Algérie

Routes : Mais où va l'argent des vignettes auto '


La vente des vignettes automobiles a été lancée hier et se poursuivra jusqu'au 31 mars. Plusieurs millions de dinars seront versés dans les caisses des bureaux de poste et des recettes des impôts et 20% sont exclusivement reversés au Fonds national routier et autoroutier dédié à l'entretien de la voirie.Un fonds qui ne sert visiblement pas à grand chose, vu l'état de nos routes qui se présentent toujours sur une mauvaise pente. On n'a pas besoin de rapports pour le démontrer. Nos routes sont malades et l'état de nos infrastructures routières ne cesse de se dégrader.
Pourtant, chaque année, plusieurs millions de dinars sont versés pour leur entretien. En effet, 20% des revenus annuels des vignettes automobiles sont «censés» être consacrés au Fonds national routier et autoroutier, le reste étant réparti entre la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales et le budget de l'Etat à raison de 30% et 50%.
Mais alors, concrètement, à quoi sert ce fonds national ' Selon le Journal officiel, les dépenses imputables sur le Fonds national routier et autoroutier sont définies comme suit : les contributions au titre de l'entretien et de la sauvegarde du réseau routier national qui regroupent les travaux de revêtement et traitement des dépendances, les travaux de renforcement et réhabilitation des routes nationales, l'entretien, réparation et confortement des ouvrages d'art, le traitement des points accidentogènes et l'amélioration de la sécurité routière et des actions de sensibilisation et de vulgarisation des techniques d'entretien et de sauvegarde du réseau routier national.
Selon la loi, ce fonds sert également au financement total ou partiel des projets importants d'aménagement de voiries dans et autour des grandes agglomérations dont la réalisation de trémies et d'échangeurs.
Par ailleurs, ce fonds finance également la quote-part de l'Etat au titre de la réalisation de tronçons autoroutiers qui seront mis en concession. Cette année encore, plusieurs millions de dinars s'apprêtent à alimenter ce fonds.
En effet, selon les services de communication et des relations publiques de la Direction générale des impôts (DGI), les automobilistes pourront, jusqu'au 31 mars à 16h, se rendre aux bureaux de poste et recettes des impôts à travers le pays pour acheter leur vignette automobile, précisant que les tarifs des vignettes restent inchangés. Pour les véhicules acquis en cours d'année, l'acquittement de la vignette s'effectue lors de la délivrance de la carte d'immatriculation dans un délai n'excédant pas trente jours.
Stock
Selon Brahim Benali, chargé de communication à la DGI, sept millions de vignettes ont été commandées pour cette année. Six millions ont déjà été réparties. «Un million de vignettes sont en stock pour faire face à des besoins exprimés éventuellement par les recettes des impôts et d'Algérie Poste», explique-t-il.
Ce dernier précise que la DGI attend une progression des recouvrements durant la période effective au titre de l'année 2018 d'environ 10% par rapport à l'année passée où on a enregistré une recette de 13 milliards de dinars. Cette année, la recette devrait s'élever à plus de 14 milliards de dinars. Pour l'expert financier Souhil Meddah, les prévisions des recettes sur les vignettes pour 2018 se situent aux alentours de 13 milliards de dinars.
Selon lui, ce niveau se traduit à première vue par une stagnation et sans évolution du niveau des recettes comparé aux années précédentes. «Il s'explique notamment et en partie par le recul du niveau des ventes de véhicules neufs constaté durant les deux dernières années et de ce fait un léger avancement de la moyenne d'âge des véhicules et de la baisse du potentiel des recettes par effet de dégradation de catégories pour les unités anciennes sans une réelle contrepartie de compensation pour les unités nouvelles», affirme-t-il. Conformément à la loi, 20% de ces recettes, soit près de 3 milliards, devraient donc être versés au Fonds national routier et autoroutier.
Pour Souhil Meddah, le niveau de financement de ce fonds par rapport à l'apport des recettes sur vignettes est «incontestablement insuffisant». N'empêche, selon l'expert, ce dernier peut aussi être alimenté d'une quote-part des taxes de consommation sur les carburants. Par ailleurs, Souhil Meddah estime que la part consacrée dans son chapitre à l'entretien et à la sauvegarde du réseau routier peut bien sûr faire l'objet d'un rapport d'affectation pour utilisation partielle.
Gaspillage
«Vu qu'avec une contraction sérieuse des ressources, l'objet de sa mission reculera probablement en seconde position face à la demande urgente d'allouer une grande partie des ressources aux dépenses structurantes et pour des dépenses d'équipement», explique-t-il. Mais alors, si ce fonds est alimenté annuellement, et si son but premier est l'entretien des routes, comment explique-t-on l'état de celles-ci '
Pour l'expert, le caractère non décentralisé de ce fonds pose déjà problème. Il explique : «Dans la foulée la tendance du paradigme actuel est tant que le réseau routier se développe à travers les réalisations des nouvelles voies routières, le besoin des usagers devient plus soutenable pour eux, car dans la vie courante des conducteurs, les solutions existent et elles sont diversifiées.
Donc, de ce fait, et selon ce paradigme, les recettes doivent être partagées en fonction des urgences.» Ajoutons que d'un autre côté, la gestion de l'entretien doit aussi donner ses résultats et ses références, car souvent on évoque le problème du coût et de la qualité du bitumage sur nos routes, et qui dans un sens ne s'interprète pas par la question de l'utilisation des ressources, mais plutôt du gaspillage des ressources.
«Dans ce cas, des solutions peuvent être envisagées avec le recours dans le futur à d'autres matières émergentes comme le béton spécifique pour les routes, qui offre une qualité meilleure avec des isolations acoustiques,etc., à des coûts moins chers avec des gains probables de 30% à 50% du coût actuel», soutient l'expert.
Cependant, pour ce dernier, le problème ne réside pas uniquement dans l'acte d'entretenir d'une pour une partie unilatéralement engagée, il concerne aussi la nécessité de coordination entre les services des différents secteurs qui sont dans de nombreux cas impliqués de facto pour des opérations dans une même localité et qui n'assurent pas une réelle coordination entre eux en matière de programmation des travaux, ou à chaque étape achevée, une autre commence remettant en cause le travail entrepris et finalisé de la précédente étape.
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