Algérie


Robot
C'est jour de fichta. Sa fichta. Beaucoup de galetta, du gazouz, des canettes de toutes marques, des serviettes en papier, des pailles, du syndicat de la direction et ses collègues. On lui fait sa fête. Après 35 années de service dans l'entreprise, on lui a gentiment signalé que c'était maintenant le temps de se retirer pour laisser place à des plus jeunes. Choukrène, félicitations, discours d'adieu, cadeaux, hommages, bousni, rebousni, puis... «tchaooo !»Une fois toutes ces émotions passées, il s'est senti tout drôle. Il se sent coupable de n'être plus obligé de se lever à heure fixe, d'avaler un café noir à la course, de partir dans la circulation dense pour se rendre toujours au même endroit, à la même heure, avec les mêmes visages, devant la même tâche à remplir.Il réalise lentement que pour gagner sa vie, il s'était laissé automatiser, laissant les autres décider pour lui des horaires, des contacts, des tâches, des congés, des pauses, même des maladies autorisées ou pas.Il se sent tout embarrassé de se retrouver avec lui-même comme patron. Prendre sa retraite, c'est peut-être ça: cesser de jouer au robot et commencer à vivre à son rythme, à sa fantaisie, à sa liberté retrouvée... ça le fait vraiment rire. Se dilater la rate, se retrouver avec une pension de misère, qui arrive quand elle peut. S'il avait économisé toutes les cotisations versées aux différentes caisses pendant 35 années, il aurait vécu aujourd'hui avec un matelas financier très à l'aise, réapprendre à respirer, à vivre en homme libre... redécouvrir l'intensité d'un café matinal siroté en regardant les bambins jouer dans la rue, au lieu d'attendre l'arrivée d'un facteur et du mandat !




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