Algérie

sa création est un défi des mamans courageuses



Sa création était un défi relevé par des mamans courageuses

L’association Wafa de Constantine brise le mur du silence des enfants autistes

Créée en 2004, l’association Wafa de Constantine pour les enfants autistes, atteints d’un trouble de développement neuropsychologique portant de façon prédominante sur les fonctions de communication et de socialisation, tente tant bien que mal de briser le mur du silence autour d’une maladie toujours mal connue et dans la plupart des cas tardivement diagnostiquée. Sur les 100 adhérents que compte l’association, douze enfants fréquentent les cours de classe quotidiennement. La majorité sont des garçons âgés entre 3 et 12 ans, et les cours disposés par des éducatrices se résument à apprendre à l’enfant autiste à être autonome dans ses gestes quotidiens. «C’est un travail de longue haleine», assure Mme Badiaâ Boufama, présidente de l’association Wafa. Et de poursuivre : «chaque enfant a son éducatrice. Elle lui apprend entre autre à s’asseoir et puis à capter son attention, à pouvoir s’attabler et utiliser une cuillère ou encore faire savoir qu’il veut aller aux toilettes». Un seul geste peut être assimilé en des mois voire une année assure-on. En effet, rares sont les enfants autistes à apprendre vite, bien que lors de notre passage au siège Wafa, la joie des éducatrices était à son comble quand Louaï, 3 ans à peine a appris à tenir une cuillère dans sa main en un premier essai. «C’est un exploit!», lance Mme Boufama, «mon fils Lokmane 12 ans a assimilé la leçon de la cuillère en 4 mois, d’autres l’ont assimilé en plus d’une année», atteste notre interlocutrice. Sur les douze enfants, seul un garçon parle, les autres s’expriment par des gestes. L’équitation et la natation font aussi partis des cours. Chaque dimanche, les éducatrices accompagnent les enfants au Creps pour leur cours de natation. «Le cours fait parti des méthodes thérapeutiques et c’est indispensable pour les enfants», affirme la présidente de l’association Wafa. Le mercredi après-midi est réservé au cours d’équitation offert gracieusement par le responsable du club hippique de Boussouf. «Le rendez-vous est toujours attendu avec impatience » assure Mme Chafia, une des psychologues de l’association et continue : «on a toujours du mal à rassembler les enfants pour rentrer», poursuit-elle. Mme Mazli enchaine, « ces activités sont des jeux de socialisation capitaux pour les enfants. Le fait de faire sortir dans la rue les enfants, de leur faire monter et descendre d’un bus, voir les gens est un apprentissage en lui-même».Mme Boufama s’exprime non sans une note de désarroi quant au regard des gens à l’enfant autiste, «une panique s’empare toujours des gens, comme si l’enfant était dangereux ou agressif». Une remarque qui nous a menée à parler de l’autisme dans notre pays. « Souvent la maladie est méconnue même par les praticiens. Mon fils Lokmane a été diagnostiqué autiste à 7 ans. Avant ça j’ai passé une longue traversée du désert entre les médecins et les neurologues pour arriver à comprendre pourquoi mon enfant était mou, ne répond pas à mes gestes et semble être dans un monde à lui». Le retard dans le diagnostique de la maladie de l’autisme est souvent la cause assure-on, qui retarde la prise en charge de l’enfant malade et par conséquent, dans la majorité des cas l’autiste bascule vers la débilité voire la folie. «C’est en bas âge qu’on peut récupérer un enfant autiste. Dépasser 16 ou 17 ans c’est très difficile qu’il s’applique» nous confie la psychologue. Et d’enchainer, « la maladie touche beaucoup plus les garçons que les filles. On dénombre une fille sur 5 garçons». L’enfant autiste peut développer une aptitude spéciale comme être doué en mathématique ou la musique, et c’est le rôle de l’équipe pluridisciplinaire composée des éducateurs, psychologues, et des psychomotrices de détecter ces particularités et de les développer. Répéter et répéter le geste à l’enfant, être patient et nouer une relation de confiance