Algérie

Sahara Occidental: Le Maroc au pied du mur



? Le Conseil de sécurité s'est fixé rendez-vous en octobre prochain pour évaluer l'avancée du processus de paix au Sahara Occidental occupé, mettant le cap sur une nouvelle démarche visant à ramener les partis au conflit à la table des négociations dans un délai de six mois.Les Etats Unis, agacés par le blocage persistant du processus de paix, ont déclaré vendredi à l'issue du vote prorogeant le mandat de la Minurso, qu'ils s'attendaient à une reprise des pourparlers au cours des six prochains mois.
Amy Tachco, la coordinatrice politique auprès de la mission américaine à l'ONU a précisé que son pays a adopté cette année une approche différente en ramenant la durée du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) à six mois au lieu d'une année.
«Notre objectif est d'envoyer deux messages : Le premier est qu'il ne peut plus y avoir de statut quo concernant la Minurso et le Sahara Occidental. Le deuxième est qu'il est maintenant temps d'apporter notre appui, notre plein appui à l'Envoyé personnel Kohler dans ses efforts pour faciliter les négociations avec les parties au conflit», a-t-elle précisé.
«Les Etats-Unis soulignent la nécessité d'avancer vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a ajouté la diplomate américaine, affirmant qu'»il «était temps de voir des progrès vers une solution politique après 27 ans de statu quo». La représentante américaine a relevé que la Minurso est une mission de maintien de la paix (chargée d'organiser le référendum autodétermination) qui aurait dû finir son travail il y a longtemps. «C'est une mission qui a commencé il y a 27 ans presque jour pour jour», a-t-elle rappelé. Pour autant, elle a estimé que la responsabilité incombait au Conseil de sécurité qui a laissé «le Sahara Occidental devenir un exemple typique de conflit gelé ».
Rappelant le constat de l'ancien ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, qui avait soutenu dans ses mémoires que la Minurso était sur la voie d'acquérir une existence presque perpétuelle parce que personne ne savait quoi en faire, la coordinatrice politique a relevé que la mise en garde du Conseiller à la sécurité du président Trump «s'est révélée exacte». «Avec le renouvellement d'aujourd'hui, le Conseil de sécurité a fait un pas en avant pour mettre fin à ce cycle. La prochaine étape sera pour nous de soutenir l'Envoyé personnel (du SG de l'Onu), M. Kohler, et de voir enfin la reprise de discussions réelles et substantielles», a-t-elle dit.
La démarche américaine n'est pas du gout de la France
Amy Tachco a prévenu que le Conseil de sécurité serait appelé en octobre prochain à «examiner attentivement son travail et ses responsabilités si cet objectif n'est pas atteint».
La nouvelle démarche met directement le Maroc devant ses responsabilités. Ayant entravé le travail de deux émissaires onusien, le Maroc s'attèle à chercher des prétextes pour ne pas retourner à la table des négociations. La France, seul soutien du Maroc au Conseil de sécurité parmi les membres permanents, a indiqué vendredi que «ce renouvellement pour six mois qui vise à maintenir la mobilisation du Conseil en appui au processus politique, doit rester une exception».
«Le maintien d'un cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix», a indiqué son représentant à l'ONU, l'ambassadeur François Delattre, qui a avancé que la nouvelle démarche risquait de perturber la gestion et la planification des ressources de la Minurso.
Des débats du Conseil de sécurité vendredi, il s'est dégagé un consensus important sur la nécessité d'accélérer le règlement du conflit et de soutenir l'émissaire Horst Kohler à cet effet. La majorité des membres du Conseil, y compris ceux qui ont voté en faveur de la résolution, ont déploré le fait que leurs propositions formulées durant les tractations ne soient pas prises en compte. En références aux remarques du Conseil sur la prétendue présence du Front Polisario à El Guergarat, ces pays membres ont considéré que l'organe onusien devait s'abstenir de faire des déclarations de nature à compromettre le processus de paix.
La Russie a mis en garde contre un règlement qui «serait fixé en coulisse», alors que l'Ethiopie a appelé le Conseil à «éviter de donner l'impression qu'il prenait parti». Par 12 voix pour et trois abstentions (La Russie, la Chine et l'Ethiopie), le conseil de sécurité a adopté vendredi soir une résolution prorogeant le mandat de la Minurso de six mois jusqu'au 31 octobre 2018.
Le Front Polisario a appelé vendredi à la reprise «immédiate» du processus onusien, souhaitant que le renouvellement du mandat de la Minurso puisse servir de «levier» pour assurer un «retour rapide» des partis au conflit à la table des négociations. Dans un communiqué publié juste après la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental de six mois, le Front Polisario a indiqué «prendre note de cette évolution en particulier la courte durée du renouvellement qui reflète la nécessité d'une reprise urgente du processus politique de l'ONU». Le Front Polisario a réitéré à ce propos, son engagement à entrer dans un processus de négociations directes avec le Maroc, assorti de délais, pour permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination conformément à la doctrine des Nations Unies concernant la décolonisation.
Pour sa part l'Algérie «prend acte» de la nouvelle résolution adoptée vendredi et relève avec une grande satisfaction que cette résolution réaffirme qu'il n'est de solution à ce conflit, que celle qui assure l'exercice par le peuple du Sahara Occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif dans une déclaration suite à l'adoption de la résolution onusienne. La résolution adoptée par le Conseil de Sécurité de l'ONU proroge le mandat de la mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso) de six mois jusqu'au 31 octobre 2018. «L'Algérie prend acte de la nouvelle résolution sur la question du Sahara Occidental que le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient d'adopter. Elle relève avec une grande satisfaction que cette résolution réaffirme, une fois de plus, avec clarté, dans son préambule comme dans son dispositif, qu'il n'est de solution à ce conflit, que celle-là qui assure l'exercice par le peuple du Sahara Occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination», a précisé M. Benali Cherif.


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