S'exprimant sur la démission de Horst Köhler, envoyé personnel du SG de l'Onu pour le Sahara occidental, le Polisario a affirmé à Sputnik qu'en plus "des raisons de santé" évoquées, le diplomate rencontrait des obstacles, dressés notamment par Paris et Washington. L'Onu, Rabat, le Polisario et Alger ont regretté son départ.
Horst Köhler, envoyé du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara occidental, a démissionné mercredi 22 mai de son poste "pour des raisons de santé", informe un communiqué des Nations unies. L'Onu, l'Algérie, le Front Polisario et le Maroc ont exprimé à l'unisson leurs regrets à l'annonce de la démission du diplomate onusien. Ils lui ont rendu hommage pour les efforts qu'il a déployés dans la résolution du conflit au Sahara occidental.
Dans un entretien à Sputnik, Mhamed Khadad, membre de la direction et responsable des relations extérieures du Front Polisario, a confirmé que le diplomate onusien avait effectivement démissionné pour des problèmes de santé, ajoutant que d'autres facteurs avaient également pesé dans sa prise de décision.
"Effectivement, il y a les raisons de santé que M. Köhler a mentionné dans sa lettre d'adieu aux deux parties du conflit au Sahara occidental [le Maroc et le Front Polisario, ndlr] et à leurs voisins [l'Algérie et la Mauritanie]. Cependant, il faut bien signaler que depuis sa nomination au poste d'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu beaucoup d'obstacles ont été érigés sur sa route", a-t-il déclaré.
Tout en affirmant que Horst Köhler avait toutes les qualités et les compétences nécessaires pour réussir sa mission, notamment son expérience diplomatique et sa connaissance du continent africain et de ses problèmes, M. Khadad a signalé que dès sa prise de fonction, le diplomate "a insisté pour que l'Union africaine et l'Union européenne soient parties prenantes de la solution du conflit au Sahara occidental".
"Dans ce sens, il a visité l'Afrique plusieurs fois, Addis-Abeba et Kigali. Il s'était également rendu à deux-trois reprises à Bruxelles", a-t-il ajouté.
Selon M. Khadad, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu a rencontré beaucoup d'entraves dans l'accomplissement de sa mission aux Nations unies et à l'Union européenne.
"Malheureusement son travail a été entravé et carrément saboté par l'attitude du gouvernement français qui à New York [aux Nations unies] ne voulait pas que le mandat de la Minurso [la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental] soit réduit à six mois", a-t-il affirmé.
Sur la même lancée, le responsable sahraoui a ajouté qu'"également à Bruxelles, Paris a tout fait pour saboter les efforts de M. Köhler et ce n'est pas sans raisons qu'il n'a d'ailleurs jamais été reçu par les hautes autorités françaises durant son mandat".
"C'est la France qui a pesé de tout son poids pour que l'Union européenne signe de nouveaux accords incluant le territoire du Sahara occidental [accord d'association UE-Maroc et l'accord d'agriculture et de pêche UE-Maroc] en violation flagrante des décisions de la Cours de justice de l'Union européenne (CJUE) [les arrêtés de 2015, 2016 et 2018, affirmant que le Sahara occidental et les eaux qui lui sont adjacentes ne faisaient pas partie du territoire du Royaume du Maroc, ndlr]", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Mhamed Khadad a évoqué un second élément qui a pesé dans la décision de démission du diplomate onusien.
"À New York, M. Köhler a toujours cherché à ce qu'il y ait un consensus au conseil de sécurité et que ses quinze membres apportent leur soutien en votant une résolution" a-t-il expliqué, regrettant encore une fois que "malheureusement ces efforts ont été sabotés par la France et les États-Unis, qui cette fois-ci n'ont pas cherché le consensus qu'a demandé M. Köhler au sein de cette institution internationale".
"Donc au bout du compte, M. Köhler s'est trouvé sans soutien unanime du conseil de sécurité, sans soutien de l'Union européenne, en plus du travail de sape méthodique mené par le Maroc pour empêcher que l'Union africaine joue son rôle dans le résolution de ce conflit qui n'a que trop duré", a-t-il précisé.
