Algérie

Ruée sur les restos de la Rahma à Alger


Ruée sur les restos de la Rahma à Alger
Chaque année, le nombre de personnes qui fréquentent les restaurants de la rahma augmente davantage. Le Croissant-Rouge, les APC, les associations agréées ainsi que certaines entreprises étatiques ont ouvert des meïdat de Ramadhan. Reportage au cœur de la pauvreté algérienne.Un écriteau barre le haut de l’entrée de la rue de Négrier située à la ruelle adjacente du boulevard Larbi-Ben-M’hidi. On peut y lire en gros caractères verts : solidarité APC d’Alger-Centre. On y sert près de 600 plats par jour.
L’une s’appelle Sadia et l’autre Dalila. L’une vient la Casbah, l’autre habite dans le quartier. Elles ont à peine la trentaine, pourtant des rides parcourent leur visage disant une longue et amère expérience de la vie. Assises à la même table dans un coin, loin des regards indiscrets, elles attendent patiemment qu’on leur serve la soupe. Confondues dans un silence gêné, elles regardent défiler les minutes.
“Je travaille comme femme de ménage chez une dame. Comme je n’ai pas le temps de cuisiner, je viens manger ici”, expliquera Sadia. Elle se console de son sort en déclarant qu’elle a la chance de gagner son pain en faisant le ménage. “Tout dépend de ce que veut bien me donner la patronne. Je touche entre 5 000 et 5 500 DA par mois. Pour le Ramadhan, je viens avec ma sœur et mes deux enfants au resto du cœur afin de nous offrir un peu de viande et un dessert”, soupire la jeune femme. Son salaire lui suffit à peine à acheter du pain, des pommes de terre, du lait et les affaires scolaires de ses deux enfants.
Il est 18 heures. Le resto de la Rahma aménagé dans les locaux de la cantine de l’APC d’Alger-Centre, grouille de monde en ce dixième jour du mois de Ramadhan. Les serveurs s’apprêtent à accueillir les jeûneurs. Les nouveautés de cette année consistent à ne plus distribuer de repas à emporter à domicile. Tout le monde devra manger à table. L’APC d’Alger-Centre a également fait appel à la société Jardin Secret, des professionnels de l’hôtellerie, pour gérer ce restaurant de la rahma. Ici, tout est organisé comme un vrai restaurant, pas de chaîne devant la porte, des tables bien dressées, double assiette et des couverts astiqués.
On se fait même servir par des serveurs professionnels en tenue.
À l’intérieur, une salle est aménagée pour les femmes et les familles, seulement deux marches les séparent des hommes.
“Nous recevons tous types de personnes dans ce restaurant et nous tenons à bien les servir afin que les gens se sentent comme des clients et non des nécessiteux. Ici, tous le monde se côtoie de l’SDF au travailleur de passage”, explique le gérant du restaurant.
Le menu préparé, par des cuisiniers expérimentés, comporte l’indétrônable chorba, le bourak, une ratatouille de légumes avec de gros morceaux de viande, une limonade, du yaourt en guise de dessert et des dattes en entrée. “On mange très bien ; en plus, les serveurs sont très sympathiques. Ils nous donnent même des doubles rations”, sourit Dalila.
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