Saâdane : «L'absence de Ziani est une grosse perte pour la sélection»

«Je vais retrouver les terrains le plutôt possible par la porte d'un grand club, ou une sélection.»
«Le match du Mali avait besoin d'une préparation spéciale»
A l'issue de la conférence de presse animée par Cheik Mohamed Bensaqr Al Kacemi, qui a annoncé l'organisation d'un tournoi de football mondial à l'Emirat de Ras El Kheima en mois de janvier prochain, nous avons rencontré Rabah Saâdane, l'invité d'honneur à cette manifestation. L'ancien sélectionneur national nous a donné son avis sur plusieurs sujets, notamment la défaite inattendue des Verts contre le Mali. Le Cheikh ne voulait pas s'étaler sur le sujet, pour éviter d'être étiqueté de donneur de leçons pour le sélectionneur actuel. Sur notre insistance, Saâdane videra son sac et donnera même son avis sur les joueurs écartés, comme Karim Ziani.
Tout d'abord, dites-nous comment vous vous êtes retrouvé à ce forum organisé aux Emirats arabes unis '
J'ai répondu à l'invitation qui m'a été adressée. C'est un honneur pour moi et pour l'Algérie, c'est une reconnaissance de la part des étrangers pour les compétences de l'entraîneur algérien, d'autant plus qu'il s'agit de l'annonce de l'organisation d'un tournoi international de haut niveau qui se déroulera dans un pays arabe. Du moment que c'est un Algérien qui est chargé d'organiser cet événement avec les autorités de Ras El Kheima, je suis heureux d'y participer.
Il a été annoncé lors de la conférence de presse, l'organisation d'un tournoi international en janvier prochain en présence des plus grands clubs du monde. Croyez-vous que cette première édition réussira '
Je pense que tous les paramètres de réussite sont réunis. Avec la bonne organisation que j'ai constatée, je pense que cette manifestation prévue pour le mois de janvier sera à la hauteur. Le professionnalisme n'est pas un mot vain actuellement dans les pays du Golfe, et j'espère que ce tournoi deviendra une tradition mondiale.
Vous n'avez pas vu donc le match de l'Algérie contre le Mali, mais vous devez savoir que les Verts ont été battus, quel en commentaire faites-vous '
Ma venue à Dubaï a été programmée depuis un bon moment pour participer à ce forum. Je n'ai pas suivi le match, je ne suis pas donc en mesure de parler sur le plan technique. Mais je dirai que c'était un match important, et j'ai dit juste après le match du Rwanda que le vrai test était ce match contre le Mali. Je connais bien les conditions difficiles dans les stades de l'Afrique noire d'autant plus que notre équipe est en pleine période de transition. Cette défaite ne veut pas dire toutefois qu'on est éliminés. Les chances de qualification restent intactes et l'équipe progressera avec le temps.
Vous aviez donc des appréhensions pour ce match...
Absolument, jouer contre le Rwanda est différent de jouer face au Mali, qui a concédé la défaite de surcroît dans la première journée contre le Bénin. Il ne faut pas également sous-estimer cette dernière équipe. on a vu des choses positives contre le Rwanda, certes, mais cela ne signifie pas qu'on est devenus une équipe imbattable. D'autant plus lorsqu'il s'agit de jouer dans des conditions difficiles de chaleur et de l'humidité.
Pensez-vous que cette rencontre méritait une préparation spéciale '
Tout à fait, jouer en Algérie ou à l'extérieur, ce n'est pas la même chose. La plupart des joueurs évoluent en Europe et n'ont pas une idée sur le climat qu'ils trouveront à Bamako ou au Burkina. Quand je parle de préparation spéciale, je parle des détails. Avoir des joueurs talentueux ne suffit pas, l'acclimatation est un paramètre important. Cela dit, il faut penser à l'avenir puisque les chances de qualification restent intactes. Il faut gagner les prochains matches surtout à domicile.
Ne croyez-vous pas que nous avons raté l'occasion de battre le Mali sachant que le match s'est joué sur un terrain neutre '
J'ai appris durant mon expérience que tout est possible en football. Mais comme je l'ai toujours dit, la programmation de ces matches posent un problème. La FIFA programme des matches à chaque fois en mois de juin, à la fin da la saison, et les autres en mois de septembre, c'est-à-dire au début de la saison. les joueurs ne sont pas dans leurs meilleures formes dans ces périodes. Les entraîneurs sont des victimes de cette programmation. Même la phase finale de la CANB qui se déroule en plein milieu de la saison ne convient pas aux équipes qui n'ont pas le temps de se préparer, puisque les joueurs pensent plus aux vacances.
Mais vous avez su comment gérer cette période de juin, en témoignent les victoires réalisées en cette période contre l'Egypte et la Zambie...
Ne me poussez pas à faire la comparaison entre ce que nous avons fait avec ce que fait maintenant le sélectionneur actuel. A chacun sa méthode. J'ai toujours tracé un plan de travail à chaque fin de saison en prenant en compte l'état physique des joueurs. Lorsqu'on a joué par exemple contre la Zambie, j'ai demandé à la FAF de nous programmer un stage en Afrique du Sud, car on savait qu'on allait jouer à Chililabombwe, à une altitude de 1 200 mètres. on s'est bien préparés, la FAF a mis tous les moyens à notre disposition, et nous avons réussi à revenir avec une victoire, qui a été la clef de notre qualification au Mondial.
