Algérie

S. O. S. Sur l’Asile de Sid-Ahmed Bellahcène El-Ghomri de Tlemcen



C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai suivi le 12 mars 2001 l’émission transmise par les animateurs de la radio de la chaîne III sur les ondes locales de Tlemcen. Plusieurs personnes y sont intervenu pour parler du patrimoine civilisationnel de cette ville, ancienne capitale du Maghreb central.

Ce fut d’abord l’allocution de l’éminent musicologue Salah BOUKLI HACENE, qui a été remarquable par l’appoint historique de l’art qu’il maîtrise et qui nous a rappelé la grandeur de la civilisation arabo-musulmane de la péninsule ibérique, à l’époque d’El-Andalouss.

Non moins important, était cet autre rappel aux sources, celui là d’ordre civilisationnel, décrit par le professeur Mohamed BAGHLI. Il nous a fait savoir que c’est sur les hauteurs de Tlemcen, et plus exactement sur le versant de Djebel Attar qu’Abou Mouhadjer DINAR a rencontré en l’an 675 (M) la Kahina et son fils Kosseila, à la tête de milliers d’hommes pour les convaincre de la valeur du Message Divin venu vers eux à partir de Médine. Imaginez alors la première prière du vendredi, accomplie sur ce plateau, il y a plus de 13 siècles, par des musulmans venus de toutes les régions du Maghreb, et dont la majorité était nouvellement convertis à l’Islam.

Ce fait a laissé rêveurs tous les auditeurs connaissant le lieu, et où se dresse le mausolée de « Lalla SETTI ».

A été également évoquée la mémoire du grand roi Yaghmoracen IBN-ZIANE qui repose près de la grande Mosquée de Tlemcen, où des versets du livre Saint lui sont lus quotidiennement, à travers une lucarne, donnant sur sa tombe. C’est ce roi qui réaménagea la place du Méchouar en y faisant construire un nouveau palais avec accès par le sud, grâce à une porte stylée appelée « Bab Touita », actuellement fermée. Toutefois l’accès aux vertiges de ce palais, est possible par une échancrure murale à l’ouest, ou par une porte monumentale édifiée par l’armée coloniale afin de pouvoir supporter la cloche gigantesque destinée à l’église toute proche où s’abrite actuellement le « Syndicat du Tourisme ». Et nous voilà arrivés à Sid-Ahmed BELLAHCENE EL GHOMARI, qui repose dans le mausolée qui porte son nom.

Lors de la commémoration de son anniversaire le 13 avril dernier ; il y a eu encore une fois, des fidèles à sa mémoire qui sont venus prier pour lui, en espérant que les occupants de sa « Douira » daignent laisser ce lieu pour qu’il puisse revenir à sa destination originelle à but caritatif.

Cette « Douira » a été en son temps, à Tlemcen le premier « Restaurant du cœur », où les sans-logis, les voyageurs et les démunis étaient pris en charge durant trois jours consécutifs, selon les préceptes de l’hospitalité Arabo-musulmane (« Diyafat El Moumen talatete iyyâm »). Alors, les marchands de légumes et autres épiciers, s’acquittaient bénévolement, et à tour de rôle, du dixième de leur produit. Ce rituel de dons approvisionnait de manière régulière la « Douira » de Sidi-Bellahcène. La ruelle qui sépare cette demeure de la grande Mosquée, est un passage de paix et un appel havre de tranquillité : « Derb Sebaa Qwass ». C’est là qu’anciennement toutes les grands-mères de la ville, accompagnées de leurs petits-enfants, en retard de locution ou de locomotion, venaient se désaltérer à la fontaine qui a disparu avec le temps. C’est là aussi que les pèlerins de retour des lieux saints de l’Islam venaient déverser l’eau de « Bir Zem-Zem. Alors, ce début du XXIe siècle, verra-t-il ce lieu revenir à sa vocation première ? Est –ce qu’une administration qui a été autorisée à l’occuper provisoirement dans les années 70, grâce à une aide de la population, gardera ce site magnifiquement bien situé, et verra ainsi disparaître plus de cinq siècles de traditions de valeurs humanitaires et d’actions bienfaitrices ? Déjà, au lendemain de l’indépendance, ce fut le « Croissant Rouge Algérien » qui avait repris le flambeau de l’action caritative à Tlemcen, confronté à la prise en charge immédiate des émigrés revenus du Maroc ; ce fut également un combat quotidien pour venir en aide à une population livrée à elle-même, fragilisée et appauvrie par 7,5 ans d’une guerre atroce. C’est donc le C.R.A qui avait élu domicile à « Dar Sid’Ahmed BELLAHCENE » pour venir en aide nourrir, héberger, habiller et conforter tout ce monde.

Donc, plusieurs siècles avant Henri DURANT et Michel COLLUCHE, Sid’Ahmed BELLAHCENE avait organisé en ce lieu, un « Restaurant du cœur » et des actions sociales à l’échelle d’une cité.

Alors, nos instantes locales et nationales se pencheront-elles sur la rétribution de ce lieu à une fondation dont le Croissant Rouge Algérien serait partie prenante pour perpétuer l’œuvre de solidarité et de charité entreprise depuis des siècles en ces lieux ? Ce serait là un geste de « bonne gouvernance », surtout à la veille du 9° centenaire de l’ouverture de la grande Mosquée de Tlemcen. Et ce ne serait là aussi qu’un respect envers la mémoire de ce saint homme, et également, rendre à César ce qui appartient à César « Inchallah ».




je suis fier que ce soit mon ancetre!!
- paris
12/04/2008 - 1157

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