Algérie

Sahara Occidental Apre bataille diplomatique à New York



Signe de l'âpreté de la bataille diplomatique qui se déroule à New York, le Conseil de sécurité a reporté, vendredi, son vote sur le renouvellement du mandat de la Minurso dont le mandat expire le 30 avril. La cause, un projet de résolution appelant aux négociations directes entre les deux parties, dont la formulation faisait la part belle au projet d'autonomie marocain.  Contrairement au rapport du secrétaire général des Nations unies qui, tout en rappelant le droit des Sahraouis à exercer leur autodétermination, traitait sur le même pied d'égalité les propositions marocaine et sahraouie, le projet de résolution élaboré était clairement déséquilibré. Le projet, portant largement l'empreinte de Paris, Madrid et Washington, utilisait les termes de « crédible et sérieux » pour qualifier le projet marocain et se contentait de prendre « note » des propositions sahraouies. La formulation d'une résolution n'étant jamais anodine, les Sahraouis y ont vu une tentative de faire endosser le plan marocain d'autonomie par l'institution internationale et d'évacuer, par une pirouette, la référence essentielle à l'exercice du droit de l'autodétermination.  Le mécontentement du Polisario s'explique: le projet n'était même pas dans la logique des négociations « sans conditions préalables » souhaitée par le secrétaire général de l'Onu, mais intimait une quasi-injonction à discuter du plan marocain comme base de solution. Le refus du Polisario contraint ainsi les diplomates à revoir la copie et à rééquilibrer le projet de résolution qui doit normalement être soumis demain à l'examen du Conseil de sécurité.  Le Maroc, qui, grâce à un travail de lobbying aux Etats-Unis, a reçu l'appui de 169 parlementaires américains appelant Bush à soutenir le projet d'autonomie, a reçu l'appui de Paris, Madrid et Washington, après un rapport plutôt « refroidissant » du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon. Mais le déséquilibre du projet a fait réagir d'autres pays qui considèrent qu'on saute allègrement sur le principe, formellement réaffirmé, de l'autodétermination des Sahraouis.  « Il y a un acharnement des Etats-Unis, de la France et de l'Espagne à vouloir violer la légalité internationale en ignorant tout simplement le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, qui est l'un des principaux piliers des Nations unies », a déclaré à l'APS, vendredi à New York, M. Youcef Yousfi, ambassadeur représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies.  Le diplomate algérien, qui, une fois n'est pas coutume, a laissé de côté la langue de bois diplomatique, a accusé le trio de vouloir imposer le projet marocain d'autonomie comme base de solution et a indiqué que la Russie et la Grande-Bretagne s'y étaient fortement opposés. Le projet a été amendé dans le sens d'un plus grand équilibre sur la base des recommandations du secrétaire général de l'Onu appelant à une solution politique acceptable pour les deux parties et un « traitement identique » à réserver aux propositions du Front Polisario. On aurait, selon le diplomate algérien, un nouveau texte qui « réduit considérablement la prétention marocaine de vouloir faire endosser par le Conseil de sécurité son plan d'autonomie ».  Les Sahraouis ont l'appui de l'Afrique du Sud et du Panama, qui souhaitent que les propositions sahraouie et marocaine soient traitées de manière égale. Les discussions se poursuivaient sur la rédaction finale du projet de résolution avec, bien entendu, le 30 avril comme date butoir. La bataille diplomatique n'est pas terminée..., avec en filigrane l'enjeu majeur: référendum d'autodétermination ou pas.


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