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La banque centrale russe a décidé de maintenir son taux directeur à 8%, mais a prévenu qu'elle était prête à le relever de nouveau si l'inflation, actuellement dopée par l'embargo alimentaire et la chute du rouble, restait élevée.Dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion de politique monétaire, la Banque de Russie reconnaît que la hausse des prix s'est accentuée fin août-début septembre en raison de "l'aggravation des tensions géopolitiques, l'introduction de restrictions sur le commerce extérieur et les répercussions de ces événements sur l'évolution du rouble"."Si les attentes d'inflation restent à un niveau élevé et si l'inflation menace de dépasser l'objectif à moyen terme, la Banque de Russie pourrait continuer à augmenter son taux directeur", poursuit-elle.Mais l'institution a manifestement choisi de marquer une pause, après trois hausses de taux depuis le printemps, pour ne pas affecter "une croissance économique anémique".Critiquée jusque dans les hautes sphères du pouvoir pour sa politique de durcissement monétaire en période difficile, sa présidente, Elvira Nabioullina, a assuré qu'elle ne chercherait pas "à réduire l'inflation à n'importe quel prix".Pour autant, "il ne faut pas sous-estimer les conséquences négatives d'une forte inflation" sur la situation économique, a-t-elle ajouté, citée par les agences russes lors d'une conférence de presse.La banque centrale juge le niveau de ses taux suffisant pour assurer un reflux de l'inflation à 4% à moyen terme, contre près de 8% actuellement et probablement plus de 7% à la fin de l'année.Mme Nabioullina a estimé l'effet de l'embargo alimentaire, décrété début août contre les pays européens et américains, à 1,5 point d'ici à mi-2015.La réunion de la banque centrale intervient en plein renforcement des sanctions contre Moscou pour son implication présumée dans la crise ukrainienne. Cela a entraîné un plongeon du rouble à un record de faiblesse face au dollar vendredi matin.Certains économistes prévoyaient une hausse des taux dès vendredi pour envoyer un message au marché et enrayer l'hémorragie. La monnaie russe a donc aggravé ses pertes après la décision, chutant jusque 37,97 roubles pour un dollar."La banque centrale reste nerveuse concernant les perspectives d'inflation" et le taux directeur devrait de nouveau être relevé d'ici à la fin de l'année, a commenté Liza Ermolenko, de Capital Economics.Cette probabilité, selon l'économiste, est d'autant plus élevée que l'inflation risque d'accélérer encore en cas de nouvelles mesures de rétorsion, dont Moscou a menacé les Occidentaux, ou de l'introduction d'une taxe sur les ventes atteignant 3%, actuellement discutée par le gouvernement.Pour les critiques, le niveau élevé des taux fragilise le secteur bancaire et pèse sur une économie au bord de la récession. La banque centrale prévoit une croissance de 0,4% cette année et entre 0,9% et 1,1% l'an prochain.L'agence Fitch a estimé que le statu quo de vendredi "met en lumière les défis auxquels est confrontée la banque centrale (...) face à la double menace d'une croissance affaiblie et d'éventuelles fuites de capitaux", jugeant une récession "possible".Le conseiller au Kremlin Sergueï Glaziev, connu pour ses positions anti-occidentales et un temps pressenti l'an dernier pour diriger la banque centrale, avait dénoncé la dernière hausse des taux en août. Cette mesure a selon lui le même effet que les sanctions occidentales: "Elles vont aggraver les conditions des crédits pour les entreprises russes, qui n'étaient déjà pas satisfaisantes", ajoutant qu'on pouvait "se poser des questions sur les motivations de la Banque de Russie".La Banque de Russie a souligné de son côté vendredi que sa politique posait "les bases pour un ralentissement de l'inflation" avec notamment une plus grande attractivité des dépôts bancaires pour les ménages, qui avaient tendance à retirer leurs économies pour les placer en devises étrangères.Elle a rappelé également que selon elle la faiblesse de la croissance relevait surtout de "raisons structurelles": faible productivité, baisse de la main-d'?uvre à cause de facteurs démographiques, faible confiance des investisseurs.




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