Roman Le bouclier de Massinissa de Ahmed Gasmia Les aventures d’un héros numide au temps de l’Empire romain

Publié le 26.03.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
KADER BAKOU

Après le roman de science-fiction Les peuples du ciel, Ahmed Gasmia prend sa plume à remonter le temps pour un voyage dans l’histoire de l’Algérie. L’histoire, dans son nouveau roman Le bouclier de Massinissa, se déroule, en bonne partie, à Caesarea, l’actuelle ville de Cherchell, sous le règne de Juba II et au temps de l’Empire romain.
À Caesarea, la plus romaine des cités d’Afrique, vit une importante communauté romaine. D’ailleurs, certains Numides s’habillent comme les Romains et parlent leur langue. À Caesarea, Ayrad, un jeune villageois de Tighlit, découvre les vertiges des grandes cités. Avec Tullia, une belle jeune romaine, c’est le coup de foudre. Tullia est la fille de l’armateur Haustus et de Dame Secunda.

Lucius, apparemment un Romain, venu de Thagaste, recrute des hommes pour une mission secrète, mais bien rémunérée. Syphax, lui, veut retrouver un bouclier magique, capable de vaincre l’armée romaine. À son sujet, un précieux testament circule chez les Numides. «Les Romains pensent que la terre appartient aux hommes. Nous, nous pensons que ce sont les hommes qui appartiennent à la terre. Nous sommes les enfants de ce pays, c'est pour cela que nous n'abandonnerons jamais, c'est pour cela que nous ne trahirons jamais», dit un jour Syphax à ses compagnons.

Parmi les recrues de Lucius, il y a Ayrad, qui voit là un moyen d’aider son père Hiempsal, accablé de dettes. Hiempsal, fils d’Ahras, est un féru de lecture et un grand admirateur du philosophe grec Démocrite. Ayrad lui aussi parle le latin, en plus de la langue du pays.

À Caesarea et dans tous le pays, la «pax romana» (paix romaine) règne, du moins en apparence. Des rumeurs parlent d’une prochaine rébellion paysanne, surtout avec l’augmentation des taxes et la confiscation des terres, pour les attribuer à des vétérans de l’armée ou à des émigrés fraîchement arrivés de Rome.

Certains personnages du roman Le bouclier de Massinissa sont originaires de différentes régions du pays, à l’instar de Hiarbas de Sitifis, Labdas de Zucchabar, Amayas d’Icosium et Amestan de Russicada. Le punique Barikbal, grand admirateur d’Hannibal, attend une occasion pour combattre Rome.

D’ailleurs, il voit en la naissance, en Orient, d’un enfant qui réalise des miracles (Jésus), un signe de la prochaine fin de l’Empire romain.

Le bouclier de Massinissa est un roman de fiction dont l’histoire se passe en Numidie (et en Maurétanie). Juba II y fait une apparition «royale». Jugurtha est cité par un personnage de l’histoire. Jules César et l’empereur Auguste aussi. Un enfant du nom de Tacfarinas fait une pittoresque apparence. Le centurion Antonius Marcius Marcianus, un des chefs de la Cohorte urbaine, chargée de faire régner l’ordre à Caesarea, convoite la belle Tullia et ne veut pas la voir épouser un «perigrinus», comme Ayrad. Le tribun Appius Assinus Polio et le procurateur Spurius Flavius Fimbria, sont, eux aussi, des personnages principaux dans le roman de Ahmed Gasmia.

Pour l’Histoire (officielle) : En l’an 25 av. J.-C., Auguste réorganise l’Afrique du Nord. Il confie une partie de cet immense territoire  à un prince d’origine indigène, dépendant de Rome pour la politique extérieure, mais presque libre en ce qui concerne la politique intérieure. Le jeune Juba a été intronisé avec le titre de Rex Mauretaniae. Son père Juba Ier combattant aux côtés de Pompée, avait été vaincu par César. Son fils, enfant à l’époque, fut emmené à Rome comme otage. Plus tard, il reçut une excellente éducation à la cour d’Auguste. Il fut marié par Auguste à Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre VII et de Marc Antoine. Juba II fit sa capitale de l’ancien comptoir commercial phénicien, Iol, et il lui donna le nom de Caesarea.

Ahmed Gasmia est journaliste et écrivain. Il vit et travaille à Alger. Il est, notamment, l’auteur du roman historique Promesse de bandit et du roman de science-fiction Les peuples du ciel (Éditions Frantz-Fanon), finaliste du prix Orange de littérature en Afrique en 2020. Son roman Complot à Alger (Casbah Éditions, 2020), mêle histoire et science-fiction.
Kader B.
Roman Le bouclier de Massinissa de Ahmed Gasmia.
Éditions Frantz Fanon. 253 pages. Prix : 1 000 DA.