Algérie

Sahara Occidental «La paix des braves» à la marocaine



Du fond de sa tombe de Colombey-les-deux-églises, le général de Gaulle est-il en passe d'inspirer le Palais royal marocain? Dernier subterfuge -ou manoeuvre-? pour sortir de l'impasse sahraouie, Rabat serait tenté par une «Paix des braves». Une offre destinée à faire monter le Polisario dans la locomotive du «Plan d'autonomie». Telle est la lecture qui se dégage de la dernière livraison de «Jeune Afrique». Dans l'entourage de Mohamed VI, les chargés du dossier sahraoui envisageraient, à en croire l'hebdomadaire parisien, de proposer au chef du mouvement indépendantiste, Mohamed Abdelaziz, de présider la future autonomie du Sahara Occidental. Rien de moins. Cette hypothèse ne repose pas sur un raccourci journalistique, mais résume une suggestion émise par les émissaires du Palais. Au milieu de la semaine dernière, le siège parisien de l'hebdomadaire recevait Brahim Hakim, ex-chef ministre des Affaires étrangères de la RASD, ex-ambassadeur sahraoui à Alger. L'homme a été l'un des «premiers fils égarés» à répondre à l'appel du roi Hassan II et rejoindre la «mère patrie». C'était en 1992, un an après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre les belligérants. Nommé «préfet hors cadre» du vivant de Hassan II, il devient, sous Mohamed VI, «ambassadeur itinérant» rattaché au Palais. L'ex-étudiant en Sciences éco à l'université d'Alger est venu dire à partir de «Jeune Afrique» que le Polisario a vocation à trouver place dans le Plan d'autonomie. Sa virée parisienne survient à un moment particulier. Elément contextuel qui n'a pas échappé à l'observation de l'hebdomadaire de Béchir Ben Yahmed, son séjour devance de quelques jours deux évènements importants: la tenue, entre les 14 et 16 décembre, du congrès du Polisario, puis la reprise, le 7 janvier dans la banlieue de New York, des négociations avec le Maroc sous les auspices de l'ONU. Contrairement aux années précédentes, le mouvement sahraoui a décidé, cette année, de réunir ses congressistes à partir de Tifariti. Un choix géographique perçu par «Jeune Afrique» comme un refus de tout compromis. Le lieu, bien que calme, est situé au Sahara Occidental à quelques jets de pierre des murs de défense. «A portée de jumelles des lignes de l'armée marocaine», note l'hebdomadaire. De Paris, Brahim Hakim s'est efforcé de s'inviter par anticipation aux assises sahraouies. «Le seul sujet qui vaille d'être traité à ce congrès est justement le Plan d'autonomie marocain», dit-il. Et l'ex-dirigeant de la RASD de suggérer au conclave sahraoui une piste de discussion: «La direction du Front doit savoir qu'elle aura un rôle central et même fondamental à jouer, en tant que telle, dans toutes les institutions de l'autonomie, pour peu qu'elle l'accepte». C'est la première fois depuis son «retour au bercail» que l'un des plus connus des «fils égarés» taille expressément un rôle à la direction du Polisario dans le Plan d'autonomie. Un scénario que la diplomatie marocaine s'emploie, sans succès pour l'heure, à faire valider par les Nations unies. Avant lui, un autre «fils» du Sahara Occidental, Khalihenna Ould Errachid, le patron de l'officiel Conseil royal consultatif des questions sahraouies (Corcas), avait lancé du bout des lèvres un appel au président de la RASD et SG du Polisario. «Mohamed Abdelaziz lui-même pourrait, c'est envisageable, en être le président», disait-il voici un an. «L'appel que je leur lance est donc clair: ne laissez pas passer cette chance unique de sortir de l'impasse». Réponse à cette offre de «Paix des braves», le 16 décembre.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)