Poutine se dote d?un câble arabe
Après avoir lancé en décembre 2005 sa chaîne d?information continue Roussia Today (RT) qui émet en langue anglaise, Moscou vient de lancer depuis le 4 mai dernier une chaîne analogue en langue arabe baptisée « Roussia Al Yawm » qui est un peu le service arabe de RT. La chaîne emploie quelque 500 personnes dont une centaine de journalistes arabophones. Dotée d?un budget de 30 millions de dollars, Roussia Al Yawm émet en priorité en direction du Moyen-Orient et du Maghreb sous la direction de l?ancien chef de bureau d?Al Jazeera à Moscou. En réalité, le public ciblé dépasse l?aire géographique arabe et s?étend aux Arabes d?Europe et d?Amérique du Nord ainsi qu?au monde musulman de manière générale, soit un public potentiel estimé à 300, voire 350 millions de téléspectateurs. Il tombe sous le sens que la mission première assignée à cette chaîne est de « vendre » les positions du Kremlin concernant le Maghreb et le Proche-Orient à l?opinion publique arabe, ce qui suppose des choix éditoriaux précis. « Nous espérons que cela permettra à nos spectateurs d?apprendre davantage sur notre pays, et aussi de présenter la position de la Russie sur plusieurs questions importantes aux spectateurs arabes du monde entier », a indiqué Evgueni Sidorov, rédacteur en chef de la chaîne, dans un communiqué repris par l?AFP. Ainsi, c?est à une véritable « diplomatie de l?image » (ou « guerre des images », c?est selon), par chaînes satellitaires interposées, que semblent se livrer certaines puissances mondiales ou régionales qui utilisent ces chaînes comme un appendice de leur dispositif diplomatique, et qui entendent toutes investir le « bouquet arabe » totalement dominé par la chaîne qatarie Al Jazeera et sa rivale saoudienne Al Arabiya. On l?a vu récemment en France avec le lancement de la nouvelle chaîne d?information non-stop France 24 qui s?était fixé comme objectif de « porter l?image de la France dans le monde », et qui a tout de suite créé un service en langue arabe. Il y a lieu de citer aussi le cas de la chaîne américaine Al Hurra lancée dans la foulée de la guerre en Irak pour contrer la couverture jugée tendancieuse d?Al Jazeera & co. Conscient donc de la nécessité de défendre le « point de vue » du Kremlin sur un certain nombre de questions qui agitent la région (conflit israélo-palestinien, tension endémique au Liban ou encore le dossier du Sahara occidental qui mine la zone Maghreb), Poutine semble avoir instruit ses collaborateurs pour un investissement en force du terrain médiatique. Une exigence d?autant plus forte que l?image de la Russie a été fort mise à mal suite à la guerre en Tchétchénie à laquelle le public musulman est très sensible, ou encore l?affaire de l?assassinat de la journaliste russe Anna Politkovskaïa en octobre 2006. Roussia Al Yawm prévoirait, en outre, de cibler les hommes d?affaires khalidjis pour les inciter à investir en Russie.
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Posté Le : 21/05/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. B.
Source : www.elwatan.com