Algérie

Rien ne se jette, tout se répare


Rien ne se jette, tout se répare
Qui de nous n'a pas une cafetière, une casserole dont la poignée est cassée, un batteur électrique tombé en panne et d'autres objets qui finiront à la poubelle alors qu'ils sont récupérables. Par amour ou par nécessité, les bricoleurs reviennent en force ces dernières années pour offrir leurs services. Ils sont jeunes chômeurs et retraités, maîtrisant quelques notions de l'électronique, à embrasser du jour au lendemain le monde du bricolage pour en faire un métier.Certains louent des locaux de fortune pour pouvoir emmagasiner les objets à réparer, d'autres ciblent les marchés et les places publiques pour récupérer les objets endommagés. Fers à repasser, robots de cuisine, casseroles, batteurs, mixeurs, marmites, cafetières et autres matériels électroménagers comme les fours électriques sont parfois étalés à même le sol pour qu'ils soient réparés par de petites mains expertes, débrouillardes. Ces réparateurs arrivent même à trouver des solutions pour des appareils dont la pièce de rechange est rare. Ils font aussi de la récupération. Rien ne se jette, tout se répare. Chez Ammi Rabah, un bricoleur ayant une toute petite boutique à Boufarik, des centaines d'objets de cuisine et autres sont entassés pêle-mêle.Certains attendent depuis longtemps d'être récupérés par leurs propriétaires, d'autres serviront plutôt à en extraire des pièces de rechange pour remplacer les défectueuses sur d'autres ustensiles. Même si les objets semblent ne pas être arrangés comme il se doit, Ammi Rabah se retrouve dans ce... désordre. Il a le coup d'?il et repère vite son article. Il se rappelle du moindre objet et du moindre détail des consignes des clients. Sur un ruban adhésif, il inscrit le nom des propriétaires, mais pas le prix. Car Ammi Rabah ne parle du prix qu'une fois l'objet réparé. « 300 DA, j'étais obligé d'ôter la pièce d'un mixeur en marche pour réparer le vôtre. Donc, il ne faut pas me demander une réduction », réplique le vieux réparateur à un client. Devant sa petite boutique, une dizaine de personnes attendent patiemment leur tour pour déposer ou récupérer leur objet, car le bricoleur est en train de négocier la vente d'une vieille poêle avec une dame. « Je vous la cède à 800 DA. Ailleurs, c'est une poêle qui coûte 1.500 DA », argumente le bricoleur qui finira par céder l'objet à 500 DA.Et même s'il n'encaisse que 400 DA, le reste sera pour après, puisque la dame est venue lui proposer aussi un vieux robot de cuisine dépourvu de ses accessoires. Peut-être que la différence sera rétablie avec cette vente... Des fourneaux à trépied connus sous le nom de tabounate sont aussi réparés et remis à neuf après un coup de peinture. « Ces fourneaux sont très utilisés en cette période de Ramadhan pour la préparation du pain traditionnel et par les fabricants de zlabia aussi qui exigent que le matériel soit rapidement réparé pour les besoins du commerce », explique le vieux Rabah totalement débordé par les commandes qui y affluent. « J'ai été obligé d'engager un jeune nouvellement marié qui était en chômage pendant longtemps. Il est là, il m'aide, je lui apprends le métier et surtout les astuces. Car dans le bricolage et la réparation des objets électriques, il faut avoir une certaine expérience et des idées pour s'en sortir », explique Rabah. A Boufarik, ces petits métiers qu'on croit disparus, comme les cordonniers et les couturiers, reviennent en force. « La faim » justifie les moyens... ! »
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