Algérie

Rien ne va plus pour le projet de la mosquée de Marseille



« La mosquée de Marseille au bord de l'implosion», «La grande mosquée de Marseille dans la tourmente», «L'imam Ghoul, nouvel homme fort du projet, est contesté. L'inquiétude grandit à Marseille», ce sont là quelques titres de la presse française d'hier et d'avant-hier. La gestion de la future grande mosquée de Marseille semble diviser la communauté musulmane de France. Entre partisans de l'imam Ghoul et ceux de Nourreddine Cheikh, président de l'association «La mosquée de Marseille», une guerre de tranchées, par déclarations et communiqués interposés, est désormais ouverte. L'association des familles musulmanes des Bouches-du-Rhône, qui déclare avoir choisi, jusqu'aux élections de samedi dernier, de garder une certaine réserve dans ce dossier, est sortie de sa réserve.

Dans un communiqué rendu public hier, la présidente de l'association Nassera Benmarnia emploie des mots très durs «Au terme d'un scénario digne d'une série B, le président a été victime d'un putsch interne et renversé sans qu'on connaisse les motivations des conjurés, ni surtout quels sont leurs objectifs ou leur programme (…) Les responsables nous ont précipités dans l'impasse (...) prenant le risque de retarder de plusieurs années, voire de tuer dans l'Å“uf le beau projet». Mme Benmarnia, qui qualifie l'issue de l'AG élective de «fiasco», estime que les dégâts sont considérables . «Une élue locale a non seulement précipité la crise en refusant de reconnaître l'évidente incompatibilité entre son mandat républicain et son implication dans une organisation à vocation cultuelle. Pour comble du ridicule, une motion a été adoptée, qui permet aux actuels membres de l'association Grande Mosquée de Marseille de prétendre à des fonctions électives, tout en l'interdisant à leurs éventuels successeurs. Summum du désastre, certains protagonistes du conflit n'ont pas hésité à jouer ouvertement de leur proximité» réelle ou supposée avec des Etats étrangers afin d'imposer leur contrôle sur un projet censé symboliser l'islam de France, lit-on dans ce communiqué. Plus loin, la présidente de l'association des familles musulmanes accuse ouvertement le conseil régional du culte musulman «qui, loin de prendre la hauteur nécessaire, a choisi d'appuyer et de cautionner un des clans en présence, perdant ainsi le peu de crédit qu'il conservait encore auprès de la communauté musulmane».

Pour la rédactrice du document, un tel «fiasco» a des causes profondes qu‘elle résume entre autres, dans le processus de désignation «peu clair» des responsables de l'association basé sur la «cooptation, les proximités partisanes et l'inféodation aux Etats étrangers». La présidente a lancé un appel à la mobilisation de l'ensemble des musulmans de Marseille «pour manifester leur indignation devant le spectacle déplorable donné par l'association de la Grande Mosquée de Marseille AGMM». Elle conseille en outre aux membres actuels de l'association de démissionner collectivement afin, dit-elle, «de ne pas cautionner les manÅ“uvres actuelles et de préparer les conditions d'une sortie de crise». Un appel a été aussi lancé aux responsables politiques de la région à ne pas utiliser le projet de la Grande Mosquée comme prétexte à leurs rivalités partisanes, et aux élus de territoire à faire prévaloir l'intérêt général sur leurs carrières personnelles. «En réalité, tout le mal vient du fait que tous les responsables concernés, à quelque titre que ce soit, ont oublié», ou fait oublier une évidence: «la Grande Mosquée de Marseille, c'est d'abord l'affaire des musulmans de Marseille», conclut Mme Benmarnia.

 Dans un article paru hier sur La Provence-presse, les résultats de l'AG élective ont été qualifiés de cataclysme. Selon le même journal, l'assemblée générale de l'association «La mosquée de Marseille» a fait vaciller la communauté musulmane. «On pensait pourtant que les dés étaient jetés, que Nourreddine Cheikh, président, allait bâtir la Grande Mosquée avec la bénédiction de la Ville de Marseille qui le soutenait dans l'ombre. Et il y a eu le séisme, le vote de samedi au cours duquel l'imam Ghoul a fait basculer le président Cheikh». Selon le rédacteur de l'article, il y aurait eu, côté Ghoul, une campagne que les autres n'auraient pas su faire. L'imam, soutenu par la conseillère régionale (apparentée PS) Fatima Orsatelli, également engagée dans le projet, aurait réussi à persuader les membres de l'association que la gestion Cheikh n'était guère transparente. Peu à peu, alors le vent a tourné et les membres se sont rangés de son côté. Un autre argument aurait pesé. L'Algérie qui était, dit-on, disposée à mettre autour de 5 millions d'euros sur la table (mais qui pourrait se retirer aujourd'hui), faisait, paraît-il, de l'ombre aux autres pays. On a alors dit que l'imam Ghoul et son équipe avaient des affinités avec le Maroc. Rivalité entre les deux pays «mais cette rivalité ne tient pas», rétorque Ghoul. «N'oubliez pas que je suis Algérien». Mohamed Dahmani, secrétaire général de la mosquée de La Capelette, cité par le journal, se dit «surpris, déçu et inquiet. L'association perd en crédibilité vis-à-vis des donateurs …». Enfin l'adjointe UMP au maire, Nora Preziosi, a estimé que c'est Nourreddine Cheikh qui a commencé, c'est lui qui doit continuer.




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