Le Front Polisario a, une nouvelle fois hier samedi, appelé les Nations
unies à faire respecter la légalité internationale et les résolutions de son
Conseil de sécurité dans le dossier de décolonisation au Sahara Occidental.
Les autorités sahraouies, réagissant au discours du roi Mohammed VI, qui a
confirmé la volonté du Maroc d'occuper indéfiniment ce territoire, de spolier
de sa liberté le peuple sahraoui et d'ignorer les résolutions pertinentes des
Nations unies, estiment que le Maroc n'a «aucune volonté sincère de coopérer de
manière constructive en faveur d'une paix durable et définitive conformément à
la légalité internationale». Dans un communiqué du ministère sahraoui de
l'Information, les autorités de la RASD relèvent que «le discours (du roi du
Maroc) consacre la politique expansionniste marocaine adoptée depuis plus de 35
ans». Un discours, prononcé à l'occasion du 11e anniversaire de l'accession de
Mohammed VI au trône alaouite, qui est de nature, ajoute la même source, à
«attiser le feu de la guerre et des tensions dans la région». Bien plus, les
autorités sahraouies déplorent, une fois de plus, «la poursuite de
l'intransigeance, du non-respect des résolutions des Nations unies et de la
violation de la légalité internationale et des droits de l'Homme» par la
puissance occupante, le Maroc.
Le monarque marocain avait, dans son discours vendredi, réaffirmé que le
Maroc est toujours décidé à s'approprier le territoire du Sahara Occidental.
«En tout état de cause, le Maroc continuera à défendre sa souveraineté, son
unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas
renoncer au moindre pouce de son Sahara», a martelé le souverain marocain, qui
a une nouvelle fois mis en avant la proposition d'une large autonomie dans ce
territoire qu'il a présenté aux négociations de Manhasset avec le Front
Polisario.
En fait, le Maroc et le Front
Polisario n'ont pas totalement mis un terme à ces négociations, qui patinent
terriblement du fait de l'intransigeance du palais royal à ne prendre en
considération dans ces discussions que sa proposition, refusant d'envisager la
proposition sahraouie, soutenu par la communauté internationale, pour un large
référendum au Sahara Occidental.
Dérapages du roi
Dans son discours de la fête du Trône, le roi du Maroc a même accusé,
dans un accès de délire, «l'Algérie (…) de contrarier la logique de l'Histoire,
de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara
marocain», et de l'appeler à renoncer «à ses manÅ“uvres désespérées visant
vainement à torpiller la dynamique enclenchée par (…) l'initiative d'autonomie
pour nos provinces du Sud».
Pas question ainsi pour le Maroc, fort du soutien «intéressé» de quelques
membres du Conseil de sécurité de l'ONU, d'ouvrir la voie à un règlement
négocié, pacifique et démocratique à ce dernier dossier de décolonisation non
seulement en Afrique, mais dans le monde.
Le gouvernement sahraoui a, par ailleurs, rappelé dans son communiqué que
«les résolutions de la légalité internationale sont claires vis-à-vis de la
question du Sahara Occidental, dernière colonie en Afrique, et dont la solution
réside dans l'application du principe d'autodétermination et du respect des
frontières héritées du colonialisme».
Les autorités sahraouies ont, d'autre part, appelé le gouvernement
marocain à assumer «sa responsabilité quant aux conséquences de cette attitude»
de refuser le droit au peuple du Sahara Occidental d'exprimer librement ses
choix pour son avenir politique, malgré toutes les résolutions de l'ONU sur ce
sujet depuis le cessez-le-feu en 1991. Bien plus, le discours du monarque
marocain sur la persistance de l'occupation de ce territoire par le Maroc a,
une fois encore, obligé les autorités sahraouies à appeler l'ONU pour qu'elle
«accélère sa mission de décolonisation au Sahara Occidental», et de permettre
au peuple sahraoui «d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à
l'indépendance».
Du pain sur la planche pour M. Ross
Le même communiqué du gouvernement sahraoui demande également aux Nations
unies «de faire pression sur le gouvernement marocain pour l'amener à respecter
la légalité internationale et cesser ses violations des droits de l'Homme au
Sahara Occidental». La réaction des autorités de la République Arabe Sahraouie
Démocratique (RASD) est, par rapport au discours étonnant d'agressivité du
monarque marocain, claire et logique : elle en appelle, une fois encore, à
l'arbitrage et à l'autorité morale des Nations unies pour faire cesser le
cauchemar de l'occupation injuste et contraire aux droits humains du Sahara
Occidental, et de mettre en Å“uvre rapidement les conditions d'organisation d'un
véritable référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Personne
n'est gagnant dans la persistance de ce conflit, encore plus le Maroc qui
reste, au regard de la légalité internationale, l'agresseur et l'occupant, que
les textes de l'ONU qualifient comme puissance coloniale.
Pour autant, le discours de Mohammed VI jette enfin un sérieux doute sur
la volonté du Maroc de coopérer réellement avec l'envoyé personnel du SG de
l'ONU pour le Sahara Occidental, du moment que Rabat ferme définitivement
toutes les issues aux négociations de Manhasset, officiellement encore en
cours, en ne cautionnant que sa proposition d'une large autonomie dans ce
territoire. L'avenir de ces discussions est mal engagé, et M.Christopher Ross
aura bien du mal à travailler ave le palais royal sur cette question.
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Posté Le : 01/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com