L'Algérie importe de plus en plus de médicaments. Ils occupent même la deuxième position dans la structure des importations. Les statistiques officielles, des Douanes algériennes, sont là pour l'attester : 2,23 milliards de dollars en 2012, soit une hausse de 13,6% par rapport à 2011, pour un marché qui représentait, en 2011, 2,9 milliards de dollars, avec 1,85 milliard dollars d'importation et 1,05 milliard dollars de production locale, dont 84% reviennent au secteur privé et 16% au public, selon les chiffres de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop). Evidemment, les pouvoirs publics se disent décidés à inverser la tendance et ont même affiché l'objectif de produire localement, d'ici fin 2015, 70% des besoins en médicaments. L'objectif n'est pas irréalisable, si les conditions nécessaires à la mise en place et au développement d'une industrie pharmaceutique moderne, performante et concurrentielle sont réunies. Des mesures incitatives ont été adoptées pour encourager les investissements et/ou les partenariats industriels, et des laboratoires pharmaceutiques étrangers ont saisi l'opportunité. Parallèlement, l'Etat a initié un plan de développement de Saidal qui devrait permettre au groupe pharmaceutique public d'augmenter ses parts de marché de 7% à 25%, et, à terme, d'investir le marché international. Quelque 17 milliards de dinars ont été mis dans la cagnotte qui servira à la construction de sept nouvelles usines, dont trois pour la production de génériques, la modernisation des sites actuels de production ainsi que la création d'un centre R&D et d'un laboratoire de bioéquivalence. Telle que présentée, la stratégie de l'Etat pour booster la production pharmaceutique et réduire par conséquent la facture d'importation des médicaments, ne peut qu'aboutir. Mais dans toute stratégie il y a le paramètre indéterminé, qui, s'il n'est pas réduit, peut devenir le grain de sable dans l'engrenage. Dans le cas Algérie, «l'indéterminé» est en fait bien déterminé, connu et cerné, il s'appelle la réalité du terrain, qui peut remettre en question, voire annihiler, lois, décrets, décisions et projets. Un exemple : que peut Saidal, avec toutes ses usines, contre des importateurs et producteurs qui offrent jusqu'à 70% d'unités gratuites aux grossistes alors que le groupe public s'interdit la pratique de toute promotion, car prohibée par la loi, qu'il se doit de respecter ' Le ministère de la Santé a bien pondu une circulaire interdisant aux laboratoires pharmaceutiques la distribution de «cadeaux promotionnels» et d'échantillons gratuits aux médecins, mais il a raté sa cible. Car, c'est à un autre niveau que se joue la domination du marché. Et dans ce jeu, les producteurs et les importateurs privés - dont certains sont soutenus par des personnalités influentes, quand ils n'en sont pas les partenaires- ont tous les avantages, vu qu'ils ne respectent aucune règle. Au final, il apparaît que l'importation de médicaments est en fait encouragée, et tout le reste n'est que littérature et discours.
H. G.
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Posté Le : 02/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Gherab
Source : www.latribune-online.com