Monsieur le président, je viens de lire vos propos sur le code de la famille, la politique et les femmes. Ils me confirment que, si l?Algérie est indépendante, son âme ne l?est pas. Je me crois des décennies en arrière, dans l?Algérie colonisée. Les colonialistes ne voulaient pas nous donner les mêmes droits que les Français, puisqu?ils nous estimaient inférieurs. C?est leur idéologie que vous reprenez, quand vous dites que vous ne pouvez pas nous donner des responsabilités politiques, parce que nous sommes incompétentes. Eux aussi invoquaient notre « infériorité » biologique et intellectuelle pour justifier leur domination. Leur oppression. Les opprimés d?hier sont donc devenus les oppresseurs d?aujourd?hui. L?Algérie attend de vous un esprit nouveau, un esprit d?homme libre, d?autant plus attaché à sa dignité et à celle de tous les autres, de toutes les autres, qu?il a subi l?humiliation. L?Algérie attend d?un homme libre qu?il ne répète pas l?histoire, mais qu?il se tourne résolument vers des horizons encore inexplorés, comme le Prophète (QSSSL) en son temps, lequel n?est plus le nôtre. A l?époque où la femme n?était rien, le Prophète lui a donné une personnalité juridique. Il est allé à l?encontre de l?idéologie dominante de son clan. A l?avant-garde de son époque, il lui a octroyé un statut supérieur à celui de la femme juive et de la femme chrétienne. C?était au VIIe siècle une avancée considérable. Si vous le prenez comme modèle, il faut alors nous donner un code de la famille digne du XXIe siècle. Vous serez alors son hériter, non pas en imitant servilement ce qu?il a établi au VIIe siècle, mais en vous inspirant de son esprit de fondateur, de précurseur, de révolutionnaire. Il a éduqué un peuple de bédouins incultes, non pas en le flattant, mais en lui donnant un art de vivre adapté à son temps. Il a réussi, à force de courage, à l?unir, à l?éduquer et à jeter les bases d?une civilisation fabuleuse. Une civilisation qui n?est plus qu?un souvenir dans le monde arabe, à cause d?une absence de volonté politique et parce que les dirigeants de ces pays n?ont que mépris pour leur peuple. Je vous prie, Monsieur le président, de croire à mon profond respect.
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Posté Le : 23/03/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fadela M?Rabet
Source : www.elwatan.com