahara occidental au lieu de l'organisation d'un référendum d'autodétermination» au peuple sahraoui. Pour le journaliste marocain, ancien directeur et fondateur du «Journal Hebdomadaire», hostile à la politique intérieure et extérieure du Makhzen, particulièrement en ce qui concerne la gestion catastrophique du dossier du Sahara Occidental, la lettre adressée récemment au roi du Maroc par le président Obama souligne en fait l'importance de parvenir à une solution qui réponde aux besoins des populations, en termes de gouvernance transparente, de confiance en l'Etat de droit et d'une administration de justice équitable». «Une manière de dire que ces conditions, contrairement à ce qu'affirme le régime marocain, ne sont pas réunies encore», estime Jamai selon lequel, l'«absence de réformes institutionnelles s'est transformée en un important handicap pour le    Maroc dans ses tentatives pour amener la communauté internationale à reconnaître la marocanité du Sahara occidental». La position franchement hostile du gouvernement Obama aux thèses marocaines sur le Sahara Occidental est-elle à l'origine du refus du Roi Mohamed VI de recevoir de nombreux responsables étrangers en visite officielle au Maroc, dont l'Envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross ? «Le monarque a prétexté qu'il se trouvait en visite à l'est du pays et qu'il n'avait pas le temps de recevoir l'envoyé de Ban Ki-moon», a-t-il dit. Selon des sources espagnoles, l'administration américaine réfléchit déjà à une nouvelle approche de ce dossier de décolonisation, notamment à travers de prochaines propositions que suggèrerait aux deux parties M. Ross. La forme des prochaines discussions prévues à la fin du mois à Vienne en Autriche n'est pas encore définie, mais tout porte à croire que le président américain Obama garderait un oeil sur ce dossier. Certains milieux diplomatiques n'écartent pas également la thèse selon laquelle Ross, diplomate de carrière et connaissant à fond les questions arabes et maghrébines, a été nommé par Ban Ki-moon sur proposition de Washington qui veut régler le plus vite ce conflit de décolonisation. Le récent voyage d'Obama au Ghana est en lui-même un puissant indicateur de la volonté autant du nouveau locataire à la Maison-Blanche que de son administration, de résoudre les grands dossiers encore en suspens en Afrique, autant ceux liés au développement, la bonne gouvernance, le terrorisme, et le parachèvement du processus de décolonisation. C'est cette nouvelle approche politique, sociale et économique que veut développer le président américain en Afrique, avec comme toile de fond la fin des conflits et des dénis de justice. Il a tourné le dos à l'option coloniale prônée par Rabat, et tient à ce que l'ONU puisse enfin appliquer son plan de paix pour le Sahara Occidental. Avec, très probablement, un plan Baker-Bis appuyé à la mise en place de toutes les conditions pour l'organisation du référendum d'autodétermination que Rabat a, jusque là, toujours refusé.




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