Algérie

Risque de sédition en cas de soutien à un quatrième mandat


Risque de sédition en cas de soutien à un quatrième mandat
Il ne sera, à l'évidence, pas facile de résister aux pressions des tenants d'un quatrième mandat pour le président Bouteflika, quand on a soutenu et, souvent avec beaucoup de zèle, sa candidature aux trois précédentes élections.La tâche sera d'autant plus difficile que des pressions supplémentaires ne manqueront pas de venir de l'intérieur du Forum où quelques puissants barons de l'import-import à dominante informelle se sont solidement incrustés tout au long de ces dix dernières années.Le pouvoir ne lâchera évidemment pas prise, car l'enjeu est de taille. En effet, être soutenu par les patrons du Forum, c'est non seulement s'assurer allégeance des patrons les plus influents, mais aussi et surtout le concours financier du plus grand nombre d'entre eux pour faire face aux onéreuses dépenses de campagne électorale.Connaissant les terribles m?urs du sérail, il est tout à fait certain que très peu de patrons s'aventureront à émettre un refus frontal à ce controversé quatrième mandat et, plus largement, à l'immixtion du pouvoir dans les affaires de leur Forum, la législation en vigueur interdisant clairement à cette association à caractère économique de s'affilier à un parti politique ou d'apporter un quelconque soutien à un candidat, les membres du Forum étant libres de voter selon leur propre choix.Ils veilleront à le faire plus intelligemment, comme du reste ils ont commencé à le montrer, en torpillant par leurs absences les conclaves destinés à officialiser ce problématique soutien. C'est précisément ce qui fut fait à l'occasion de l'Assemblée générale extraordinaire du 10 février dernier où, faute de quorum (à peine 42 sur les 120 présences requises), la réunion n'a pu se tenir.Tendance wait and seeSon report à la fin de ce mois n'est, à notre avis, pas de nature à changer cette tendance au «wait and see», pour lequel l'écrasante majorité des patrons semble avoir pris option, confortés en cela par le silence troublant qu'observe le principal concerné quant l'officialisation de sa candidature. Le doute est d'autant plus grand que le clivage entre les tenants d'un quatrième mandat et ceux qui y sont franchement opposés ira en se creusant au fur et à mesure qu'on approche de l'échéance électorale qui mettra en exergue, comme cela commence à apparaître, des positions divergentes et parfois même frontales sur la question.A cela pourraient s'ajouter les points de vue divergents sur le rôle du Forum des chefs d'entreprises que d'aucuns parmi les adhérents souhaiteraient recentrer sur ses prérogatives statutaires ou, carrément, transformer en syndicat patronal revendicatif d'envergure nationale, à l'image du Medef français.C'est, à titre d'exemple, l'avis de l'industriel Larbi Ouahmed, patron de la société parapharmaceutique Dékorex, qui affirme, on ne peut plus clairement, que «ce que les chefs d'entreprises algériens et, plus largement l'économie algérienne, ont surtout besoin d'un syndicat patronal revendicatif d'envergure nationale ayant pour mission centrale de protéger et de dynamiser ce puissant vecteur de la croissance économique qu'est la petite et moyenne entreprise (PME) qui constitue par le nombre et les performances productives l'épine dorsale de l'industrie algérienne.»«Ce syndicat, tient-il à ajouter, veillera à être présent dans chacune des wilayas du pays, son rôle étant de veiller au développement des PME en conformité aux spécificités économiques et sociales de chaque région.»Interrogé sur la probabilité d'un appel à candidature ou, carrément, d'un soutien au quatrième mandat au cas où Bouteflika officialiserait sa candidature d'ici l'échéance de la prochaine Agex du Forum, un de ses membres nous a affirmé sous le couvert de l'anonymat «être gêné par la tournure que risque de prendre cet éventuel soutien, notamment s'il venait à être imposé par la direction du Forum qui, pour ce faire, peut légalement instrumenter une disposition du statut de l'association qui l'autorise à prendre, après deux Assemblées générales infructueuses, une telle décision.» La cohésion du Forum s'en trouvera dans ce cas fortement compromise, tient-il à ajouter, non sans inquiétude.


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