Saâdane : «Ziani est peut-être victime d'un règlement de comptes»

«J'étais pour convoquer Halliche même quand il ne jouait pas.» «En Afrique du Sud, les conditions seront en faveur de l'Algérie.» «J'ai voulu donner une leçon à Lemmouchia, mais la FAF ne m'a pas suivi.»
Dans des déclarations audacieuses faites à la chaine Berbère TV, l'ancien sélectionneur national, Rabah Saadane, a évoqué plusieurs sujets liés à l'actualité de l'équipe nationale. Au sujet de la qualification des Verts pour la CAN-2013, il a exprimé son «bonheur et satisfaction pour cette performance en tant qu'Algérien, surtout que l'Algérie a été absent de la précédente édition». Il a ajouté : «C'est une chose positive, tout comme est positif la position de l'Algérie au classement de la FIFA. Cela sera très bénéfique pour cette jeune équipe qui a un gros potentiel. En un mot, cette qualification est on ne peut plus positive.»
«En Afrique du Sud, les conditions seront en faveur de l'Algérie»
Interrogé sur les chances de l'Algérie lors de la Coupe d'Afrique des nations, Saadane a estimé que «ce tournoi constituera un excellent test pour jauger l'équipe et cela peut être le véritable envol en perspective des qualifications pour la Coupe du monde qui suivront juste après. En Afrique du Sud, toutes les conditions seront réunies pour faire un bon tournoi : le pays est développé, les stades sont de qualité et même le climat sera favorable aux joueurs algériens. Disputer cette CAN sera affronter les meilleures sélections d'Afrique dans les meilleures conditions possibles».
«Les Verts dans le dernier carré, c'est plausible»
La sélection algérienne est placée, par les observateurs, parmi les favoris pour terminer dans le dernier carré lors de la CAN-2013 et Saadane partage cette opinion : «Normalement, cela est plausible. La dernière participation de l'Algérie à une phase finale de la CAN s'était soldée par une qualification aux demi-finales et nous avions raté la finale à cause d'un problème sur lequel je ne veux pas revenir encore une fois. La sélection a développé ses ressources humaines et possède désormais des joueurs de haut niveau.» En somme, «l'Algérie n'a rien à perdre dans ce tournoi et elle pourra aller très loin».
«Je n'aime pas comparer cette sélection avec celle que je dirigeais»
L'inévitable question sur la différence entre la sélection nationale version Saadane et celle version Halilhodzic a été posée à l'ancien sélectionneur, mais ce dernier a refusé d'y répondre explicitement : «En vérité, il est difficile de répondre à cette question. Je n'aime pas les comparaisons. La sélection que j'ai entrainée avait été comparée à celle des années 80 et l'actuelle est en train d'être comparée avec celle qui l'a précédée. Quand j'étais en poste, nous sommes partis en Coupe d'Afrique des nations et en Coupe du monde en jouant avec c'ur et un esprit de corps. Cela nous avait permis de réaliser des résultats à domicile et à l'extérieur. La sélection actuelle est jeune et possède de grandes individualités, surtout dans le compartiment offensif. Elle a besoin de temps pour progresser davantage. Malheureusement, la rareté des dates FIFA freine quelque peu son évolution car il est difficile de regrouper la sélection. Le sélectionneur actuel pourra toutefois trouver les solutions adéquates.»
«C'est un manque de respect envers Ziani»
Saadane a été questionné sur l'opportunité ou pas de la présence de Karim Ziani au sein de l'effectif actuel des Verts. «Le sélectionneur a ses raisons pour ne pas convoquer Ziani et nous devons les respecter. Cependant, je pense que c'est un manque de respect pour ce joueur qui a choisi l'Algérie alors qu'il était chez les Espoirs et a amené un état d'esprit et de l'enthousiasme. Halilhodzic aurait pu le convoquer et discuter avec lui. Je pense qu'il y a un problème quelque part. Sa non convocation peut s'expliquer par le changement que connaît la sélection. C'est peut-être, quelque part, un règlement de comptes et Ziani aurait payé sa forte personnalité. Il faut dire les choses franchement. C'est au sélectionneur et à la FAF de décider du cas Ziani, un joueur talentueux, un meneur d'hommes qui a un charisme incontestable et qui est aussi expérimenté. Il a joué une Coupe du monde et un joueur de ce profil ne doit pas être négligé. Avec la présence de Ziani, nous avons réussi, avec l'esprit fraternel qui régnait au sein du groupe, à réaliser des résultats que personne n'attendait.»
