Algérie

Rupture de contrat entre Total et Sonatrach



Rupture de contrat entre Total et Sonatrach
C'est la synthèse d'une interview que j'ai donnée à Radio France International Paris France - RFI le 6 mars 2014 au sujet de la rupture du contrat entre Total et Sonatrach concernant le projet d'une usine de vapocraquage de l'éthane en partenariat avec Sonatrach - Total Petrochemicals à Arzew.1.-L'éthane est un hydrocarbure de la famille des alcanes de formule brute C2H6. C'est un gaz combustible, incolore et inodore que l'on peut trouver dans le gaz naturel et aussi dans les gaz du pétrole Les principales sources d'éthane sont d'origine biologique. Elles se trouvent sous forme de gisements fossiles, dans les réservoirs gaziers souterrains de gaz naturel, les puits de pétrole brut et les gisements miniers. Il est principalement obtenu à partir du gaz naturel et comme sous-produit lors du raffinage de pétrole. L'éthane est commercialisé sous forme de gaz comprimé ou de gaz liquéfié (liquide réfrigéré). Il est principalement utilisé comme matière première pour la production d'éthylène et d'halogénure d'éthane (industrie pétrochimique), comme combustible domestique et industriel (aussi présent à environ 5 % dans les bouteilles de gaz propane), comme réfrigérant pour des systèmes à très basse température et également comme combustible pour les moteurs à rapport de compression élevé (considérant les qualités anti cognement de l'éthane). Quant au vapocraquage, c'est un procédé pétrochimique qui consiste à obtenir, à partir d'une coupe pétrolière telle que le naphta ou d'alcanes légers, des alcènes (éthylène, propylène) mieux valorisés. Ces alcènes sont principalement à la base de l'industrie des matières plastiques (polyéthylène, polypropylène). Ils servent, ils servent également à la production de bien d'autres produits dans les domaines de la cosmétique, la pharmacie, la construction, l'industrie électrique, électronique, le textile, l'aéronautique, etc. 2.- Le projet pour la réalisation, l'exploitation et la commercialisation des produits finis issus d'une usine de vapocraquage de l'éthane en partenariat avec Total Petrochemicals avait été décidé à l'issue d'une cérémonie d'ouverture des plis le 16 juillet 2007. Le projet sis à la zone industrielle d'Arzew portait sur une capacité de production de 1400 KTA d'éthane extrait à partir des complexes GL1/Z et GL2/Z dans la zone industrielle d'Arzew. Le groupe français Total, qui négocie depuis 2007 la construction d'un complexe de vapocraquage d'éthane avec Sonatrach, d'un coût estimé d'environ 5 milliards de dollars a achoppé de son projet du prix de ce gaz avec le groupe algérien. Les divergences au départ ont buté sur la règle des 49/51% imposé aux partenaires étrangers suite à la loi de finances algérienne de 2009, mais Total aurait accepté cette règle sous condition d'assouplissement des prix. Les discussions entre les deux groupes ont buté également sur le lieu de la fourniture de l'éthane, Sonatrach préférant Hassi R'mel son pôle industriel gazier, alors que Total privilège Arzew, encore si le prix était révisé, Total avait accepté Hassi R'mel. Sonatrach, selon la source officielle algérienne (APS), se serait chargé seule de l'extraction de l'éthane à Hassi R'mel et le livrerait sur le même lieu à Total qui négocierait son prix avec le groupe algérien. 3.-Total, qui s'est lancé dans une politique de diversification de ses approvisionnements en matières premières, veut se positionner sur le marché du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord qui sont sur le point de devenir l'une des grandes plaques tournantes de la production et de l'exportation de polymères et de la pétrochimie en général. Le complexe pétrochimique d'Arzew était classé, selon Total, comme un projet stratégique et prioritaire car idéalement situé pour desservir les marchés européens, américains et asiatiques. Le bouleversement récent de la carte géostratégique gazière mondiale où l'on assiste de plus en plus à une déconnexion du prix du gaz par rapport à celui du pétrole, notamment avec la révolution du gaz de schiste américain et l'entrée de nouveaux producteurs, auraient également guidé Total, qui aurait exigé du gouvernement algérien une baisse des prix. Mais cette rupture du contrat ou gel, n'est pas propre à Total et pose toute la problématique de la politique des subventions en Algérie (prix intérieur environ 1/10ème du prix international) où plusieurs projets très fort consommateur de gaz avec des partenaires étrangers ont achoppé sur le prix de cession du gaz. Comme la joint-venture entre Sonatrach et le consortium émirati Dubaï-Moubadala unité d'aluminium à l'Ouest du pays (Béni Saf) prévu pour 5 milliards de dollars. Ainsi se posera le prix de cession de l'importante unité sidérurgique de Bellara (wilaya de Jijel) de 4 millions de tonnes d'acier par an en vitesse de croisière pour un coût estimé à 1,7 milliard de dollars, l'unité d'ammoniac entre le groupe Sonatrach et El Djazairia El Omania Lil Asmida, pour 3 milliards de dollars portant sur la fourniture, à compter de 2012, de deux milliards de mètres cubes de gaz naturel devant produire quatre mille tonnes par jour d'ammoniac et sept mille tonnes par jour d'urées granulées, sans compter les conflits de prix avec Arcelor Mittal à Annaba et d'autres partenaires étrangers. Comment ne pas rappeler le conflit récent avec la société espagnole Fertial, Sonatrach lui reprochant une consommation excessive de gaz, cette société du groupe Villar Mir, qui a enregistré en 2012 ses meilleurs résultats, avec plus de 245 000 tonnes d'engrais produits ainsi que 858 000 tonnes d'ammoniac - l'un des constituants des engrais, essentiellement vendues à l'export. La production s'est accrue de 10% en dix ans et le chiffre d'affaires a atteint 444 millions d'euros en 2012, contre 284 millions en 2010. Fertial a multiplié ses ventes par trois et son résultat net par 11. Ainsi, ses exportations de l'ordre de 74% de sa production place Fertial comme leader dans le bassin méditerranéen et deuxième dans le Monde arabe, derrière l'Arabie Saoudite. Mais cela concerne également les entreprises locales, et ce, d'autant plus que l'Algérie négocie son adhésion à l'organisation mondiale du commerce qui interdit tout dumping à l'exportation dont la dualité des prix. Même les Russes lors de leurs négociations avec l'OMC, qui a vu leur adhésion en août 2012, se sont engagés à réduire l'écart entre le prix administré et le prix du marché dans le temps. Il ne peut y avoir d'exception pour l'Algérie. 4.-Comme se pose la forte consommation intérieure, le prix de l'électricité étant plafonné depuis 2005 entraînant un déficit structurel de Sonelgaz plus de 44 milliards de dinars en 2012. Sont posées les limites des réserves de gaz traditionnels en Algérie où en 2017 la consommation intérieure risque de dépasser largement les exportations arrivant à un épuisement horizon 2030 des hydrocarbures traditionnels.




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