Ruot Gérard Aïssa : "Je suis un cobaye, rescapé des essais nucléaires de Hamoudia" Témoignage

M. Ruot Aïssa Gérard, membre de l'Association française des vétérans des essais nucléaires (AVEN), a affirmé mercredi à l'APS qu'il était un cobaye et un rescapé des essais nucléaires français à Reggane (1600 km au sud-ouest d'Alger), relevant les limites de la loi Morin promulguée en France, en 2010, pour l'indemnisation des victimes
QUESTION : Si la France reconnaît aujourd'hui les effets négatifs des essais nucléaires dans le Sahara algérien, la question de l'indemnisation des victimes algériennes demeure entièrement posée. Quelles sont à votre avis les raisons qui expliquent ce déni de droit '
REPONSE : Je suis un cobaye, rescapé de Hamoudia à l'époque (site proche de Reggane où la France avait effectué un essai nucléaire aérien), et c'est à ce titre que je vais répondre. D'abord, je précise qu'il n'y a pas seulement des victimes algériennes, mais aussi des victimes françaises, dont je suis un bel exemple.
Ne croyez pas que la France va indemniser les victimes. Sur 147 demandes d'indemnisation déposées en France, au cours de l'année 2011, par des cobayes et des rescapés français (des jeunes appelés du contingent), deux seulement ont été retenues et avaient reçu, en conséquence, des sommes dérisoires.
Personnellement, je ne pense pas que la France va indemniser les victimes. Elle va reconnaître difficilement les conséquences de ses essais nucléaires. C'est mon opinion personnelle. J'ai ramené un formulaire de demande d'indemnisation pour les victimes des essais nucléaires français, au titre de la loi n° 2010-2 du 5 janvier 2010, et imprimé par l'Etat français. Il s'agit d'une fiche à remplir par les victimes. Il s'agit plutôt d'un simple document administratif.
QUESTION : L'Association française AVEN s'est soulevée contre la loi Morin. Quelle est votre opinion, en tant que victime, sur cette loi '
REPONSE : C'est une loi qui va faire en sorte que l'on puisse indemniser le moins possible de victimes. Cette loi est très contraignante. Je pense qu'il est plutôt préférable de demander à l'Etat français de construire un hôpital à Reggane, dans la wilaya d'Adrar, pour soigner les victimes et remédier aux conséquences des essais nucléaires, que de demander une indemnisation.
QUESTION : En tant que témoin direct des essais nucléaires au sud de l'Algérie. Comment peut-on prouver la qualité de victime des essais nucléaires'
REPONSE : Il faudrait être spécialiste et médecin pour pouvoir déterminer qu'en est une véritable victime. C'est à la science de prouver la qualité de victime.