«J'ai voulu donner une leçon à Lemmouchia, mais la FAF ne m'a pas suivi»
Si Halilhodzic a écarté Ziani, Saadane avait, de son temps, écarté Khaled Lemmouchia. Pour l'invité de Berbère TV, ce n'est pas le même cas : «Le sélectionneur actuel prend des décisions disciplinaires dans l'intérêt de la sélection et non pas dans son intérêt. De mon temps, il y a eu de nombreuses interventions afin de faire revenir Lemmouchia, mais je tenais à donner une leçon à ce joueur. C'est moi qui lui avais donné sa chance à l'ES Sétif et, même dans les moments difficiles, je l'avais toujours encouragé. Nous travaillons pour l'intérêt de la sélection nationale et pas pour autre chose. Cela dit, je ne tiens jamais rancune à quelqu'un. A mon départ, je n'avais aucun inconvénient à ce qu'un joueur sanctionné soit rappelé. Ce que je regrette, c'est que la FAF ne m'avait pas suivi au sujet de Lemmouchia.»
«La sélection actuelle n'a affronté aucune grande équipe, mis à part le Mali»
La sélection algérienne pourrait enterrer la précédente sélection conduite par Rabah Saadane, mais ce dernier refuse de voir les choses sous cet angle : «Il faut lui poser la question à lui (allusion à Vahid Halilhodzic, ndlr). Jusqu'à présent, la sélection actuelle n'a pas affronté de grande équipe, mis à part le Mali. La prochaine CAN sera d'un haut niveau et c'est là que nous pourrons voir le vrai niveau de l'Algérie. C'est l'occasion de progresser et de poursuivre la construction de cette équipe qui renferme de jeunes joueurs. Vous me rappelez que j'avais intégré 6 ou 7 nouveaux joueurs la veille du Mondial qui, aujourd'hui, ont leurs places et sont titulaires. Il existe également un état d'esprit sain au sein de la sélection et c'est très positif. Reste à régler un ou deux cas. En tout cas, cette équipe est sur le bon chemin et a devant elle plus de temps pour évoluer et progresser. Celle que j'avais a tourné pendant trois ans.»
«Je comprends Halilhodzic quand il convoque Mbolhi»
Interrogé sur le discours contradictoire de Halilhodzic au sujet de Raïs Mbolhi qu'il titularise alors qu'il n'a pas joué depuis plusieurs mois, Saadane dit comprendre la décision du sélectionneur actuel : «Vahid a certes déclaré que celui qui n'est pas compétitif et en forme ne jouera pas, mais il est revenu sur ses propos car il a dû certainement être confronté à des problèmes réels sur le terrain. Il y a, dans la réalité, des problèmes que ne connaît pas le commun des citoyens. Je le comprends car, devant les problèmes et les difficultés, et dans l'intérêt de la sélection, il faut prendre certaines décisions nécessaires, même si elles semblent illogiques.»
«J'étais pour convoquer Halliche même quand il ne jouait pas»
Pour illustrer son propos, il a cité l'exemple de Rafik Halliche. «Je suis pour la convocation de Mbolhi et, l'année passée, j'étais pour la convocation de Halliche même s'il ne jouait pas dans son club car c'est un élément de base sur lequel il faut compter, comme je l'avais fait pour Ziani que je convoquais et faisais jouer même lorsqu'il ne jouait pas dans son club. Pour ce qui est de Belkalem, c'est un joueur pétri de qualités. Il a besoin d'être entouré et de travailler comme il le faut. Il y a plusieurs joueurs qui ont le talent de Belkalem qui ont juste besoin de temps au sein de la sélection des locaux pour s'adapter au haut niveau. Lors de la CAN-2013, nous pourrons juger le réel niveau de Belkalem.»
«Soudani doit confirmer à un, haut niveau, lors de la CAN»
Au sujet de Hilal Soudani, devenu le buteur de la sélection, il refuse de s'enflammer : «Il existe à présent de bons attaquants en sélection. Il y a une richesse sur les plans individuel et collectif. Soudani a beaucoup progressé depuis qu'il est passé professionnel, tout comme Halliche. Aller en Europe est un passage obligé pour les joueurs locaux afin qu'ils puissent progresser. Soudani doit confirmer à un haut niveau, à l'occasion de la CAN-2013.» Saadane a terminé son intervention dans Berbère TV en écartant la possibilité de le voir de nouveau sélectionneur national. «J'ai décliné plusieurs offres, notamment du Maroc et de pays du Golfe. Je pourrais être utile à la DTN, mais c'est une autre histoire. Je pense qu'il existe de jeunes entraineurs algériens qui peuvent assurer la relève.»
Synthèse : Nedjmou S.