En conclusion, l'interlocuteur de Sputnik a affirmé que "M. Köhler avec son honnêteté intellectuelle et sa probité, qui a subi de grandes pressions par certains membres du conseil de sécurité, a refusé à ce qu'il soit instrumentalisé par certaines forces contre les droits légitimes du peuple sahraoui, notamment celui relatif à l'autodétermination et à l'indépendance, préférant jeter l'éponge, et c'est tout à son honneur d'avoir refusé".
M. Kheddad n'a pas manqué de saluer, à l'occasion, l'honnêteté intellectuelle et la probité de M. Kohler, qui a subi, a-t-il appuyé, de "grandes pressions par certains membres du Conseil de sécurité, car il a refusé à ce qu'il soit instrumentalisé par certaines forces contre les droits légitimes du peuple sahraoui, notamment celui relatif à l'autodétermination et à l'indépendance, préférant jeter l'éponge, et c'est tout à son honneur d'avoir refusé".
Des diplomates sahraouis soulignent la responsabilité de la France
La démission de l'envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, Horst Kohler, n'est pas liée uniquement aux problèmes de santé, mais résulte de la "complicité flagrante" de la France avec l'occupant marocain et "l'irresponsabilité" du Conseil de sécurité à résoudre ce conflit, ont souligné des diplomates sahraouis regrettant le départ précipité de l'émissaire onusien.
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a affirmé que l'envoyé de l'ONU au Sahara Occidental, Horst Kohler s'est retrouvé dans une position politique, morale et psychologique qui le poussait à se retirer de sa mission à cause de la "complicité flagrante" de la France avec l'occupant marocain et "l'irresponsabilité" du Conseil de sécurité à résoudre ce conflit vieux de 45 ans.
"La prochaine bataille n'est pas de savoir qui sera le prochain envoyé personnel de l'ONU au Sahara occidental, mais celle de voir le Conseil de sécurité assumer ses responsabilités pour imposer la légitimité internationale comme seule solution au conflit", a souligné M. Ould Salek, dans une déclaration à la presse.
Indépendamment de la raison de santé invoquée comme une des cause du départ de M. Kohler, le diplomate sahraoui a soutenu qu'il existe bien des faits "irréfutables" prouvant que l'envoyé spécial des Nations unies est parvenu à la même conviction que celles de ses prédécesseurs, James Baker et Christopher Ross, que la mission de la MINURSO devant aboutir au respect des engagements pris en 1991 pour organiser le référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui, est confrontée au "refus franc" est "fermement affiché" par la France et à "l'échec" du Conseil de sécurité à résoudre le conflit".
"Dans certaines régions, il y a des ingérences, y compris par la guerre, pour imposer la démocratie et le respect de la légitimité du droit international et des droits de l'Homme. Dans d'autres cas, le contraire est vrai. Le peuple sahraoui est empêché d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination en violation flagrante de toutes les lois, législations, conventions et résolutions", a déploré le chef de la diplomatie sahraouie.
L'ambassadeur de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a, quant à lui, assuré que les circonstances de la démission de Horst Kohler ont démontré que "le Conseil de sécurité n'a pas pris suffisamment de mesures pour amener le Maroc à se conformer aux résolutions onusiennes".
Intervenant lors d'une conférence organisée par le Parlement africain de la société civile, sous le thème "le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique", en célébration de la Journée de l'Afrique, l'ambassadeur sahraoui a mis en garde contre le vide que laissera M. Kohler, auquel le Front Polisario rend hommage pour ses sincères efforts en vue de créer la dynamique imprimée aux négociations.
L'envoyé du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, a démissionné mercredi 22 mai de son poste "pour des raisons de santé", a annoncé un communiqué des Nations unies.
L'ONU, le Front Polisario et l'Algérie ont exprimé leurs regrets suite à l'annonce de la démission du diplomate Onusien, et lui rendu un hommage pour les efforts qu'il a déployés dans la résolution du conflit au Sahara occidental occupé.
Âgé de 76 ans, Horst Kohler avait été nommé envoyé personnel d'Antonio Guterres pour le Sahara occidental en août 2017, succédant à l'Américain Christopher Ross qui avait démissionné quelques mois auparavant, après avoir occupé ce poste pendant huit ans.
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Posté Le : 28/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com