Algérie

Ryad El Andalous orpheline de son maestro



La nouvelle de la disparition subite des suites d?une crise cardiaque ce mercredi à l?âge de 64 ans de celui qui fut le fondateur et le premier chef d?orchestre de l?illustre association musicale Ryad El Andalous, le regretté Chheïkh Malti Mohamed dit Ahmed, a jeté l?émoi au sein du milieu musical ainsi que parmi les nombreux mélomanes de la cité des Zianides.

Issu d?une famille modeste dont le père Ahmed était chauffeur de camion, le défunt est né le 27 septembre 1943 à derb El Hadjamine dans le vieux quartier de Sidi Braham, là où Cheïkh Mustapha Brixi, que Dieu prolonge sa vie, allait retrouver son métier à tisser «illustré» de «hchaïchi». Passionné de la musique et amoureux du violon, il s?intégra en 1964, avec son ami intime Inal Sid Ahmed, à Gharnata, sous la houlette de feu Kheireddine Aboura, musicologue et homme de culture avant de faire partie de la SLAM en qualité d?exécutant aux côtés de son ainé le défunt Malti Abdelghani (le virtuose du tar) et Malti Kamel (spécialiste des répertoires d?Alger et de Tlemcen) de 1966 jusqu?en 1974, où il eut comme maître le regretté Cheïkh Si Mohamed Bouali. C?est en 1977 (le 7 avril) qu?il fonda l?association musicale Ryad El Andalous présidée actuellement par son « homonyme » Malti Sid Ahmed (par ailleurs fils de cheïkh Abdelghani Malti), dont il fut le directeur technique et le chef d?orchestre depuis sa création. Il convient de souligner que Ryad El Andalous que dirigeait avec maestra ce virtuose du violon (alto) se distingue par un riche palmarès. Qu?on en juge : 3 fois le 1er prix au festival de printemps d?Alger (1987/1996/1999), 1er prix au festival de la musique classique d?Oujda (1988), 1er prix au festival de la musique andalouse de Skikda (1997), outre un 2è prix au FPA (1989) et un 3è prix au festival des arts populaires d?Alger (1978). En matière d?enregistrement, elle détient 5 CD dont 2 sortis en 2000(sika et ghribet hsine), 1 en 2002 ( ghrib et haouzi) et 2 en 2003 (zidane et m?dih) ainsi que deux émissions à la télévision (RTA en 1984 et Canal Algérie en 2001). Sur le plan professionnel, le défunt occupa le poste de chef de service des analyses au niveau du CHUT Dr Tidjani Damerdji. L?association Ryad El Andalous lui collait à la peau à telle « enseigne » qu?il attribua ce nom esthétique au KMS qu?il gérait après sa retraite à Bab Sidi Boumediène.

Malti Ahmed figure à titre de rajout (nouvelle génération) sur le précieux tableau chronologique des musicien de Tlemcen élaboré par feu Kheireddine Aboura, une liste mettant en valeur les personnages qui ont marqué de leurs empreintes leur passage au sein de l?art andalou à Tlemcen. A noter qu?une avalanche de messages de condoléances est tombée sur le Net, émanant de plusieurs associations musicales telles que Les Airs andalous de Paris, Maya de Paris, Nassim El Andalous d?Oran, Ahbab Sadek Bedjaoui de Bedjaïa, Tarab El Acil de Tlemcen, El Anassers de Miliana, l?orchestre de MAA de Marseille, Ahbab Cheïkh Abdelkrim Dali et Omar Bekhchi, entre autres, ainsi que le syndicat national des artistes algériens, outre le musicologue Dr Yahia Ghoul (installé aux USA) qui a rendu un hommage au défunt en ces termes : «? Il a dirigé l?association Ryad El Andalous avec beaucoup d?amour et de brio. Cet homme remarquable s?ajoute à la liste des personnages ayant consenti à beaucoup de sacrifices au service de notre culture et de notre patrimoine musical arabo andalou traditionnel. Sa mémoire restera avec nous et avec plusieurs générations de musiciens qu?il a formés pendant toute son existence?». Parmi ses élèves, aujourd?hui musiciens dits professionnels, on peut citer Didi Fouad (installé en France), les frères Benzemra, Boukli Fouad, Nouri Koufi, Karim Boughazi , Charif Abdelhak?

Sa dernière apparition magistrale sur scène remonte au 8 avril dernier à la maison de la culture à l?occasion du 25ème anniversaire de la naissance de Awtar Tilimsen.

Il célèbra le Mouloud Ennabaoui Echarif avec un programme medh concocté avec la zaouï El Alaouiya dans la kheïma de l?hôtel Agadir le 20 mars écoulé . Le 21 février dernier, c?est à Cheïkh Abdelkrim Dali qu?il rendit hommage dans le cadre de la commémoration de son 30è anniversaire à l?hôtel.

Les Zianides à l?invitation de Tarab El Acil. Ce sont là ses trois prestations au titre de l?année 2008. A signaler que ses deux fils, Rafik et Salih, membres de l?orchestre de Ryad El Andalous, n?ont pu assister, à leur corps défendant, à l?enterrement de leur père car se trouvant « bloqués» à?Oujda dans le cadre du festival international du Tarab El Gharnati (la formation de Tlemcen qui est dirigée par Sbaâ Sidi Mohamed, en l?absence du chef d?orchestre alors hospitalisé, devait se produire ce? jeudi en ouverture). A noter que Ryad El Andalous est retenue au titre du concours au festival national du haouzi qui se déroulera du 18 au 26 juin au Grand bassin Cheïkh Larbi Bensari (Lors de la 1è édition de 2007, Malti Ahmed chanta avec son orchestre l?ultime haouzi (prémonitoire) «Ana bqit mahmoum «(Je suis triste et malheureux). A propos, son orchestre désormais orphelin sera-t-il «marqué» symboliquement du sceau de la chaise «vide», où trônerait son auguste alto, incarnant (évoquant) le maestro disparu ? A ce titre, nous suggérons que cette 2è édition soit dédiée à la mémoire de Cheïkh Malti Ahmed Rahimahou Allah.






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