Algérie

Roman. « L'histoire du scorpion qui ruisselait de sueur » : Parking à Ghaza


Roman. « L'histoire du scorpion qui ruisselait de sueur » :  Parking à Ghaza
L''uvre d'un jeune écrivainpalestinien qui réussit à s'inscriredans l'humour sans perdre de vuela tragédie de son peuple. Après le déluge de feu qui a failli précipiter Ghaza dans la mer, l'imaginaire littéraire réoccupe l'espace pour atténuer les horreurs de la guerre et réinterpréter l'histoire à l'échelle humaine. Akram Mussalam, qui fait partie de la jeune génération des écrivains palestiniens, signe avec L'histoire du scorpion qui ruisselait de sueur un roman plaisant mais qui ne perd pas de vue, à aucun moment d'ailleurs, la tragédie de son peuple. Le récit éclaté recèle ainsi un humour salvateur qui déjoue les pièges du pathos. Le narrateur, qui se présente sous la forme d'un « Je », arrive un jour au parking de Ramallah pour y réclamer un emplacement. Le gardien des lieux accède à sa demande, commence à se douter de quelque chose en voyant que le demandeur est sans voiture.Comprenant l'embarras de son interlocuteur, le narrateur l'éclaire en lui affirmant que l'emplacement demandé entre deux voitures sera dévolu à un usage très particulier : il avait l'intention d'installer une table de travail pour rédiger un roman. Cette idée farfelue agace le gardien de parking qui s'en remet à son chef. Mais ce dernier, ayant contracté le virus de la lecture en prison, encourage le narrateur à mettre en exécution son projet, en échange de lui faire lire au fur et à mesure son manuscrit. Ce qui se fera. Cependant, le narrateur semble être atteint du syndrome de Jacques le Fataliste, le héros de Diderot. Ainsi, le déroulement des événements est tout le temps parasité par des faits extérieurs à la trame définie en préambule. Comme l'histoire de l'amputation du pied de son père. Cette perte d'un membre essentiel n'est pas due aux différentes guerres et agressions israéliennes, mais à un clou piétiné qui lui a causé une gangrène.Le père s'isola de la société sans arriver à faire le deuil de cette perte. Le narrateur ne comprend pas comment son père n'arrête pas de lui demander de gratter le talon du pied perdu. Gratter dans le vide donne lieu chez le narrateur à des envolées lyriques et philosophiques qui essayent d'éclairer le mystère du syndrome du membre amputé, symbole fort de la Palestine arrachée. De temps en temps, il revient au sujet central de son entreprise littéraire. C'est-à-dire se remémorer la soirée passée auprès de cette Française sur une piste de danse et la fascination qu'exerça sur lui ce tatouage entrevu sur le corps ruisselant, qu'il tenait sensuellement entre ses mains.Le scorpion tatoué, figé sur le corps de la belle, va être désincarné par l'imagination pour lui insuffler la vie à travers une fiction littéraire. Pour faire aboutir ce projet, le narrateur nous fait cet aveu : « Subitement, je me suis aperçu que je ne savais rien sur les vrais scorpions. J'ai songé qu'il fallait que je lise pour pouvoir défendre le mien. Je suis allé dans un cybercafé pour surfer sur le net ». En attendant, d'autres histoires viennent se greffer à la trame initiale, comme celle du propriétaire du parking. Son passé de prisonnier dans les geôles israéliennes lui pèse lourdement, ce qui pose des problèmes au narrateur qui veut libérer un scorpion virtuel, mais n'arrive pas à débarrasser son nouvel ami des clôtures qu'il traîne tout le temps avec lui ou plutôt en lui. Ce roman a des allures d'un conte philosophique où se côtoie la liberté, la violence et le désir de dépassement de soi.Akram Mussalam. « L'histoire du scorpion qui ruisselait de sueur », roman, Sindbad, Paris 2010.
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