Algérie

Saga d'un été chaud



Une affaire qui a fait grand bruit
L'été 2018 a été des plus chauds, pas que du point de vue température. Des événements «chocs» ont capté l'attention de l'opinion publique, et ce n'est pas encore fini! Petit tour d'horizon en attendant le «sacrifice» de l'Aïd...
La vedette incontestable de cet été 2018 est un... boucher! Vous l'avez certainement reconnu, il s'agit de Kamel dit «El Bouchi» qui s'est spécialisé dans la vente de la blanche, mais pas la viande. Lui fait plutôt dans la cocaïne, et sa cargaison de 701 kilogrammes a été interceptée au port d'Oran par les services de sécurité, le 29 mai dernier en plein mois de Ramadhan. Au-delà de la quantité impressionnante de cocaïne saisie (la plus grande de l'histoire de l'Algérie), cette affaire de drogue s'est transformée en véritable affaire d'Etat. Le boucher, qui était spécialisé dans l'importation de viande avant de se reconvertir dans l'immobilier, avait graissé la patte à des responsables de l'administration algérienne, à divers niveaux. Magistrats, responsables locaux, policiers et même enfants de hauts responsables ont reçu des «dons» généreux de la part du «Boucher». L'homme de 42 ans filmait ses rencontres avec ses interlocuteurs, et il les a «égorgés» dans sa chute. Un véritable feuilleton politico-médiatique s'en est suivi. Les premières grosses chaleurs sont arrivées, mais cela n'a pas empêché les responsables de différents appareils de l'Etat d'avoir des sueurs froides. Et pour cause, le scandale qui a suivi a fait que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, décide de faire le nettoyage. De gros changements ont suivi, notamment à la tête de la police et la gendarmerie. Et c'est ce qui a encore plus alimenté les débats. Dans la rue, dans les cafés, chez les coiffeurs... on ne parlait que de cela! Et comme dans un bon feuilleton de l'été, on attendait tous les jours une nouvelle partie pleine de rebondissements. C'est donc sur Kamel et sa «coc» que les projecteurs étaient tournés! Profitant de la confusion, les islamistes ont pointé leur bout du nez. D'abord, par l'entremise de leurs représentants politiques qui, à un an de l'élection présidentielle, ont lancé un appel à une transition politique pilotée par...l'armée. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui s'est vu pousser des ailes à la faveur de la fusion avec l'ex-frère ennemi le Front du Changement du dissident Menasra, a essayé de mener des pourparlers politiques avec les autres partis, à leurs têtes le FLN et le RND. Le président du MSP, Abderezzak Makri, qui a fait croire que cette initiative personnelle s'est faite sous l'égide de l'armée, a reçu une fin de non-recevoir par d'abord l'institution militaire ensuite par tous les acteurs politiques qu'ils soient du pouvoir ou de l'opposition. L'initiative du MSP a fait pschitt! Même son impact sur l'opinion publique a été des plus faibles. On était plus intéressé par l'histoire du «Boucher» ou les transferts d'inter- saison que par une ineptie politique qui ne semble répondre à aucune logique. Leur retour à la «Erdogan» ayant échoué, il fallait alors trouver une solution pour revenir au premier plan! Les islamistes décident alors de déclarer la guerre à la culture. En l'espace de quelques jours, on aurait cru être revenu aux années 1990. Des hordes de citoyens qui tentent d'empêcher la tenue d'un concert de musique, des barbus en djellaba qui les «incitent» à crier leur colère sur cet art qu'ils qualifient de diabolique, une prière collective pour «purifier» l'endroit. Ouargla, Bel Abbès, Jijel, Oran, Djelfa... se sont «afghanisés» durant cet été. Le spectre de la décennie noire revient avec force! Les citoyens sont inquiets. Les islamistes eux jubilent! On parle enfin d'eux! Ils occupent les Unes de toute la presse nationale. Ils ont encore une fois réussi à terroriser la population. Mais ils ont vite dû redescendre sur Terre, rattrapés par la réalité de la vie où ils ne proposent rien de concret. Comme en témoigne leur énigmatique silence face à la mort tragique du jeune Aïssa Z.,36 ans, originaire de Oued Souf (sud du pays, Ndlr), tué par des «parkingeurs» à la plage d'Aokas (Béjaïa). Terrible! Ce drame a enclenché une guerre contre les parkings sauvages, où la police sous les ordres de son nouveau chef Mustapha El Habiri, a décidé de venger la mort de ce jeune homme en se montrant intransigeante contre les squatteurs de trottoirs. La guerre contre les parkings sauvages est donc le nouvel épisode de cette saga de l'été. Tout comme le poulet qui s'est vu pousser des ailes et qui a poussé les citoyens à le boycotter. Le mouton, lui, pointe le bout de ses cornes. Le gouvernement qui doit rentrer de vacances quelques jours avant l'Aïd El Adha aura du pain sur la planche afin d'assurer un Aïd serein, avant de se pencher sur la rentrée. Sinon, ce seront eux qui risquent d'être sacrifiés...


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