Une administration de service public à deux vitesses.C'est le cas
d'Algérie Poste qui, entre les slogans sur les affiches promettant des
prestations de services de qualité et le traitement réservé à sa «clientèle» au
niveau des différents bureaux de poste, ne semble pas rouler à la même vitesse.
Passer 5 heures devant un seul
guichet pour se faire payer et attendre toute une matinée pour pouvoir envoyer
un simple mandat est chose insensée pour le citoyen, qui est appelé malgré lui
à passer cette rude épreuve chaque fin de mois ou chaque fois que la situation
l'oblige. A la sortie d'un bureau de poste, on ressort toujours avec des
séquelles : visage rouge ou pâle, hypertension, grimace de colère, épuisement,
tremblements et la gorge nouée. Des symptômes qui ne sont pas nouveaux et
rappellent beaucoup ceux déjà ressentis lors d'un passage à l'état civil. Une
situation qui devient de plus en plus confuse pour les citoyens ignorant tout
sur le système de fonctionnement d'une poste et les raisons de comportements
indécents de certains agents.
A qui incombe ce
dysfonctionnement dans une administration de service public ? Au système de
gestion, à l'incompétence et la défaillance du personnel ou au manque de
civisme des citoyens ?
L'administration de la poste se défend toujours de déployer tous les
efforts dans le seul but de veiller au bien-être des clients en limitant la
durée d'attente à quelques minutes seulement. Le personnel de la poste,
notamment les agents des guichets qui sont en contact direct avec les citoyens,
se plaignent souvent d'une surcharge de travail et de manque de moyens humains
pour satisfaire toutes les demandes de paiement, de retrait ou d'envoi de
mandats. Résultat, lorsque citoyens et agents sont face à face, les insultes
remplacent souvent les mots de politesse et les prestations de services
deviennent une corvée que l'agent considère ne pas relever de son travail et
qu'il fait juste pour faire plaisir, alors qu'il est employé de la poste.
Le citoyen, de son côté, subit
les conséquences d'un système mal en point. De plus en plus de citoyens se
présentent au journal pour dénoncer le mauvais traitement au niveau des bureaux
de poste et la lenteur dans le paiement ou l'envoi des pensions. A la Grande
Poste, aux bureaux de St Eugène, St Charles, Boulanger, Bir El-Djir..., c'est
le ras-le-bol généralisé. Dimanche, un groupe de femmes, des enseignantes et
des retraitées, ont dû attendre toute la matinée et l'après-midi pour se faire
payer, avec, en guise de remerciement, disent-elles, les insultes de l'agent du
guichet.
«Je me suis pointée à 8 h du
matin au bureau de poste de St Eugène. Sans explication aucune de la part des
responsables, nous avons attendu jusqu'à l'après-midi pour être payées. Durant
ce temps, l'agent ne cessait de téléphoner à X et à Y pour leur communiquer
leurs avoirs. Entre une communication et une autre, il quittait son poste et
laissait la foule s'amasser devant le guichet, poirotant pendant des heures.
Quant nous avons réclamé, les autres femmes et moi, et que nous nous sommes
plaints de cette attente sans raison, nous avons eu droit à des humiliations et
des insultes de la part de l'agent», a lancé avec amertume une retraitée juste
sortie du bureau de poste avec les autres, qui avaient insisté pour que la
presse soit présente pour constater de visu ce qui se passe sur les lieux où
une foule attendait encore à 15 h d'être payée.
A la Grande Poste, la situation
n'est pas meilleure. Elle s'est compliquée davantage, estiment certains
citoyens, avec le nouveau système des tickets qui a été mis en place. Même si
on se pointe à 8 h du matin devant le guichet, on n'est pas sûr d'éviter la
longue attente et d'être servi parmi les premiers. C'est le cas de cet employé
d'une entreprise qui s'est présenté à 8 h du matin pour envoyer des mandats et
qui a dû rester cloué toute la matinée sur les lieux avant que son tour ne
vienne. Ayant en sa possession une grande somme d'argent, il ne pouvait pas
sortir et revenir plus tard, de peur d'être agressé de bon matin.
Idem dans d'autres bureaux de
poste. Les disputes sont quotidiennes avec l'indifférence des guichetiers et
des responsables, lancent des citoyens qui nous ont raconté avec amertume la
mauvaise qualité des prestations de services et, parfois, l'exiguïté des lieux.
Ne pouvant supporter les longues chaînes devant le guichet des retraits, les
retraités et les personnes âgées apportent bancs et chaises pliantes pour
attendre leur tour.
Au bureau de poste de Bir El-Djir
(Cmdt Guerrab Mohamed), la situation a dérapé lors d'une dispute entre un
citoyen venu pour envoyer un mandat et un agent de la poste. Agression verbale
et physique et insultes en public par un chef de service, c'est ce qu'a vécu ce
citoyen lorsqu'il a demandé une explication sur la lenteur. Selon le concerné,
«après une demi-heure d'attente, je me suis permis de réclamer une prise en
charge ou au moins une explication à deux agents qui m'ont répondu,
nonchalamment, que le réseau était en panne et qu'il ne pouvait pas s'occuper
des missions de leur collègue pour la vente des timbres ou l'émission de
mandats». Quant au chef de service, souligne le même interlocuteur, «il ne
daigna même pas répondre aux clients ni s'intéresser à notre attente. Une heure
après et après de vaines tentatives d'obtenir au moins la politesse d'une
explication ou un délai, une altercation éclata entre lui et moi, suivie
d'insultes sur mes parents et des propos indécents ». Plus méprisant encore, le
chef de service lança à ce citoyen : «Ce n'est pas vous qui me payez mais
l'Etat. Vous pouvez aller vous plaindre là où vous voulez», en montrant le
registre de doléances du doigt. Suite à cette dispute, le citoyen a déposé
plainte auprès de la direction de wilaya contre les agissements de cet employé
de la poste. Il compte déposer une autre plainte auprès de la justice pour
agression verbale et physique.
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Posté Le : 10/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com