Algérie

Riyadh et Moscou plombent le baril



Les cours de l'or noir ont cédé plus de 2 dollars, vendredi, après que l'Arabie saoudite et la Russie ont annoncé une éventuelle hausse de la production de l'alliance Opep-non Opep.L'Opep et ses 10 alliés ouvriront-ils leurs vannes' La décision sera prise lors d'une prochaine réunion qui se tiendra fin juin à Vienne. Ce qui n'était cependant que rumeur, spéculation, s'est mû en scénario à ne pas écarter. L'annonce a été faite par les ministres de l'Energie de deux gros producteurs mondiaux, acteurs majeurs, de l'accord de la baisse de la production de 1,8 million de barils par jour des pays Opep et hors Opep décidée le 10 décembre 2016. Le ministre saoudien de l'Energie cité par les agences russes lors d'un forum économique à Saint-Pétersbourg, a jugé vendredi dernier que les pays producteurs auront «bientôt la possibilité de libérer l'offre». «Comme nous l'avons toujours dit, le retour du pétrole sur le marché doit se faire progressivement. Nous ne le ferons pas rapidement. Cela interviendra probablement au deuxième semestre de cette année», a ajouté Khaled al-Faleh. «Si nous arrivons à l'idée commune qu'il est indispensable d'assouplir le niveau (de production, ndlr), cela doit se faire à partir du troisième trimestre», a estimé de son côté le ministre russe Alexandre Novak. Le marché n'a pas tardé à réagir.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé à 76,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, chutant de 2,35 dollars par rapport à la clôture de jeudi. A New York, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance cédait 2,83 dollars pour clôturer à 67,88 dollars. La belle envolée du baril a été stoppée net.
Du coup c'est la perspective d'un baril à 100 dollars, d'ici fin 2018 pronostiquée par certains spécialistes qui s'éloigne. Le président russe Vladimir Poutine a même jugé «équilibré» un baril autour de 60 dollars. «Nous n'avons pas intérêt à une hausse des prix sans fin, 60 dollars nous convient», a déclaré Vladimir Poutine lors du Forum économique qui s'est tenu du 24 au 26 mai à Saint-Pétersbourg, soulignant qu'au-delà de ce niveau cela pourrait «créer des problèmes pour les pays consommateurs», affecter l'économie mondiale, et favoriser les concurrents de la Russie tels les producteurs de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Pour des pays comme l'Algérie qui a réussi à pratiquement résorber son déficit commercial grâce au niveau aussi exceptionnel qu'inattendu atteint par les cours de l'or noir cela signifie tout simplement qu'elle doit redoubler d'efforts pour diversifier son économie étroitement dépendante de ses exportations d'hydrocarbures. Il faut par ailleurs se rendre à l'évidence que la décision du président américain de rompre l'accord sur le nucléaire iranien, les sanctions envisagées contre la République islamique d'Iran et le Venezuela affecteront sensiblement leur production d'or noir et par ricochet l'offre mondiale. Une des raisons majeures qui a conduit Riyadh et Moscou à annoncer la probable augmentation de celle de l'Opep et de ses 10 alliés. L'Arabie saoudite qui soutient les Etats-Unis dans la crise qui l'oppose à l'Iran s'est dit prête à pallier le «défaut» de pétrole iranien, mais pas au point de se faire Hara kiri, de prendre la responsabilité d'entraîner l'Organisation des pays exportateurs et ses «alliés» dans un «suicide» collectif. L'économie saoudienne ayant subi elle-même un déficit historique de près de 100 milliards de dollars en 2015 est plus que jamais sous la surveillance du Fonds monétaire international. «L'Arabie saoudite veut garder les prix sous contrôle, mais éviter qu'ils plongent complètement», a fait remarquer Oliver Jakob, analyste chez Petromatrix, qui estime que l'Opep pourrait augmenter sa production de 500 000 barils par jour. Dans quelle fourchette se situerait le prix du baril souhaité par les saoudiens' Riyadh «veut un prix du baril proche de 70 dollars et ne veut pas qu'il monte à 90 dollars pour ne pas pénaliser les consommateurs», estime James Williams de Wtrg. Avec un contexte géopolitique explosif où sont impliqués tous les poids lourds du marché mondial, il y a fort à parier que le baril n'a pas fini de faire... des tonneaux.


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