Algérie

Routes bloquées et affrontements entre groupes de jeunes rivaux : Nouveaux incidents à Berriane



A la veille de la grande réunion de réconciliation entre les communautés ibadite et malékite, des pyromanes ont tenté de remettre le feu aux poudres, hier matin, à Berriane. Le choix de cette journée pour passer à l'action n'est pas fortuit. Une réunion devait regrouper l'ensemble des fractions ibadites à la veille de leur rencontre, prévue cette fin de semaine, avec les notables malékites, dans l'objectif de signer le pacte de paix sur lequel les deux parties travaillent depuis des mois. Selon des témoignages recueillis par téléphone, les incidents ont éclaté vers 5h30 lorsque des ouvriers qui venaient de quitter leur travail ont été assaillis par des jets de pierres et de cocktails Molotov sur la route de Gourara, dans le quartier ouest, où réside la communauté mozabite. Les agresseurs ont brûlé la cabine du camion, avant de s'attaquer avec une violence inouïe aux ouvriers. L'information a fait le tour de la ville qui, en quelques heures seulement, renoue avec les émeutes. La présence des forces de sécurité a permis d'éviter le pire et de faire revenir le calme en fin de matinée.Les échauffourées se sont arrêtées, mais la tension est restée extrême. Des deux côtés, la condamnation est très vive. La première réaction est venue de la communauté mozabite, qui a rendu public un communiqué, en fin de matinée. « Nous, membres de la communauté des Azzaba et représentants des fractions ibadites et à la suite des actes de violence et d'agression à l'encontre des personnes et de leurs biens d'aujourd'hui (hier mardi, ndlr), qui sont en violation avec les principes de l'Islam, des traditions et des lois de la République, condamnons avec force ces agissements criminels et ce quels que soient leurs auteurs qui attisent le feu de la fitna et de la haine entre les deux communautés, dans le but de faire avorter la démarche de paix à laquelle veut arriver la djamaâ. »Appel à la sagessePour sa part, le wali de Ghardaïa a également, pour la première fois, rendu public un communiqué pour faire état de la situation. Mieux encore, le wali reconnaît qu'après « le retour au calme dû essentiellement aux efforts consentis par les autorités locales et les enfants de la région qui dénoncent la violence sous toutes ses formes et encouragent la tolérance entre les habitants, des actes de violence ont été commis et causé une dizaine de blessés (...) avant que les forces de l'ordre n'interviennent pour rétablir le calme ». Eu égard à ces « événements regrettables », le wali a appelé « les jeunes de Berriane à la sagesse (...) et à éviter de répondre aux provocations dans le seul but de préserver la sérénité, la stabilité, la sécurité des biens et des personnes et de faire échec aux ennemis de l'Algérie ». Une réaction quelque peu légitime, ont affirmé des notables de la région, dans la mesure où cette fois, le wali a bel et bien constaté qu'il existe des clans mafieux qui veulent à tout prix maintenir les deux communautés dans un climat de haine. « Au moment de récolter les fruits des nombreuses journées passées à réconcilier les uns et les autres et à préparer la plateforme de réconciliation entre les communautés, voilà que cette mafia tente de mettre le feu à la cité. Elle a déjà tenté, il y a quelques semaines, en agressant physiquement des citoyens dans les quartiers est où réside la communauté malékite et ouest où habitent les ibadites. Mais fort heureusement, leur plan n'a pas marché du fait de la réaction rapide des services de sécurité. Il y a eu même des familles qui se sont réinstallées dans leurs maisons après les avoir abandonnées pendant deux mois. La situation commençait à être maîtrisée et Berriane est devenue une priorité non seulement pour les autorités locales, mais aussi pour les notables et la société civile, même si la prise en charge des familles de sinistrés laisse encore à désirer. Malheureusement, ce progressif retour à la quiétude n'a pas été du goût de la mafia que nous avons à maintes reprises dénoncée. Il est maintenant vital que les services de sécurité mettent la main sur ces pyromanes qui veulent embraser la région et se comptent dans les rangs des deux communautés », a déclaré un notable ibadite.Ne plus revivre les mêmes événementsLes mêmes propos sont tenus par ses voisins de la rive ouest. « Nous voulons en finir une fois pour toutes avec cette haine et cette intolérance. Nous avons fait des pas de géant durant ces dernières semaines pour arriver à un consensus et à la veille de la signature de ce pacte, certains ont mis le feu aux poudres. Il ne faut pas que ces actes mettent en échec tous ces efforts et cette volonté affichée des deux côtés de la ville », a précisé un notable de la communauté malékite, organisée en comité de sages avec une présidence tournante. Ainsi, malékites et ibadites se sont entendus pour ne plus vivre les événements du mois de mai dernier qui avaient fait deux morts et une trentaine de blessés et causé la destruction de plus d'une centaine de maisons et commerces. Une image hideuse qu'ils veulent à tout prix chasser de leur mémoire collective.


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