Algérie

Royal promet une «mémoire apaisée»



Au chapitre brûlant et passionné de la guerre d'Algérie, son programme est quasiment ficelé et ses échéances définies.Si elle viendrait à s'installer à l'Elysée au soir du 6 mai, Ségolène Royal s'attaquera à une série de chantiers mémoriels. Avec, à l'horizon, l'émergence d'une mémoire réconciliée et débarrassé du ressentiment et de la «nostalgérie». La candidate du Parti socialiste à la présidentielle propose aux Français une «politique globale de réconciliation avec son histoire». Voici plusieurs semaines, elle a été interpellée, au même titre que les principaux autres prétendants, par des organisations de pieds-noirs et de harkis.Dans une «lettre ouverte», les associations du «monde rapatrié» lui demandait de préciser avant le premier tour comment elle comptait traiter les «conséquences de la guerre d'Algérie». Envoyée aussitôt, la réponse de la candidate vient d?être mise en ligne sur les blogs socialistes.Elue à l'Elysée, Ségolène Royal se donnera cinq ans - le temps d'un quinquennat présidentiel et législatif - pour créer les conditions d'une «mémoire apaisée». Pour la candidate, un tel défi résonne d'autant plus comme une urgence que le prochain mandat prend fin en 2012. Echéance symbolique s'il en est, cette date coïncide, en effet, avec le 50ème anniversaire de la signature des accords d'Evian et la fin de la guerre d'Algérie. «Le calendrier nous dicte nos responsabilités», observe-t-elle, en répétant à qui veut bien l'entendre qu'elle aspire à une «mémoire apaisée» et une France «réconciliée avec son histoire».Concrètement, celle qui ambitionne de mener à nouveau les socialistes vers le pouvoir s'engage à mener à bon port quatre promesses. Première et non des moindres, elle affirme que, «sous son impulsion», l'exécutif fera sien le «devoir de reconnaissance».Une commission «indépendante» planchera sur l'ensemble des questions qui, depuis 1962, n'en finissent pas de «diviser les Français» et de passionner le débat sur le passé algérien de la France. A l'appui à cette démarche, Ségolène Royal - et le cas échéant un gouvernement de gauche - s'engagent «à favoriser» la recherche historique sur les pages sanglantes de la colonisation.Des moyens seront dégagés dans cette direction, au premier rang desquels l'ouverture des archives, l'attribution de bourses de recherches et le soutien aux publications académiques et à l'organisation de colloques scientifiques.Une telle approche n'est pas dénuée de message politique. En donnant la part belle au travail des historiens, Ségolène Royal valide une politique déjà portée par la gauche. Au plus fort de la polémique sur l'article 4 de la loi du 23 février, les députés socialistes, communistes et verts avaient dénié au pouvoir politique toute compétence sur le terrain de l'histoire et de la mémoire.Sans ambages, la candidate PS précise sa pensée : à la différence de l'UMP, sa famille politique n'aura pas vocation à juger l'histoire et la mémoire. Ça sera le travail des historiens, dont la majorité - d'obédience gauche - ont été au premier rang de la mobilisation contre l'adoption de l'article 4.Ségolène Royal ne fera pas sienne l'idée de repentance. Mais elle fera en sorte que la colonisation et sa page la plus sanglante, la guerre d'Algérie, ne seront pas sacrifiées sur l'autel d'une quelconque amnésie. Le travail de mémoire «doit pouvoir se développer sans repentance, ni amnésie», souligne-t-elle. «Ni la mémoire de la colonisation, ni celle de la guerre d'Algérie n'ont vocation à développer la repentance franco-française mais, au contraire, elles doivent renforcer le partenariat franco-africain et avec les pays de l'ancienne Indochine». Dans son message aux harkis et aux rapatriés pieds-noirs, la candidate socialiste se garde de cultiver le discours nostalgique qui plaît aux «sudistes», selon l'appellation de Benjamin Stora. Ces pans au poids électoral pesant qui, quarante-cinq ans après la fin des combats, n'ont pas encore fait le deuil de «l'Algérie française».Dans la réponse de Ségolène Royal, il n'y pas la moindre charge contre les exigences officielles algériennes d'un «pardon» ou d'une repentance. Pas le moindre signe annonciateur d'une remise aux calendes grecques du projet de traité d'amitié. La candidate s'engage à mettre en oeuvre une politique de «solidarité et de reconnaissance» envers les harkis et les rapatriés. Sans se sentir obligée de leur servir, par manoeuvre électoraliste, des paroles vitriolées aux doléances algériennes.«Dès ma prise de fonction, je demanderai la création d'une commission du bilan chargée de faire une étude exhaustive des interventions mises en oeuvre par l'Etat depuis 1962 en faveur des harkis, des rapatriés et des anciens combattants. Cette commission, présidée par le président de la Cour des Comptes, fera des propositions afin de corriger ou de compléter les droits ouverts».


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