Algérie - Assia Djebar

"Rouge, l’aube" de Assia Djebbar et Walid Garn




Peu de femmes sont auteurs dramaturges. Une seule pièce a été représentée et publiée “Rouge, l’aube”, signée conjointement par Assia Djebbar et Walid Garn.

Nous avons pu lire, par ailleurs, trois pièces de Myriam Ben. Deux d’entre elles, “Karim ou jusqu’à la fin de notre vie” et “Prométhée” n’ont jamais été jouées. La troisième, “Leila”, a été montée sous forme de lecture par Mohamed Bouadia au petit TNP, en 1976.

Sans doute, la rareté des productions dans ce domaine, tient -elle à la nature transgréssive de l’écriture théâtrale, “Ecriture publique”, par excellence. Elle tient aussi de la langue du théâtre, nécessairement celle du plus grand public qui ne peut-être que le français. Pourtant ce genre n’est pas étranger aux préoccupations féminines. D’anciennes détenues ont fait état de créations individuelles et collectives écrites et jouées à l’occasion d’anniversaires ou d’événements de la vie quotidienne, témoignages de pratiques théâtrales, dont on souhaiterait retrouver quelques traces écrites.

Les 4 pièces précédemment citées présentent quelque conformité dans l’écriture, le sujet abordé est : La Guerre De Libération nationale, “Rouge, l’aube”, mêle prose et poésie autour de la figure du meddah. “Leila” fait alterner deux couples : le Roi et Leila d’une part, le marchand de Jasmin et la chiffonnière d’autre part. Ces pièces sont également intéressantes par leur liberté à l’égard d’intertextes qu’elles utilisent, redynamisant des figures ou des mythes universels.

Pour ce qui est de la poésie, un des poètes majeurs algériens est Anna Greki. Son décès précoce mit un terme brutal à cette parole poétique exigeante, tendre, humoristique voire sarcastique. Son second recueil. “Temps forts”, fut publié à titre posthume, en 1966, aux éditions de Présence Africaine. Assia Djebbar a également publié un recueil de poèmes en 1969, à la SNED “Poèmes pour l’Algérie heureuse” et Myriam Ben, en 1984 à l’Harmattan, “Sur le chemin de nos pas”. En dehors de ces noms connus on a pu recenser des poèmes de vingt-huit (28) femmes, n’ayant pas par ailleurs, publié de recueil. Des noms que l’on verra peut-être un jour ressurgir, Soumeya Benkelma, Fazia Hacéne, Fatima Hamchaoui, Baya Hanachi... etc.

Certaines ont publié un recueil à compte d’auteur. A la Pensée universelle : “Kheira Abbas le reflet des larmes” (1981). Malika Adil “Malgré les maux de ce monde”, “La beauté et l’amour” (1981). Malika Benhoumeur. “Ivresse d’une vie” (1981). Rhebtani Lynda. “Une Larme une rose” 1981. Karima Manar. “Ce qui ne reviendra jamais (1983). Radjet Rehamna, l’ombre d’une vie (1980).

Aux éditions, Saint Germain Des Près : Anissa Boumedienne : “Le jour et la nuit” (1980), Fatma T. Likete. “Le bout du miel pour elle” ; le fondu du puits pour lui (1985) et les déracinés (1986), recueils publies par les éditions nationale. Nadia Guendouz a publié en 1968. “Amal”, “La corde” à la SNED, Safia Ketou a publié son recueil de poésies, “Amie cithare”.

L’édition de 4 recueils de femmes poètes est signe peut-être d’une reprise d’initiative dans ce domaine. “L’aube est né sur vos lèvres”, de Aicha Bouabaci. “Entre terre et brume” de Louisette Chérifi, et Petit brin d’herbe, “Ciel d’espoir”, de Leila Nekachtali à l’ENAL. Enfin “Clair d’eau” de Taos Sadjine (chez Laphomic Alger). Le recueil de Aicha Bouabaci a une force et une violence dans la dénonciation sociale. Dans le recueil de Louisette chérifi, s’exprime le déchirement de l’émigrée à travers ces poèmes de femmes , trop éparpillés, mal connus, où s’affirme un chant libératoire et un entêtement à se dire, manière de s’affirmer dans un monde décevant, de se libérer des entraves. Plus insupportable que tout est pour reprendre l’expression de Aicha Bouabaci “cet étrange silence”.


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