avec lui sont souvent les clés de la réussite. Les jeudis matin à l’association Wafa sont réservés aux parents des enfants autistes. Psychologues et consultants du centre national de formation du personnel pour handicapés (CNFPH) assurent la guidance parentale et le soutien aux mamans notamment. L’écoute et les conseils sont donnés à des mamans dans leurs approches pour accompagner leurs enfants autistes, spécialement ceux qui ont plus de 18 ans et qui ne peuvent se présenter aux cours disposés à l’association. Des parents d’enfants autistes de plusieurs villes de l’est se déplacent jusqu’au siège de l’association pour demander conseils aux éducateurs et psychologues. Des parents d’enfants fréquentant la classe de l’association, témoins de ses premiers pas nous ont assuré que la création de l’association Wafa était un défi que certaines mamans d’enfants autistes ont soulevé. «Avant 2004, le public et mêmes les spécialistes qui connaissent l’autisme était très rares, sa mention mêmes dans les cours des encadreurs des handicapés était très bref. Nous avons travaillé à vulgariser cette pathologie et surtout à créer un réseau de soutien pouvant aider des parents en désarroi», nous confie une maman. En 2008, et dans le cadre des projets financés par l’union Européenne, l’association Wafa a décroché une subvention estimé à 337 millions de centimes pour l’exercice 2008-2009. La somme a permis de louer et d’équiper des locaux à Daksi et aussi de payer le personnel. «L’union Européenne assure 80 % du coût du projet et nous avons des promesses du premier responsable de la wilaya pour débloquer les 20 % restant du projet». Avant cela l’effectif de l’association Wafa était composé des jeunes recrutés dans le cadre du filet social. «Les débuts de l’association étaient vraiment difficiles. Nous avons frappé à toutes les portes et nous avons sollicité l’aide de l’administration du CNFPH. Avec du temps et de la volonté surtout, nous sommes arrivés à former une petite équipe pluridisciplinaire qui prend en charge les enfants autistes, un rêve qui paraissait très loin, il y a juste 5 ans», nous confie Mme Boufama. Et de poursuivre : « le directeur du CNFPH nous a beaucoup aidé. Hebdomadairement, il envoie un professeur pour la formation et le recyclage du personnel. Il nous invite aussi aux séminaires que tiennent des experts portant sur l’autisme».Sur leurs relations avec d’autres associations pour autistes dans le pays, la présidente assure que des contacts ont eu lieu avec une association d’Alger afin de mettre un programme éducatif commun. Aussi, avance-on, chaque fois que le professeur Ould Taleb, responsable d’un centre pour autistes dans la capitale organise des rencontres ou des débats autour du sujet invitent les éducateurs de l’association à y participer.
Moza D

Une lettre pour le wali sollicitant son aide

Des mamans qu’on a rencontré au siège de l’association Wafa n’ont pas caché leur désarroi face à la situation que les membres de l’association font devoir faire face d’ici quelques mois, «La subvention de l’UE arrivera à terme en août prochain, et le spectre de ne plus pouvoir financer le coût d’un local nous paralyse», nous confie une mère. Une autre enchaine : « j’habitais dans la commune de Didouche Mourad, j’ai vendu ma maison et j’ai acheté un appartement à Daksi pour que mon fils puisse bénéficier des cours proposés», alors qu’une autre ajoute : «« Moudjib, 10 ans était il y a juste quatre mois toujours avec des couches, et là il demande à aller aux toilettes, une amélioration que nous n’avons jamais imaginé». D’autres parents parlent d’une lettre à adresser au wali pour leur assurer au moins un local. «Nous comptons demander une audience et lui remettre une lettre sollicitant son aide notamment pour l’obtention d’un local pour que l’association continue de proposer des cours aux enfants autistes et pour que les efforts déployés pendant des années ne disparaissent pas fortuitement», lancent des parents d’enfants.
M. D



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