Algérie

Rideau de fer



Rideau de fer
Le pouvoir, plus que l'opposition, est en train de démontrer l'urgence d'une transition démocratique pour donner au pays une chance de sortir de l'impasse actuelle. Ce sont les autorités elles-mêmes, à travers les atteintes aux libertés et une gouvernance inopérante, qui apportent, quasiment chaque jour, la preuve de la gravité de la crise multidimensionnelle dans laquelle a été précipitée la collectivité nationale. Le système en place affiche son incurie et son autoritarisme en narguant la société civile, la classe politique et, pour finir, les instances internationales qui vont bientôt se lasser de nous placer au bas des classements mondiaux. Au moment où l'on s'attendait, au pire, à une crise économique aiguë, c'est un climat de violence institutionnalisée qui s'abat sur la scène nationale, rappelant aux anciennes générations la période du parti unique et l'hégémonie du système policier.Dans ce contexte de chape de plomb qui s'abat sur le pays et le rideau de fer politique qui veut suspendre la vie nationale, les déclarations sur le dossier économique émanant de l'Exécutif prennent une étrange résonnance. Dans les situations de crise mettant en péril leur survie économique, les nations ont toujours eu recours au large consensus et l'«union sacrée » où s'inscrivent toutes les forces politiques. Dans notre pays, où le tarissement de la rente pétrolière fait planer de nouveau la menace d'une cessation de paiement, la machine de destruction politique n'a pas été mise au placard. Elle redouble de férocité.C'est l'un des derniers exemples au monde où un prétendu challenge économique est lancé concomitamment avec une offensive d'une rare violence contre les forces politiques et les médias indépendants. Annoncer qu'il « n'y aura plus d'augmentation des salaires », comme l'a fait le Premier ministre, jeudi dernier à Tiaret, est déjà une très mauvaise nouvelle pour une grande partie de la population, notamment celle survivant avec le filet social. Mais en suggérant : « Vous n'aurez plus droit à la parole », comme le font des autorités moins visibles, c'est la stabilité tant vantée par le pouvoir en place qui est mise sur la corde raide. Le système politique n'a pas uniquement « réussi » l'échec économique, il a ?uvré à déstructurer la classe politique, incapable d'adapter ses actions face au chaos national et de mettre sur pied une alternative viable. Les forces politiques qui créent ces derniers temps l'illusion de l'opposition au sein de l'Assemblée nationale ne portent pas l'essentiel des luttes démocratiques qui ont marqué le pays depuis des décennies. A la CNCD créée en 2011en faveur du changement, succédait la CNLTD, il y a deux ans, pour réclamer une transition démocratique. Ces derniers jours, c'est l'Alliance verte, composée de partis islamistes, qui s'illustre à l'APN pour dénoncer le coup de force législatif engagé par le gouvernement. Dans ce face-à-face, entre un pouvoir qui ne dévie pas de sa ligne autoritaire et une classe politique qui oscille entre mutations et noyautages, il y a un grand absent, le citoyen, celui-là même qui, à son échelle et selon la conjonction des circonstances, peut faire changer le cours de l'histoire.


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