Algérie

ROBERT MORTMIMER, UNIVERSITAIRE ET MILITANT DU PARTI DEMOCRATE AMERICAIN : «Les républicains bloquent toute décision d'Obama en faveur des Arabes»


Aux Etats-Unis, et jusqu'à aujourd'hui, Abdelaziz Bouteflika, affirme Robert Mortmimer, professeur des sciences politiques à l'Université d'Haverford, est perçu comme étant une personnalité influente dans les relations internationales.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Le Pr Mortmimer l'avait souligné hier lors d'une conférence donnée au siège du quotidien Ec-Chaâbsous l'intitulé : «Les perspectives des relations algéro-américaines». Bouteflika, ajoute-t-il, a acquis cette réputation depuis qu'il a eu à rétablir les relations diplomatiques, alors rompues, entre l'Algérie et les Etats-Unis au bout de plusieurs rounds de négociations avec son homologue de l'époque, Henri Kissinger, ministre des Affaires étrangères sous Nixon. «Son activisme pour le développement du tiers-monde, dans le cadre de l'organisation des non-alignés notamment, a beaucoup aidé au changement de l'image qu'avait le Nord sur le Sud», estime-t-il. Après un bref historique rappelant les hauts et les bas ayant ponctué les relations diplomatiques entre les deux pays depuis la guerre de Libération nationale, l'essentiel de son intervention a porté sur l'avenir de ces relations sous la lumière des révolutions arabes. Les propos de cet universitaire et pas moins militant du parti démocrate il a fait campagne pour Obama lors des toutes dernières présidentielles aux Etats-Unis et le fera encore en 2012 selon ses propres dires sonnent, néanmoins, comme des déclarations d'un politique. «Je l'avoue, j'exprime le point de vue des démocrates», a-t-il déclaré. Et c'était comme s'il faisait campagne pour Obama auprès de l'opinion publique arabe. Le Pr Mortmimer considère ainsi que si le gouvernement de son pays a eu à soutenir les régimes dictatoriaux dans la région, «c'est le discours d'Obama au Caire qui a nourri les révolutions arabes, et le gouvernement d'Obama a vite félicité les nouveaux tenants du pouvoir en Tunisie comme en Egypte». Et de préciser : «Parce qu'il savait que le gouvernement tunisien est corrompu et ne menait pas le pays dans la bonne direction comme révélé dans un mémo de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis. Et c'est parce que les militaires américains et égyptiens se connaissent bien de par des relations de coopération militaire très étroite, que le gouvernement d'Obama ne s'est pas opposé à la décision de l'armée égyptienne contraignant Moubarak, pourtant un allié, à céder le pouvoir.»
«Nous comprenons la déception des Arabes au sujet de la Palestine»
En ce qui concerne la Libye, par contre, le gouvernement américain, continue-t-il d'expliquer, a estimé que «la situation se présente plutôt comme une guerre civile et non pas un mouvement revendicatif populaire. Et c'est ce qui explique sa position un peu ambiguë n'apportant qu'une aide logistique à ses alliés de l'Otan et une aide humanitaire». Ce faisant, «le gouvernement américain, avance-t-il, a pris conscience des inquiétudes des autorités algériennes, et s'est même engagé à faire en sorte d'empêcher que les armes subtilisées après la chute de Kadhafi ne tombent dans de mauvaises mains». Dans le même ordre d'idées, le conférencier a souligné que l'Algérie est considérée par les Américains, depuis le 11 septembre 2011, comme un «partenaire important» dans la lutte antiterroriste. Et le gouvernement américain, rappelle l'orateur, a soutenu toutes les actions initiées par l'Algérie dans un cadre régional en vue de combattre Al- Qaïda et toute sorte de crime organisé dans le Sahel. «L'administration d'Obama n'a nullement l'intention de déployer des forces dans la région parce que, tout simplement, Obama n'est pas Bush. Ce dernier a envahi l'Irak parce qu'il a mal analysé la situation, car il existait bien d'alternatives pour résoudre la question. Il a induit l'opinion publique mondiale en erreur et a embarqué les Etats-Unis dans ce bourbier. Mais, si le retrait définitif des troupes américaines postées en Irak accuse des retards, c'est parce qu'il y a une résistance de la part des républicains. C'est ce qui s'est passé lors de la réforme du système américain de santé et Obama endure la même résistance au sujet de la Palestine», regrette encore le Pr Mortmimer. Et d'insister : «Nous comprenons la déception des Arabes mais, si la position des Etats-Unis apparaît comme mitigée au sujet de la Palestine ou vis-à-vis des nouveaux régimes issus des révolutions arabes, c'est parce que les républicains s'opposent à toute décision d'Obama.»
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