Saâdani

Le chef du FLN semble se plaire dans cette double posture de celui qui va au charbon et qui, en même temps, est chargé de faire l'intermédiaire entre un Président aphone et une opinion publique perplexe.Visiblement plus informé que le gouvernement en place sur ce qui se trame en haut lieu à propos des grandes questions de l'heure, le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, semble prendre un malin plaisir à revêtir le costume de celui qui veut toujours montrer qu'il sait tout. Ainsi, sur la révision constitutionnelle envisagée par le président Bouteflika, un sujet sur lequel on ne sait pas pour le moment grand-chose, le patron du FLN se montre même précis quant à la période à laquelle le texte devrait être soumis à adoption. D'après lui, en effet, la révision de la Constitution aura lieu en janvier 2016. Dans une déclaration à la presse, après avoir reçu une délégation du parti du Congrès national africain (Afrique du Sud), M. Saâdani a affirmé que cette révision de la Constitution "interviendra en janvier 2016", sans pour autant donner plus de précisions quant à la date ou à la procédure de cette révision.Le tonitruant chef du FLN adopte-t-il ainsi, une nouvelle fois, la posture de celui qui est chargé de communiquer publiquement sur les projets du chef de l'Etat ' Il en a tout l'air puisque même le communiqué de la présidence de la République qui a fait état de la tenue, lundi dernier, d'un Conseil restreint consacré à l'examen de l'avant-projet de révision de la Constitution, et présidé par le chef de l'Etat, n'avait fourni aucun détail sur l'agenda y afférent.Les rédacteurs du laconique communiqué de la présidence de la République s'étaient juste contentés de donner les noms des personnalités présentes à cette réunion au sommet et d'ajouter que "d'autres rencontres seront consacrées à la finalisation de cet avant-projet sous la direction du chef de l'Etat".Il n'était donc, à aucun moment, question de donner une quelconque précision quant à la date ou tout au moins la période à laquelle la révision devrait avoir lieu. Saâdani se permet d'être plus précis que ce communiqué de la présidence sur le sujet. Bien que brutalement rappelé à l'ordre il y a quelques semaines par le chef de l'Etat lui-même lorsqu'il s'est aventuré à remettre en cause le soutien de l'Algérie à la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination, le chef du FLN semble encore bénéficier de la confiance du cercle présidentiel. Et, visiblement, ce personnage pour le moins controversé, comme le FLN en a, peut-être, jamais connu, se plaît dans cette double posture de celui qui va au charbon et qui, en même temps, est chargé de faire l'intermédiaire entre un Président aphone et une opinion publique perplexe. Ainsi, il ne faudrait surtout pas s'étonner si, dans les semaines à venir, le même personnage venait à commettre une nouvelle sortie médiatique pour livrer plus de détails sur le projet de révision constitutionnelle, au lieu que cela se fasse par le canal normal des institutions en place, comme la présidence de la République ou le gouvernement.Cette nouvelle incursion médiatique du patron du FLN montre en fin de compte, si besoin est, que les choses sérieuses vont commencer concernant la révision constitutionnelle envisagée par le président Bouteflika et qu'on est, visiblement, dans la dernière ligne droite avant la diffusion du contenu de ce texte à soumettre à adoption soit par les deux chambres du Parlement réunies, soit par référendum. Par conséquent, il apparaît peu probable que de nouvelles consultations politiques autour du projet de révision constitutionnelle aient lieu entre-temps comme avancé, à un moment, par certains acteurs politiques proches du cercle présidentiel.H.S.