Algérie

Rice chez les tribus



Qu'est-ce qu'un pays  arabe aujourd'hui ? Un endroit où on a un peude pétrole, un Président ou un Roi qui ne veut pas partir, un terroriste obscurqui s'excite quand il fait exploser une bombe ou se connecte à Internet et unpeuple qui pratique les ablutions en contrepoids au Nasdaq, s'ennuie, mange malet aime les explications par la paranoïa. On a ainsi accusé des pays du Golfd'être des tribus achalandées d'un drapeau, sans s'apercevoir que le reste desautres pays du croissant ne sont que des puits avec des armées et beaucoup desable. C'est pourquoi, dans la cartographie des A.E des Américains, on ne parlepas de l'Algérie, du Maroc, de la Libye, à part, mais d'une sorte de région dite MENA, MidealEast et north Africa. Les Maghrébins, bien après l'échec de la France coloniale, restentces fameux nord-d'Af, dont les nationalismes spécifiques et les susceptibilitésterritoriales ne sont que des différences dans les couleurs des plumes quicoiffent les têtes du Rif, des Aurès ou de Benghazi. Et ce n'est que justice : l'Empiren'a pas de temps à perdre en traitant des quartiers et quelques oasis comme ontraite la Bavièrede l'Allemagne. Les protocoles sont stricts et il ne faut jamais oublier cettesomptueuse lettre de remerciement de Ronald Rumesfeld, le patron de la guerreUS à L'Irak, après sa visite en Algérie et qui s'adressait au « Peuple d'Alger» !. Aujourd'hui donc, c'est la patronne US des AE qui débarque dans ce morceausecondaire du MENA et la paranoïa locale ne se fait pas attendre : l'endroitoffre tout ce qu'il faut pour une bonne animation : des régimes nécessaires «mais vraiment impotents », du pétrole, des terroristes, un coup d'Etat et dudésert ou tout le monde peut se cacher. Le plus amusant est que la réactionlocale n'échappe jamais dans ces cas là à la caricature : d'abord celle desEtats locaux qui parlent chacun comme si l'Amérique devait crever de faim ou sejeter d'une falaise si elle rompait ses relations avec eux, et qui mettent enavant les chiffres des coopérations et les formules de la bonne entente et dela coopération. Puis le ridicule des peuples qui réagissent comme si Rice ouses pairs viennent nous voler « notre Islam qui nous a été donné par Dieu ànous seuls », nous prendre notre pétrole ou nous placer une base militaire sousl'oreiller, entre deux faux chameaux. Et c'est toujours le même spectacled'indiens agités par les alcools cérébraux et qui se divisent en deux tribus : deschefs rusés et obséquieux, cherchant la bonne image, vantant leurs «territoires » comme des embarcadères et des comptoirs d'épices, jouant sur lesrisques « régionaux » pour obtenir le plus de fusils et de poudre noire; et despeuples idiots, toujours anti-impérialistes longtemps après la guerre froide, croyantqu'on peut se libérer de l'Empire en lui tournant le dos ou en lui jetant despierres, et malmenés par le paradoxe fondamental de tout Barbare face àl'Empire de son époque : la haine et le rêve d'y vivre au moins une journée quidurerait mille ans. Aujourd'hui donc Rice est chez nous, en Afrique du nord et,comme à chaque visite du genre, on va avoir droit aux mêmes théories, mêmesanalyses et mêmes attentes et sentiments, le tout bâti sur des illusions : oncroit avoir des pays alors que, face à l'Empire, nous n'avons que desétiquettes.




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