Vous avez même tracé des programmes spécifiques pour certains joueurs, mais vous n'avez jamais fait des biquotidiens à la fin de la saison, n'est-ce pas '
Oui, en fonction de l'état physique de chaque joueur pour qu'ils puissent rentrer dans le groupe. Avant le Mondial, je me suis retrouvé avec un groupe comptant plusieurs blessés, au point où j'ai joué le match amical de l'Irlande avec 17 éléments seulement. J'ai donné à chacun un programmé spécifique, et j'ai récupéré tout le monde lors du stage de l'Allemagne, à l'exception de Yebda, qui a rechuté. Sur le plan organisationnel, nous devons tout planifier, et penser même aux petits détails surtout quand il s'agit de jouer hors de nos bases.
Ne croyez-vous pas que cette planification n'existe pas avec le sélectionneur actuel, avec qui tous les joueurs s'entraînent de la même manière '
Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas là pour comparer. L'entraîneur actuel a sa méthode de travail que je respecte. Il faut laisser chacun diriger le groupe avec la façon qu'il juge la meilleure. Je ne suis pas en train de dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire, mais les détails en football sont importants. C'est l'expérience qui me l'a appris.
On ne souhaite pas vous mettre dans l'embarras avec le nouvel entraîneur, mais ne croyez-vous pas que l'équipe avait besoin dans des matches comme celui contre le Mali de l'expérience des joueurs ou certains de ceux qui ont été écartés '
Je ne suis pas le sélectionneur actuellement, mais lui, il est libre dans ses choix que je respecte. Mais j'aurais aimé qu'il y ait une continuité sur cette base de joueurs qui ont une certaine expérience, et qui aurait pu aider les jeunes à mieux s'intégrer avec le groupe. Je pense que l'équipe a besoin de ces joueurs qui ont côtoyé le haut niveau et la sélection. Se passer des services de certains est une erreur.
Croyez-vous que le fait d'écarter Karim Ziani, par exemple, de la sélection est une erreur de la part de l'entraîneur actuel '
Je ne dirai pas que c'est une erreur, mais une perte pour l'Equipe nationale. C'est un joueur expérimenté, que ce soit sur le plan technique ou son influence sur le groupe. Son expérience dans les stades des pays de l'Afrique aurait pu servir l'équipe. A mon avis, c'est une grosse perte pour la sélection.
Vous vous êtes accroché avec lui à la veille de la rencontre contre l'Egypte au stade de Blida, mais il a été l'homme du match ce jour...
Je connais bien Ziani, et je sais comment me comporter avec lui. Il est vrai qu'on a eu un accrochage en France, et ça a failli dégénérer (il rit), mais il est venu demander des excuses. Les choses sont rentrées dans l'ordre à notre retour au pays. C'est un joueur qui a un tempérament de gagneur, et même je me suis fâché contre lui, je le considérais comme mon fils. Il a fait un grand match contre l'Egypte. Il faut juste savoir comment se comporter avec lui. Gérer le plan technique ne suffit pas, des fois il faut savoir comment se comporter avec l'homme avant tout.
Et comment voyez-vous l'avenir des Verts après cette défaite '
Nos chances sont intactes, l'équipe possède d'excellents joueurs que nous n'avons pas eus à notre période. Il faut juste savoir comment gérer le groupe, pour réaliser de bons résultats. Il y a un bon groupe, et l'entraîneur actuel est capable de réaliser de bonnes choses avec lui.
Etes-vous en contact avec certains joueurs '
Oui, certains joueurs continuent de m'appeler au téléphone, je suis très content pour eux et leur parcours avec les Verts. iIs sont comme mes enfants.
Pouvez-vous nous donner les noms de joueurs qui vous appellent '
(Il rit) Vous voulez tout savoir. Non, je préfère ne pas donner de noms, pour ne pas embarrasser les intéressés. Je ne suis pas à la tête de l'équipe, je ne veux pas qu'on leur reproche le fait de m'appeler.
Le terrain, vous manque-t-il ' Ou voulez-vous restez le plus longtemps loin des terrains '
(il réfléchit) Franchement, le terrain me manque, je vis du football qui coule dans mes veines. Lorsque je me rappelle les souvenirs avec l'Equipe nationale, je me sens fier. Il n'y avait pas de pression, et demandez aux joueurs comment à quel point ils étaient sereins, même à la veille des rencontres décisives. Ce qui leur permet de bien aborder leurs matches, tellement ils étaient loin de la pression tout au long de la semaine.
Et quand allez-vous renouer avec les terrains '
Inch'Allah, le plutôt possible. Je prendrai un grand club, ou une sélection, je n'ai pas encore tranché.
Dites-nous à la fin, qui est votre favori pour cet Euro '
Croyez-moi, je ne suis pas doué dans les pronostics. Et à chaque fois je passe à côté.
Mais vous avez une préférence pour une équipe, n'est-ce pas '
(Il hésite un peu) Franchement, je suis fan de l'équipe d'Espagne.
Merci Cheikh pour cette discussion...
Il n'y pas de quoi, toutes mes salutations pour le peuple algérien.