Dans le cadre des activités culturelles célébrant le bicentenaire de la
libération des pays de l'Amérique latine, l'Institut Cervantès organise un
cycle cinématographique spécial «cinéma latino-américain». Le coup d'envoi a
été donné, samedi dernier, au siège de l'institut, par la projection, en
avant-première, du film-documentaire « Rue Santa Fé » de Carmen Castillo. Avec
ce long-métrage, d'une durée de 2h40 minutes, la réalisatrice revient sur le
vécu de toute une partie de l'histoire du Chili. De l'époque de la création du
MIR, qui est un mouvement révolutionnaire d'extrême gauche, des années durant
lesquelles Salvador Aliendé était à la tête du Chili, mais aussi, pour les
périodes les plus sombres. Ce documentaire revient également, et longuement,
sur l'assassinat au 725 de la rue Santa Fé, survenu un mois à peine après le
coup d'Etat du 11 septembre 1974, de Miguel Fernandez, le mari de Carmen Castillo,
et membre actif du MIR. D'où, d'ailleurs, le titre choisi pour ce film. Ce
film-documentaire, sélectionné officiellement au Festival de Cannes, fait
parler bon nombre d'anciens membres de MIR, torturés pour la plupart, sinon
emprisonnés, ou alors, comme le cas de Carmen Castillo, expulsés de force.
Cette dernière, qui était présente ce matin d'octobre, n'a pas échappé aux
armes des forces militaro-policières. Enceinte pendant les faits, elle fut
gravement blessée, et ce ne fut que grâce à l'insistance de quelques voisins
téméraires qui ont appelé une ambulance qu'on l'évacua à l'hôpital. A la suite
de cette attaque, l'enfant qu'elle portait ne put survivre et succomba. Après
cet épisode tragique, et sous la pression internationale, au lieu d'être
emprisonnée, torturée, ou même tout simplement exécutée, on l'expulsa du Chili.
«Apatride», elle alla vivre tour à tour à Cuba, Londres et enfin à Paris. Ce
n'est qu'en 1987, soit presque quinze ans après le coup d'Etat, qu'elle fit son
premier retour à son pays natal. Là, l'arrogance des « prétendus » vainqueurs,
l'immunité pour les criminels, l'amnésie, out cela a concouru à la dégoûter du
système. Elle ne parvenait plus à se situer d'autant plus qu'elle avait la
nette impression qu'une probable « victoire » face au fascisme dans ce pays, à
une époque plus fermé que jamais, était de moins en moins probable de jour en
jour. Effectivement, après le coup d'Etat, les « miristes », faisant de la
résistance, juraient de « pendre » Pinochet sur la place public... lorsqu'elle
revint en 1987, elle se rendit compte qu'il n'en était rien. En fait, Pinochet
est mort en 2006, sans qu'il ne soit jamais jugé de ses crimes... Vers la fin
de ce long documentaire, on montre des images du grand rassemblement, en 2004,
des militants de la MIR, à l'occasion des vingt années de la mort de Miguel
Enriquez. Ces images montrent à elles seules la victoire, naturelle et
évidente, non seulement du mouvement MIR, mais de l'ensemble du peuple chilien
; peuple qui n'aspire, comme tous les autres peuples, qu'à vivre dans la paix,
dans un pays démocratique, un état de droit. A la fin du film, Carmen Castillo
parle de son désir de vouloir rendre la maison de la rue Santa Fé, non pas un
temple du souvenir, mais un centre culturel, un espace de rencontres dédié à
tous ceux qui, lors de ces années de plomb, ne se sont pas résignés !
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Posté Le : 09/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Kébir A
Source : www.lequotidien-oran.com